13 févr. 2015

Bruno Teboul : « le futur de l’industrie agroalimentaire se fera avec la Data, ou ne se fera pas »

FoodTech Data Légumes

Personne n’imagine le futur de l’industrie agroalimentaire sans le web et les objets connectés. Mais passer de l’industrie d’aujourd’hui et de la relation traditionnelle producteur-distributeur-consommateurs, à un système connecté prenant en compte la production massive de données qui accompagne cette révolution technologique, c’est un sacré défi. Pour Bruno Teboul, c’est une certitude: l’avenir de l’industrie agroalimentaire se fera avec la « data »… ou ne se fera pas. Diplômé en philosophie (Master), en sciences cognitives (DEA de l’X) mais également d’un Executive MBA (HEC), féru de marketing et témoin de l’apparition du e-commerce à la fin des années 1990 lors de ces premières années de carrière, aux Etats-Unis et à Londres, sa vision de l’avenir de l’industrie agroalimentaire concilie sa connaissance du terrain et des opportunités techniques et sociétales. En amont du Forum Vitagora et de sa conférence du 14 avril, j’ai eu le plaisir d’échanger avec lui autour de cette question. Alors, comment réussir sa mutation digitale, lorsque l’on est une industrie de l’agroalimentaire ? Et comment utiliser le Big Data ? Deux aspects clés : analyse prédictive, et e-nutrition.

Exploiter les données non-structurées pour prédire comportements et tendances

Pour Bruno Teboul, nous sommes actuellement rentrés dans une société data-centrique, c’est-à-dire où l’information, via la donnée numérique, revêt toute son importance. Ces données deviennent ce qu’il appelle volontiers « un véritable coffre-fort », trésor utile à la performance de l’entreprise, ou même exploitables dans une relation commerciale. Recueillies grâce à la révolution internet, la prolifération des objets connectés, et le déploiement omnicanal des points de vente, et analysées par le neuromarketing (Bruno Teboul termine d’ailleurs actuellement une thèse de doctorat sur le sujet – voir ici), discipline qui permet de prendre en compte les consommateurs dans toute leur complexité de comportements non-linéaires et non-rationnels, elles forment ce que l’on appelle le Big Data [voir également notre article sur le Big Data ici].

Mais en quoi le Big Data, concept pas toujours facile à appréhender lorsque l’on n’est pas spécialiste en données (j’avoue, je me sens concerné), peut-il devenir utile aux industriels de l’agroalimentaire ? Pour Bruno Teboul, le Big Data est à l’origine d’opportunités multiples et concrètes, pour les entreprises :

  • Ecouter et mieux comprendre ses cibles grâce à une analyse sémantique sur les réseaux sociaux des échanges qui se créent autour d’une marque, d’une entreprise, ou de ses concurrents
  • Pour pouvoir ajuster ses gammes de produits, les faire évoluer, ou leur associer des services nouveaux, selon les tendances repérées, ou les critiques ou souhaits émis
  • Ou pour anticiper les comportements de ces mêmes cibles, et mettre en place une véritable analyse prédictive des parcours-consommateurs


Malheureusement, à ce jour, environ 80% des entreprises n’utilisent pas les données extérieures à l’entreprise (réseaux sociaux, etc.). Pour Bruno Teboul, cela ne fait aucun doute : s’y intéresser est essentiel, car elles viennent enrichir l’information et la connaissance de l’entreprise de ses consommateurs. En tant que directeur scientifique R&D innovation au sein de Keyrus, il a d’ailleurs mené plusieurs projets d’analyse prédictive pour des grandes marques de produits de consommation courante, qu’il viendra d’ailleurs présenter à l’occasion de sa conférence au Forum Vitagora le 14 avril prochain. Des projets largement bénéfiques aux entreprises, ceux-ci pouvant aller jusqu’à 70% de capacité à prédire ce que le consommateur a finalement bel et bien acheté.

La e-santé : question centrale pour l’avenir des industries agroalimentaires

Du côté spécifique de l’agroalimentaire, Bruno Teboul envisage l’avenir du Big Data sous un angle « e-santé » et « e-nutrition ». « Déjà en 1996, à l’aube de ma carrière, je me posais la question de la relation entre les produits, leur qualité nutritionnelle, et l’appétence qu’ils représentent sur les marchés. » Au cœur de cette question, celle de la transparence, les consommateurs du 21e siècle ayant accès à un déluge d’informations et étant de plus en plus soucieux de la protection de leur capital santé. « La révolution digitale devra permettre de prendre en considération les données des consommateurs, avec leur accord, pour que les industriels de l’alimentation puissent proposer une offre de produits et de services du ‘bien-consommer’, en phases avec des exigences nutritionnelles et santé précises et complexes, » m’explique Bruno Teboul. Il suggère donc que les entreprises agroalimentaires rapprochent la tendance du « bien-manger » aux opportunités technologiques des objets connectés, mais également aux avancées scientifiques, en métagénomique par exemple, pour mettre en place une offre de produits et un programme de distribution innovant. Une démarche d’innovation nécessairement ouverte et croisée pour qu’elle soit féconde (mêlant la médecine, les sciences des données, la nutrition, le marketing, etc.), et pour laquelle il ne manque pas de mentionner le bon exemple de Seb et du projet Open Food System.

La distribution à l’ère du Big Data – une conférence à ne pas manquer

Comment le digital impacte la distribution agroalimentaire et nutrition-santé d’aujourd’hui ? Considérer les consommateurs dans leur complexité, tenir compte de leur recherche d’information transparente, faire face à l’instantanéité des messages et à une expérience multi (voir omni) canale, etc. Dans cette société numérique, Bruno Teboul parle volontiers de l’internet « des sujets » qui se profile à nous, après l’internet « des objets » d’aujourd’hui, et où les consommateurs retrouvent leur centralité. Une thématique sur laquelle il interviendra, exemples concrets à l’appui, le 14 avril prochain à l’occasion du Forum Vitagora. En savoir plus sur le Forum Vitagora.

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