Les légumineuses : des opportunités de marché agroalimentaire à saisir pour répondre à la hausse de la demande consommateurs

Les légumineuses : consommées à travers le monde à hauteur de 6,8 kg par personne en 2011, elles sont pour autant boudées par les Européens. Alors qu’un Brésilien en consomme près de 17 kg par personne et par an, les Français n’en consomment même pas 2kg/pers/an (Source : http://www.helgilibrary.com/) ! Pourtant, la tendance du « retour aux racines » révélée lors de notre étude prospective laisse entrevoir une incidence positive sur leur consommation dans les années à venir… pour des opportunités de développement de produits et de débouchés marchés à capter ! Lors de notre dernière mission au Canada, où la population consomme 11,4 kg de légumineuses par personne et par an (Source : http://www.helgilibrary.com/), j’ai d’ailleurs découvert des produits très originaux qui permettent de répondre à cette tendance naissante. Alors, préparez-vous à l’année internationale des légumineuses, 2016 ayant été déclarée telle par L’Organisation des Nations Unies (ONU).

Des bénéfices nutritionnels et environnementaux

Alors que la consommation de haricots en France a baissé de 80% en 50 ans (passant de 5 kg par personne et par an en 1960 à 1kg en 2010) (Source : http://www.helgilibrary.com/), on estime que la demande mondiale en légumineuses augmentera de 23% d’ici 2030 (Source : www.producer.com). De plus en plus d’agronomes n’hésitent pas à prôner pour leurs multiples intérêts, nutritionnels et environnementaux. En effet, les légumineuses possèdent un taux de protéines élevé (17 à 25%, et même jusqu’à 36% à 44% pour le soja ou le lupin), et constituent donc une ressource protéique alternative pour l’alimentation humaine ou l’alimentation animale. En plus de cela, elles présentent également l’intérêt de fixer l’azote de l’air. Leur culture ne demande donc pas d’utiliser des engrais azotés – une alternative prometteuse dans la rotation des cultures, où le rendement des cultures de colza, blé, orge atteint souvent son plafond en raison de la fatigue des sols.

Des opportunités de développement de produits

Saviez-vous que 20% des Canadiens déclarent acheter plus de trois fois par an des légumineuses, et 60% d’entre eux déclarent savoir les préparer (étude IPSO- AG-West Bio, 2015) ? Le Canada est d’ailleurs l’un des principaux producteurs et exportateurs de légumineuses au monde, la superficie et la production de celles-ci y étant en hausse depuis les années 80 (Source : StatCan).

Lors de notre mission au Canada, dans la province du Saskatchewan (plus grande superficie en légumineuses au pays, avec 1,7 million d’hectares, soit 79,3 % de la superficie totale consacrée aux légumineuses au Canada !), j’ai découvert des produits créatifs et malins à base de légumineuses, comme les snacks à base de pois-chiches grillés, commercialisés par la société Three Farmers. Avec leur teneur élevée en protéines et en fibres, en oligo-éléments (le fer, le phosphore, le cuivre et le zinc), sans gluten, sans noix, et présentant moins de graisses saturées que les produits de snacking traditionnels, ces produits répondent à la tendance « grignotage sain » tout en valorisant les légumineuses.

Du côté américain, c’est le houmous qui séduit de plus en plus de consommateurs : entre 2011 et 2013, les Etats-Unis ont constaté une hausse de 25% de la demande pour ce produit à base de pois chiches (Source : AGC Canada).

En France, deux jeunes ingénieurs diplômés de l’ISARA ont lancé leur start-up « Ici & Là » après avoir été récompensé au concours Agropole 2014. Leur idée : développer une offre de produits à base de légumineuses, rapides à préparer, et faciles à intégrer dans nos habitudes alimentaires. Steak de lentilles vertes, boulettes de haricots blancs, nuggets de pois chiches … : des produits qui trouveront preneurs chez les végétariens (voire même les végétaliens), mais également les consommateurs cherchant simplement à diversifier leur apport en protéines.

Du besoin de structurer la filière : 4  projets de recherche et d’innovation

Malgré leurs multiples atouts et un marché en croissance, les légumineuses ne représentent que 12% de la surface agricole française (soit 3,5 millions d'hectares)… et moins de 2% en Europe ! Un véritable effondrement lorsque l’on compare à la fin des années 50, où celle-ci atteignait  6,8 millions d'hectares (soit plus de 18% de la surface agricole) (pour 1958) (Source : Inra). Pour pallier ces difficultés, stabiliser les rendements, structurer la filière et s’assurer de débouchés marchés en phase avec les attentes des consommateurs, Vitagora travaille à 4 projets dédiés aux légumineuses :

• Le projet « Legitimes ». Objectif : développer l’intégration des légumineuses dans les territoires par l’amélioration du partage des connaissances entre scientifiques et producteurs, identification, et même création, de nouveaux débouchés produits pour l’alimentation humaine.

• Leg’Up, dont l’objectif est de développer la valorisation des légumineuses, en structurant une nouvelle filière, et ceci dans une démarche d’alimentation durable et de préservation des ressources en protéines.
• PeaMust, qui vise à stabiliser les rendements du pois fourrager – un des freins à sa culture. Ainsi, ce projet espère une augmentation du rendement de 5-7 q/ha, ainsi qu’une augmentation de la surface de culture du pois fourragé de 2% à 10% des terres agricoles en Europe.
• Legato, un projet dont l’objectif est de réintroduire durablement les légumineuses dans l’agriculture européenne, principalement en augmentant et stabilisant leurs rendements (intérêt économique pour l’agriculteur) tout en optimisant leurs qualités nutritionnelles et organoleptiques dans les produits transformés.