12 déc. 2016

PME agroalimentaire : 5 conseils pour optimiser vos relations avec la recherche publique

Recherche agroalimentaire

S’associer à la recherche : une démarche dont les PME agroalimentaires sont convaincues des bénéfices pour aller plus loin dans leur capacité à innover et servir leur croissance  (lire notre article ici). Pour autant, il n’est pas toujours faciles pour leurs dirigeants ou leurs équipes opérationnelles de mettre en œuvre cette collaboration. Car sur de nombreux aspects, une PME (ou start-up) ne fonctionne pas comme un laboratoire de recherche publique. Objectifs, rythme de travail, organisation administrative et hiérarchique, culture d’entreprise, etc. sont autant de points qui les distinguent. Mais pas question de renoncer à cette collaboration, qui est même essentielle pour innover dans l’agroalimentaire. PME, quels conseils mettre en œuvre pour optimiser  vos relations avec la recherche publique ? Voici le retour d’expérience de trois PME membres de Vitagora : Emulsar, Salaisons Sabatier, et Entoma (start-up derrière la marque d'insectes Jimini's).

Conseil #1 : accepter que vos objectifs ne sont pas les leurs (et que les leurs ne sont pas les vôtres)

L’une pense « efficacité », « retour sur investissement », et « applications ». L’autre pense « publications », « connaissances » et « rigueur du détail ». Si vous commencez à vous demander lequel des deux a raison, vous foncez droit dans le mur... Dans une collaboration PME / recherche publique, le premier conseil à (absolument) mettre en œuvre est le suivant : accepter que les objectifs de chacun ne sont pas les mêmes.

« Emulsar collabore depuis plusieurs années désormais avec des laboratoires de recherche publique. Récemment, notre PME s’est associée à l’UMR Genial de l’INRA / AgroPariTech dans le cadre du projet collaboratif SLIM. Dans ce contexte, je sais pertinemment que nous partageons certains objectifs communs… mais que les objectifs immédiats pour l’un et l’autre sont très distincts », observe Christophe Arnaud, directeur scientifique et technologique d’Emulsar. « De notre côté, nous avons une obligation de retour sur investissement : nous ne mettrons pas en œuvre certains essais s’ils ne visent pas clairement des résultats directement applicables. En revanche, pour l’UMR, ce qui comptera, c’est avancer en connaissance. Des résultats, même s’ils ne vont pas dans le sens attendu industriellement, seront des résultats intéressants sous l’angle académique. »

Une expérience que partage Corinne Bigot, chargée de R&D aux Salaisons Sabatier. « A titre personnel, je connais bien le monde de la recherche », me confie-t-elle. « En cela, je perçois très bien que les attentes des uns et des autres ne sont pas les mêmes. Un laboratoire va rechercher la publication : c’est sa notoriété (et ses financements !) qui en dépend. Ces objectifs divergents, il faut les respecter et les prendre en compte. C’est vraiment la base d’une bonne collaboration. »

Conseil #2 : anticiper les rythmes de travail

De la PME au laboratoire de recherche publique, c’est le grand écart en termes de rythme de travail. « Le rythme de travail est fortement lié à la recherche des objectifs. Une PME a besoin d’avancer vite, parce qu’il lui faut rapidement mettre en œuvre une solution. Le laboratoire de recherche, qui recherche la rigueur du détail scientifique, prendra le temps de réaliser des études et des essais très poussés », explique Corinne Bigot.

D’une première expérience, elle a tiré un enseignement qui lui est aujourd’hui utile : « le projet EMAC a été très long à aboutir. Pour EAT, le projet qui lui fait suite, nous avons tout mis en œuvre pour anticiper les rythmes de travail, en tenant compte des différences de rythmes entre la PME et le laboratoire de recherche ». Ainsi, plutôt que d’imposer un rythme à tous, les différents partenaires lancent en parallèle études et essais pour ne pas perdre de temps.

Conseil #3 : échanger en permanence

« Le contact est extrêmement important », souligne Bastien Rabastens, co-fondateur de la start-up Entoma qui commercialise les apéritifs à base d’insecte sous la marque Jimini’s.  « C’est une question d’ambiance de travail, il faut que le contact passe bien ». Un conseil qu’il a suivi lors du recrutement de la doctorante CIFRE qui sera bientôt intégrée à l’équipe opérationnelle de la start-up.

Pour Corinne Bigot, c’est devenu une habitude : « dans notre consortium, on se connait bien désormais, et cela facilite la gestion du projet. A force d’échanges, on a appris à faire avec la culture de l’autre. »

Christophe Arnaud conseille vivement les échanges fréquents et plutôt en face-à-face que par envois d’emails ou appels téléphoniques : « Avec seulement 15 minutes de route qui nous séparent, ça facilite beaucoup les échanges ! » Pour autant, ces échanges permanents ne sont pas synonymes d’une fusion dans le travail : « On trace chacun notre propre route. Même si celle-ci vient servir un objectif commun, nous sommes chacun responsable de notre propre partie. Bien entendu, nous partageons nos résultats : on s’aide, on se rend des services, on s’apporte des conseils. A aucun moment, il n’y a conflit ou concurrence », reconnait-il avec bienveillance.

Conseil #4 : clarifier les aspects opérationnels

Comme je l’expliquais dans le premier conseil, les finalités pour une PME ou un centre de recherche publique sont différentes. Si pour la PME, le résultat a de la valeur lorsqu’il est secret, c’est tout le contraire pour le laboratoire de recherche : le résultat ne prend de la valeur qu’au moment de sa publication. Clarifier la façon de gérer ces aspects de façon opérationnelle, et dès le démarrage de la collaboration, est indispensable.

« C’est essentiel de peser la confidentialité, les questions de propriété intellectuelle et industrielle, avant de démarrer la collaboration », insiste Bastien Rabastens. Si vous êtes adhérents de Vitagora, n’hésitez pas à nous solliciter sur ces questions : nous pouvons vous fournir un modèle d’accord de confidentialité, voire même prendre en charge vos coûts engendrés via notre collaboration avec l’INPI.

En tant que PME ou start-up, vos limites peuvent également être d’ordre budgétaire : « réaliser des tests, acquérir des machines… Tout cela peut vite être coûteux », reconnait Corinne Bigot. Être clair sur la gestion de budget dès le démarrage du projet vous évitera bien des malentendus.

« Il faut jouer cartes sur table, sortir des échanges convenus et implicites », conseille également Bastien Rabastens.

Conseil #5 : apprendre à être moins défiant

« Avec l’expérience acquise dans les collaborations, on a appris à travailler ensemble. Aujourd’hui, nous avons arrêté de voir des concurrents partout : on a appris à être moins défiant, tout simplement », conclut Christophe Arnaud.

Respecter le travail de l’autre, ses limites, ses objectifs, répartir les tâches de chacun, échanger de façon régulière : en suivant ces conseils, vous optimisez vos chances d’établir une collaboration bienveillante, réussie, efficace pour chacun et sur le long terme. « Grâce à cette confiance, au-delà du cadre du projet collaboratif, aujourd’hui, nous nous apportons mutuellement des clients ou des affaires potentiels », reconnait Christophe Arnaud.

Rappelez-vous simplement : vous partagez un objectif commun, faire progresser l’innovation agroalimentaire.

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