24 mars 2015

Agroalimentaire : et si le numérique venait servir un rapprochement des consommateurs et des producteurs ?

E-commerce agroalimentaire. Crédits photo : Pexels


Lorsque le e-commerce et les objets connectés sont apparus, nombreux sont ceux qui ont cru à la disparition du commerce physique. Pourtant, aujourd’hui, et malgré la hausse des achats en ligne pour l’alimentaire (via le drive notamment – voir notre article ici), encore 75% des Français privilégient un achat de proximité [voir notre infographie ici]. Et si l’intérêt n’était pas de comparer les achats en ligne et les achats physiques, mais plutôt de tracer des ponts entre le virtuel et le réel ? A la vue du programme du Forum Vitagora®, mon petit doigt me dit que nous allons en apprendre plus sur comment le numérique se met au service du rapprochement des consommateurs et des professionnels de l’agroalimentaire… un rapprochement qui prend, en fait, différentes formes, à découvrir ci-dessous.

Un rapprochement géographique

« C’est sur ce site que j’ai rencontré mon voisin » : la promesse d’un site de rencontres en ligne très révélatrice du potentiel de rapprochement géographique des outils numériques. Pour l’agroalimentaire, cela signifie offrir aux consommateurs la proximité qu’ils recherchent pour leurs achats (supermarchés, points de vente à emporter ou restauration hors foyer, boulangeries, etc.). Car rappelons-le : 75% des Français privilégient la proximité pour réaliser leurs achats alimentaires.

J’entends déjà les détraqueurs du numérique : « mais enfin, pas besoin d’internet pour savoir quels sont les commerces de ma rue ! ». Bien entendu. Mais avec le numérique, il ne s’agit pas seulement de « savoir » : il s’agit d’en savoir « plus », et en temps réel. Être au courant des promotions, par exemple. C’est notamment l’objectif d’Optimiam, lauréat du concours E-Food.

Derrière le projet Optimiam, une situation du quotidien : Raodath, co-fondatrice du projet, faisait ses courses alimentaires dans un hypermarché lorsqu’un vendeur de corner à sushi l’interpelle, cherchant à écouler son stock avant qu’il ne périme. L’idée lui est alors parvenue d’exploiter le numérique et les outils connectés pour permettre aux professionnels de faire connaitre, en temps réel et où que leurs clients se trouvent, les offres spéciales visant à écouler leurs stocks. Grâce à la géolocalisation des consommateurs, ceux-ci accèdent à des bons plans en temps réel. Une application qui permet donc aux uns de limiter leurs pertes alimentaires, et aux autres d’accéder à des bonnes affaires. Aux yeux de Raodath, aucune opposition n’est à faire entre le virtuel et le réel : « Le e-commerce vient en complémentarité du commerce physique : c’en est une extension, un second canal de distribution, qui amène la possibilité de communiquer en temps réel sur son commerce. Et par là-même, de se rapprocher de ses clients. »

Un rapprochement par réduction du nombre d’intermédiaires

En France, tout le monde connait désormais La Ruche qui dit Oui. Cette initiative d’approvisionnement alimentaire par circuit court en ligne, tout comme Locavor, lauréat start-up du concours E-Food, traduit en toile de fond la volonté de rapprochement entre consommateurs et producteurs. Un rapprochement cette fois-ci non pas physique, mais par réduction du nombre des intermédiaires grâce à des économies collaboratives parallèles. En bref : plus besoin de passer par un énième acteur – les consommateurs s’organisent entre eux, et utilisent internet pour franchir les étapes traditionnelles et capter directement les produits recherchés. Une démarche pleinement collaborative. Dans l’étude récemment réalisée par OuiShare, intervenant au Forum Vitagora sur la table-ronde « Le défi de la consommation collaborative: quelle place pour les industriels ? », et par la Fing, on constate que les utilisateurs de cette consommation collaborative citent à 75% des motivations économiques, et à 74% une recherche de sens.

Poussée par la déception de la consommation de masse, ainsi que par une volonté de « consommer autrement », selon la vision de Philippe Moati, co-fondateur de l’Observatoire Société et Consommation et intervenant au Forum Vitagora, cette recherche de sens favorise peu à peu l'exploration de nouvelles pratiques ou de pratiques anciennes revisitées. Pour lui, ce bouleversement des comportements « pourrait faire émerger de nouvelles concurrences, inattendues, et déstabiliser les positions acquises de certains ». Faut-il jusqu’à s’attendre à une disparition de la distribution, entendue comme l'intermédiaire faisant circuler les produits des producteurs vers les consommateurs ? En tout cas, c’est une question qui fait couler de l’encre… et qui stimule nos neurones.

L’ultime rapprochement : les « prosommateurs »

Jeremy Rifkin, ce célèbre prospectiviste américain que l’on ne présente plus (mais si vous avez tout-de-même besoin d’une présentation, vous pouvez consulter ce lien), mène l’idée plus loin encore : dans le futur de Jeremy Rifkin, le développement de l’internet des objets et de l’impression 3D permettra un rapprochement consommateurs-producteurs d’autant plus extrême que chacun (vous, moi, et tous les autres) sera lui-même équipé des moyens techniques pour produire et partager ses propres biens. Doit-on s’attendre à l’émergence de « micro-usines » dans les foyers des consommateurs ? Une question dont nous débattrons mardi 14 avril avec Jeremy Rifkin en personne, pour la première fois à Dijon… et surtout, qui interviendra pour la première fois sur la question spécifique de l’industrie agroalimentaire.

Pour aller plus loin

Rapprochement des consommateurs et des professionnels de l’agroalimentaire grâce au numérique et aux objets connectés… une thématique d’actualité sur laquelle ma collègue Clémence est intervenue mardi dernier à l’émission Meltingpopote, organisée par La Ruche qui dit Oui à la Gaïté Lyrique (Paris) et que vous pouvez revoir en ligne sur ce lien : http://gaite-lyrique.net/des-applis-dans-nos-assiettes-2-quand-numerique-rime-avec-gastronomique

Philippe MOATI, Jeremy RIFKIN, La Ruche qui Dit Oui, OuiShare, etc. : le 14 avril, ne loupez pas ces intervenants, tous présents au Forum Vitagora 2015, à Dijon.

En parallèle des conférences, un atelier de co-créativité permettra à des groupes pluridisciplinaires d’étudiants de se pencher sur la problématique « construire un modèle économique innovant pour mettre plus en lien le producteur et le consommateur ». Une question concrète pour laquelle nous attendons des idées de projets novateurs, dévoilés en fin de journée au Forum Vitagora.

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