13 janv. 2015

Projets d’innovation collaboratifs dans l’agroalimentaire : comment (et pourquoi) communiquer (ou pas)

Téléphone communication

Communiquer dans le cadre des projets d’innovation collaboratifs portés par des entreprises, c’est un sujet que je connais bien. Il faut dire que cela fera bientôt 10 ans que je travaille pour Vitagora, où les projets collaboratifs au service de l’innovation agroalimentaire sont le cœur de métier. Depuis mon arrivée, et à plusieurs reprises, mon regard de communicante s’est confronté à celui des professionnels du développement de produits et services alimentaires, notamment des secteurs de la R&D. Une confrontation de points de vue très utile, qui me conforte dans la prudence nécessaire à mettre en œuvre avant de communiquer autour d’un projet d’innovation industriel toujours en cours (bien entendu, une fois le projet terminé, la question est plus simple, et ne se posera pas dans cet article). Pourquoi communiquer ? Dans tous les cas, pour quels bénéfices ? Et avec quels risques ? Mes recommandations, sous ma casquette « Responsable Communication », pour identifier les enjeux et prévenir ces risques, à lire ci-dessous.

Tirer parti des opportunités de communiquer

Gagner en visibilité

Le premier avantage de la communication est bien entendu de gagner en visibilité – je ne vous apprends rien. Promouvoir ses compétences, sa collaboration avec des grands groupes leaders sur leurs marchés (notamment lorsque l’on est une PME), et parfois même simplement le fait d’être intégré à un projet collaboratif, sont autant de mérites à valoriser. Deux exemples : la start-up YNSECT qui a rapidement compris ses bénéfices à communiquer son engagement dans le projet DESIRABLE, ou encore notre adhérent GST a tiré profit de son implication dans le projet DAMAV, admis au 18e appel à projets FUI en octobre dernier, pour faire connaitre son savoir-faire spécifique en technologie de capteurs. Plusieurs publications sont parues ces dernières semaines : France Bleu Bourgogne, Vitisphère, Process Alimentaire, etc. Presse nationale, locale, spécialisée, ou même à l’occasion de présentations dans des colloques scientifiques, etc. : à chaque canal de communication, un contenu à valoriser.

Communiquer sur la stratégie de l’entreprise

En plus du gain de visibilité à acquérir spécifiquement quant au rôle que vous jouez dans tel ou tel autre projet, votre entreprise peut trouver un grand intérêt à communiquer, afin de revendiquer un positionnement stratégique, de démontrer le dynamisme de son entreprise, ou son engagement dans une démarche d’innovation. Pourquoi communiquer sur les projets Nutrice ou Open Food System avant qu’ils n’aient pas abouti à des lancements commerciaux ? Aux yeux de SEB, pour se positionner sur la thématique de la nutrition gourmande, et celle de l’alimentation connectée – deux axes très stratégiques pour le groupe. Une communication bien dosée et maîtrisée, les enjeux stratégiques soigneusement pesés au préalable.

Les questions à se poser avant de vous lancer

Communiquer dans le cadre d’un projet d’innovation collaboratif a donc de réels avantages, et les entreprises dans l’agroalimentaire ont tout intérêt à s’y pencher. Pourtant, et je n’insisterai jamais assez, cela ne peut pas être fait à la légère. Une fois une information communiquée, il est trop tard pour la rattraper (même si, je l’avoue, il nous est déjà arrivé d’appeler des journalistes en toute urgence pour contenir une communication précipitée par un partenaire de projet). Voici donc quelques points pour vous aider à bien préparer le coup pour que votre communication ne prête pas préjudice à votre entreprise, ni à vos partenaires, dans le contexte si particulier des projets d’innovation collaboratifs :

Respecter les accords de confidentialité

Comme ma collègue Claire l’expliquait le mois dernier, les aspects de confidentialité sont clés dans la mise en œuvre d’un projet collaboratif. Sur ce point, la communication n’est pas en reste : pensez à inclure, dans les accords de confidentialité du projet, des précisions sur ce qui est communicable et ce qui ne l’est pas. Cela permet de valider entre chaque partenaire du projet les informations que vous souhaitez diffuser et celles qui resteront confidentielles pendant toute la durée du projet. N’oubliez pas d’identifier les étapes-clés (un dépôt de brevet, par exemple) qui pourraient influer sur une décision de lever ou pas la voile du secret. Une idée : au sein du pôle, nous avons mis en place une procédure de validation de la fiche de référence d’un projet, par l’ensemble de ses partenaires, pour que nous ayons tous connaissance, à tout moment, des éléments que nous pouvons communiquer. Cette fiche est également mise à jour selon l’avancement du projet, pour nous fournir du contenu communicable à jour.

S’assurer en interne d’une bonne connaissance des choix de communication

Sans intention de nuire, le risque de fuite existe au sein d’une entreprise. Il est tout à fait imaginable qu’un de vos collaborateurs évoque tel ou tel autre aspect du projet en cours s’il n’a pas été clairement informé des messages communicables et de ceux qui ne le sont pas. Assurez-vous donc qu’au sein même de votre entreprise, tous vos collaborateurs aient bien accès à la synthèse des informations validées. Dans le sens inverse, assurez-vous que vos collaborateurs remontent à leur hiérarchie compétente (responsable communication, direction, etc.) toute sollicitation de communiquer (interviews presse, etc.).

Peser les enjeux de divulgation d’information dans un contexte concurrentiel – les vôtres et ceux de vos partenaires !

Le développement d’un produit ou d’un service alimentaire innovant représente un très fort atout de compétitivité pour une entreprise. Par crainte que leurs concurrents ne s’approprient leurs idées, de nombreuses entreprises font le choix de maintenir leur projet dans le secret. Même si les enjeux de cette entreprise figurative ne sont pas les vôtres, il convient bien sûr d’être prudent. La bonne pratique à mettre en œuvre : si la doute plane, consultez les partenaires du projet. Pour ne pas vous mettre à défaut par rapport à votre accord de confidentialité, et tout simplement par respect et courtoisie professionnelle, la validation d’une décision de communiquer doit, avant tout, être collective.

Pour aller plus loin

Les projets labellisés par Vitagora peuvent être valorisés dans nos différents supports de communication : ce blog, dans le cadre de salons ou de colloques, comme celui sur le projet Habeat ou sur le projet Aupalesens, etc. Adhérents du pôle, n’hésitez pas à me contacter pour échanger sur vos opportunités de communication – mon email : marthe.jewell@vitagora.com. Et bien entendu, si vous avez des questions quant aux risques et bénéfices à communiquer dans le cadre d’un projet collaboratif, je serai ravie d’échanger avec vous !

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