06 févr. 2015
Comment innover dans le secteur alimentaire : et si on s’intéressait de plus près à la créativité ?
Générer des idées nouvelles pour résoudre un problème. Façonner une innovation selon les besoins des utilisateurs finaux. Intégrer leur feedback dans la création. Prendre du recul dans son processus d’innovation et aller au-delà de ses automatismes ou de ses freins habituels. Un beau programme, n’est-ce pas ? Toute entreprise, notamment dans le secteur alimentaire, s’est déjà retrouvée face à des interrogations existentielles concernant son processus d’innovation. Et si on ouvrait les portes à la créativité ? C’est ce qu’a proposé l’ESC Dijon à 7 entreprises du secteur alimentaire, à l’occasion de la Semaine de l’Entreprenariat, du 12 au 16 janvier derniers. Plus de 300 étudiants ont ainsi « planché » sur des cas concrets, en appliquant la méthode du Design Thinking. Résultat : des propositions réalistes et réalisables, innovantes et inventives. Les entreprises Décathlon (pour sa branche Aptonia), Senagral, et Duc nous en disent plus.
Le Design Thinking : une approche pragmatique centrée sur le retour consommateurs
Connaissez-vous le Design Thinking ? Derrière cet anglicisme se cache une méthode d’innovation inventée dans les années 1950 à l’université de Stanford en Californie (en plein cœur de la Silicon Valley !), et qui s’appuie sur les retours de l’utilisateur final et la co-créativité pour générer des idées nouvelles, inattendues et, surtout, efficaces dans la réponse à une problématique. Parce que cette méthode nous semble particulièrement efficace, nous l’avons présentée à nos adhérents en octobre dernier, lors d’un Vitagora-Café où Jean-Paul Manet, de Nestlé France, témoignait de son expérience (vous pouvez d’ailleurs retrouver le compte-rendu de la présentation et du témoignage de Nestlé sur ce lien ; adhérents uniquement). Un témoignage qui avait notamment retenu l’attention de Patrick Falconnier, précédemment Directeur Général de SENAGRAL, et désormais Directeur Recherche, Développement et Innovation de la Branche Lait d’AGRIAL. « Lors du Vitagora Café, nous avons découvert le Design Thinking, qui nous est apparu comme une approche pragmatique, partant de la vision concrète de l’utilisation des produits par les consommateurs, pour générer des idées créatives de nouveaux produits ou de nouveaux angles d’innovation », témoignage Tatiana Philippon, chef de groupe innovation chez Senagral. C’est là la spécificité de la méthode, qui se situe à l’intersection de trois concepts : ce qui est techniquement possible ; ce qui est économique viable… mais avant tout, ce qui est désirable par le consommateur. Car on le sait : pas d’innovation sans marché… et pas de marché sans consommateurs.
S’ouvrir à un potentiel créatif et sortir de sentiers battus
Pour les industriels, le premier intérêt de participer à cet atelier « Design Thinking » réside dans l’opportunité de s’ouvrir à des esprits neufs et créatifs. Pour Johann Guerizec, designer produit chez Aptonia (Décathlon), « il est toujours très intéressant de croiser nos regards avec des jeunes, à la vision plus naïve mais aussi plus fraîche et spontanée ». Une vision partagée par Sandrine Siefridt, de Duc. Une quarantaine d’étudiants, répartis en groupes de 5 à 7 personnes, ont à l’occasion de la Semaine de l’Entreprenariat de l’ESC travaillé sur une problématique du groupe volailler : dans un contexte de hausse des ventes des produits de découpe, comment valoriser les cuisses de poulet face aux très populaires filets ? « C’est une thématique sur laquelle nous nous sommes déjà penchés en interne, bien sûr. Mais nous sommes tellement freinés par les contraintes techniques et réglementaires que notre inventivité en est inhibée. Se tourner vers des esprits jeunes, et qui plus est, non spécialistes de l’agroalimentaire, c’est ouvrir les portes de la créativité. » « Se lâcher, faire des propositions tout azimut, qui sortent des sentiers battus et qui posent certaines questions que l’on ne se pose plus : en tant qu’industriel preneur d’innovation, c’est vraiment très intéressant », témoigne également Tatiana Philippon, de Senagral.
Esquisser des idées à réinjecter…
Pour chaque problématique soumise, la Semaine de l’Entreprenariat a permis aux industriels participants d’écouter les propositions de projets des étudiants, et ce, pour un bénéfice double : esquisser des idées créatives, ou confronter les réflexions internes à l’entreprise à 40 cerveaux supplémentaires.
Du côté de Senagral, par exemple, deux projets particulièrement pertinents ont retenu l’attention de Tatiana Philippon face à une problématique déjà traitée au sein de son équipe : comment développer l’envie d’acheter des produits ultra-frais chez les jeunes consommateurs. Deux idées seront prochainement injectées dans le processus d’innovation interne de l’entreprise, pour potentiellement déboucher sur des tests consommateurs et focus groupes pour valider leur pertinence.
Au sein de Duc, l’équipe de Sandrine Siefridt était plutôt surprise par les résultats obtenus. Bien que les étudiants ne soient pas spécialistes du domaine, la méthode de Design Thinking a été très largement source de projets d’innovation produits : des idées à prendre, selon elle, même si elles restent à adapter à la réalité technique et réglementaire de l’industrie agroalimentaire.
… Ou confronter ses réflexions à des idées extérieures
Du côté d’Aptonia, la problématique soumise aux étudiants émanait d’une réflexion entamée par le groupe Decathlon depuis l’automne 2014. Parmi les propositions obtenues, toutes faisaient écho aux suggestions élaborées en interne. Un moyen, selon Johann Guerizec, de tester la cohérence et la pertinence des réflexions de l’entreprise. « D’un côté, cela nous conforte : il semblerait que nous ayons fait le tour du sujet, que l’on ne puisse pas aller plus loin en terme de créativité et d’innovation. D’un autre, cela nous met également face à la question : « abordons-nous la problématique dans le bon sens ? ». Plus qu’une innovation d’usage, comme dans le sujet soumis aux étudiants, ne devrait-on pas nous tourner plutôt vers une innovation de rupture, avec un travail de formulation derrière ? » Un moyen, donc, de tester la pertinence de la démarche de l’entreprise avant de se lancer, tête baissée, dans un développement.
Créativité et innovation : participez au choix de notre prochain thème de réflexion
A l’occasion du Forum Vitagora 2015, nous proposerons un atelier de créativité réunissant une soixantaine d’étudiants de différents horizons. Première étape de la méthode du Design Thinking, cet atelier permettra la production d’idées collaboratives et novatrices pour répondre à la question « Consommateurs 3.0 – Innovez dans vos mises en marché ». Thématique retenue : construire un modèle économique innovant pour mettre plus en lien producteur et consommateur. Ne loupez pas les idées novatrices de nos étudiants sur la question ! Inscription, programme, et infos pratiques sur ce lien.
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