28 avr. 2015
Le parcours de la levée de fonds pour une start-up de l’agroalimentaire : 4 conseils à suivre
Une entreprise innovante, parce qu’elle est en démarrage de son activité, parce qu’elle prévoit d’investir dans du matériel neuf, parce qu’elle étend ses marchés, etc. aura besoin de trouver les financements adaptés pour accompagner ses projets. Vers qui se tourner ? Levées de fonds ou financement participatif : lequel choisir ? Quels bons réflexes à avoir ? Suite au Vitagora Café que nous avons organisé, début avril dernier, et à des échanges que j’ai eus avec la société Ynsect, voici mes conseils sur le sujet !
Conseil n°1 : dimensionner la source de financement selon sa maturité
Il existe de multiples sources de financement… Mais toutes ne sont pas nécessairement adaptées à vos besoins. Pour un financement précoce, pour enclencher le projet d’innovation ou de création d’entreprise :
- Le love-money, financements des proches des porteurs de projets
- Le crowdfunding, soit au démarrage d’un projet soit dans une démarche spécifique de communication « business to consumer », se monte généralement à hauteur de quelques dizaines de milliers d’euros. C’est par exemple la démarche adoptée par le collectif « Les Gueules Cassées » qui a dépassé son objectif de collecte de 30 000 € en 60 jours. Il existe d’ailleurs une plateforme de financement participatif dédiée à l’alimentation et à l’agriculture : Miimosa [vous pouvez écouter son fondateur, Florian Breton, sur cette vidéo].
Une fois que la start-up a atteint une certaine maturité et est prête à autoriser une prise de part de son capital par des tiers, pour acheter des équipements, développer un nouveau produit, se développer à l’international, etc. :
- Les Business Angels, qui investissent à hauteur de centaines de milliers d’euros. On estime qu’il existe en France environ 40 000 business angels, regroupés dans des associations, comme les Bourgogne Angels par exemple, membre du réseau France Angels.
- Les fonds d’investissement et l’apport de capital risque, jusqu’à plusieurs millions d’euros selon leur taille et leur potentiel (national, européen, international…). C’est ce qu’a réalisé notre adhérent Ynsect à deux reprises en un an, « parce que nous étions prêts », m’a précisé Antoine Hubert, président de la start-up : une première levée de fonds à 1,8 millions d’euros fin février 2014 auprès de deux fonds d’investissement français (Demeter Partners et Emertec) et de manière très minoritaire de quatre business angels proches des fondateurs, puis une seconde de 5,5 millions d’euros en novembre, auprès des deux mêmes fonds français, auquel s’est ajouté un fonds d’investissement de Singapour.
Conseil n°2 : se faire accompagner sur les aspects juridiques
Lorsqu’une entreprise ouvre son capital à des fonds, selon la hauteur des investissements réalisés, les investisseurs peuvent obtenir en retour un représentant au conseil d’administration de l’entreprise. Il existe, sur ce point mais également sur d’autres (conditions de sortie de capital, cas particulier de l’entrée en bourse ou de rachat, etc.), de nombreuses conditions juridiques pour garantir l’intérêt de l’investisseur.
Ces points sont tous réunis dans ce que l’on appelle le « pacte d’associés », le dossier juridique final. Sur cet aspect, Antoine Hubert est formel : il est absolument indispensable de se faire accompagner par des avocats… Et ce, dès le début des négociations et de la réalisation du « term-sheet », le pré-contrat qui fixe les conditions principales (valorisation de l’entreprise notamment), et jusqu’à la signature du pacte.
Conseil n°3 : se préparer aux échanges directs
Grâce à son expérience de 2 levées de fonds, les conseils d’Antoine Hubert sur les critères décisifs pour convaincre un jury d’investisseurs me semblent particulièrement éloquents. Ainsi, pour vous préparer à une présentation (formelle ou informelle !) avec de potentiels investisseurs, assurez-vous de savoir répondre aux questions suivantes :
- Quelle est la technologie amenée à sortir de votre innovation agroalimentaire ? Ou le produit ou le service potentiel ?
- Un brevet protège-t-il votre innovation ? Existe-t-il une barrière à l’entrée qui vous protège contre la concurrence, et qui vous permette de garder votre longueur d’avance ?
- Quelle est la taille du marché à l’échelle mondiale, et quelle est sa croissance annuelle ? Quelle concurrence existe-t-il ? Bien entendu, moins il y a de concurrence, mieux c’est !
- Quelle est la valeur des membres de votre équipe, le potentiel des personnes ? Ici, on évoque par exemple les qualités d'entrepreneuriat, de direction et de management, d’ingénierie agroalimentaire, les compétences complémentaires des personnes entre elles, etc.
Au-delà de ces réponses « techniques », assurez-vous également d’être synthétique dans votre présentation (Antoine Hubert conseille vivement d’avoir des pitchs « sous le coude » de différents formats, 1 minute, 5 minutes, 10 minutes, à ressortir selon les situations), et de mêler dans votre discours « ambition » et « humilité » : après tout, si vous souhaitez lever des fonds, c’est que vous avez l’objectif de développer votre projet, mais que vous avez également besoin des autres pour le faire !
Conseil n°4 : provoquer les rencontres
Aller à la rencontre des investisseurs de manière informelle, lors de conférences, de colloques, de concours, de soirées de networking, et de façon anonyme (sans expliciter que l’on cherche à lever des fonds) est, selon l’expérience d’Antoine Hubert, un excellent moyen de « tâter le terrain » tout en liant des contacts utiles : l’occasion de présenter son activité, de délivrer une information qui titillera la curiosité des investisseurs… tout en ne paraissant pas encore « en cours de roadshow ».
Pour aller plus loin
Le mot de la fin d’Antoine Hubert : « il faut toujours lever des fonds dans de bonnes conditions, c’est à dire lorsque l’on n’en a pas encore un besoin immédiat. » Une question de timing très importante, à jauger précisément, ni trop tôt, ni trop tard, quand les investissements deviennent impératifs pour la trésorerie de l’entreprise et pour éviter qu’une relation déséquilibrée puisse s’instaurer avec les investisseurs.
Si vous êtes une jeune entreprise ou start-up innovante dans le secteur agroalimentaire, il existe de nombreuses opportunités de trouver des financements adaptés à vos besoins : des fonds spécifiques, tels que CapAgro, peuvent par exemple vous aider. Vous pouvez également profiter d’actions comme le concours E-Food, qui a permis récemment à trois de nos lauréats de rencontrer un groupe de 5 investisseurs ! Pour en savoir plus ou pour obtenir des contacts, n’hésitez pas à me contacter par email : marine.boursier@vitagora.com.
A noter : lancement du concours E-Food 2016 pour récompenser les initiatives "food and tech" dans les domaines de l'impression 3D et des serious games. Candidatures du 5 octobre 2015 au 31 janvier 2016. Toutes les infos sur : www.vitagora.com/concours.
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