16 janv. 2015
Start-up de l’agroalimentaire : comment exploiter les concours pour servir le développement de votre activité ?
En tant que directeur du Pôle, je suis souvent amené à participer à des jurys de concours pour lesquels nous sommes partenaires : concours MIAM, concours Mmmh, EcoTrophelia, etc… Des concours qui recueillent l’intérêt de nombreux candidats, comme le prouve le nombre croissant de dossiers reçus d’une année sur l’autre. C’est d’ailleurs parce que je suis convaincu du bien-fondé des concours pour de jeunes entreprises de l’agroalimentaire que nous avons organisé, à Vitagora, en partenariat avec Premice, les concours E-Food. Mais, concrètement, quel est l’intérêt d’une start-up à participer à un concours ? Pour quels bénéfices ? Et comment choisir son concours, parmi toute la myriade de concours existants ? Deux de nos adhérents, Emulsar, lauréat 2003 du Grand Prix Innovation de la ville de Paris (que vous pouvez admirer sur les affiches de l’édition 2014), et Ynsect, fraîchement lauréat du Clean Tech Open, vous apportent leur retour d’expérience sur la question.
Choisir son concours : une question de timing et de filière
Concours locaux, régionaux, nationaux, internationaux : de multiples opportunités de dimension et d’enjeux variées existent pour les start-ups. D’où la nécessité de cerner au mieux vos besoins pour bien cibler le type de concours auquel participer. Pour Antoine Hubert, CEO de la société Ynsect, il est absolument indispensable d’adapter le concours à l’état d’avancement de la start-up, en partant de l’échelle la plus en amont au démarrage – les concours étudiants, par exemple - et pour viser des concours plus « gros » une fois que la start-up bénéficie déjà de quelques années d’expérience et d’un bagage suffisant pour y faire face. Frédéric Arnaud, de la société Emulsar, le confirme : tout est une question de timing. « Participer à un concours se fait souvent au démarrage pour une start-up en B2B. D’ailleurs, beaucoup de concours sont destinés aux jeunes entreprises, voire même aux jeunes tout court. Actuellement, nous ne pouvons plus postuler au prix Jeune Entrepreneur, car il faut avoir moins de 35 ans… mais il est encore trop tôt pour participer à des concours prestigieux comme celui de l’Usine Nouvelle, pour lequel il faut une réussite industrielle remarquable pour avoir sa chance. Plus la société « grandit » plus on cherche à avoir de la visibilité au niveau international…il existe alors des concours européens pertinents, comme le programme Européen Horizon 2020 pour lequel nous avons été sélectionné fin décembre. »
Deuxième critère pour choisir le concours auquel participer : la filière. Technologique, agronomique, environnement, etc. : chaque filière possède son propre concours. « Postulez à un concours uniquement si votre base-line répond déjà au cahier des charges », conseille Antoine Hubert. « Et n’hésitez pas à échanger avec les organisateurs ou à rencontrer les anciens lauréats pour identifier aux mieux les attentes du concours. »
Se faire la main (et le pitch)
Préparer les dossiers est un exercice formateur, Antoine Hubert et Frédéric Arnaud le reconnaissent : un « bon exercice » pour s’entraîner à la rédaction de dossiers en réponse à des appels à projet, qui permet également de poser formellement la stratégie et de le positionnement de sa jeune entreprise. Un entraînement oral, également, lors des fameux « pitchs », ces temps de parole très courts lors desquels les candidats doivent gagner rapidement et avec conviction l’intérêt des membres du jury. Ces pitchs seront une excellente préparation à vos demandes de levées de fonds, et vous apporteront le feedback de professionnels sur votre performance.
Le podium : au-devant de la scène, et sous les projecteurs
Antoine Hubert l’a clairement remarqué : après chaque concours (et il a de la bouteille, avec 21 concours à son actif, dont 10 remportés avec brio !), le trafic du site internet d’Ynsect augmente et les e-mails abondent dans sa boîte de réception. De son côté, participer à un concours a permis à Frédéric Arnaud d’être approché par un client potentiel, présent lors de la remise des prix. D’ailleurs, la rétrospective de la ville de Paris sur son Grand Prix Innovation permet de faire parler d’Emulsar encore 11 ans après ! Les concours, c’est donc avant tout un bénéfice « visibilité », une mise-en-avant auprès d’un réseau intéressé par votre activité. Organisateurs du concours, membres du jury, public assistant à la remise des prix, etc. : autant de cibles à creuser pour le développement commercial de votre start-up.
Gagner en crédibilité
« Il est toujours rassurant, pour une société, de savoir que l’on a gagné un concours. » Une phrase que m’a un jour indiqué Frédéric et avec laquelle je ne peux qu’être on-ne-peut-plus d’accord. Un lauréat, c’est un dossier sélectionné parmi plusieurs dizaines de dossiers par des experts de la question – forcément, cela crédibilise votre activité. Un appui à vos propos à exploiter, d’ailleurs : face à vos investisseurs, sur votre site internet, sur les réseaux sociaux pour toucher les personnes d’influence, ou lors de vos présentations clients.
Un accompagnement non-négligeable
Selon l’importance des concours, prix numéraire ou accompagnement en nature (via différentes prestations) peuvent être offerts. Des prix toujours bon à prendre pour les jeunes entreprises, même à hauteur de quelques milliers d’euros. Au-delà de l’argent que certains concours promettent, c’est avant tout les accompagnements offerts qui ont bien souvent poussé Frédéric et Antoine à postuler. Coaching, retour d’expérience, accompagnement stratégique, etc. : des échanges et prestations qui viennent soutenir la croissance de leur activité, et permettent d’obtenir des réponses à des questions variées, concernant tout aussi bien leur stratégie RH, l’ouverture à un réseau professionnel, ou leur développement commercial.
Poser le « pour » et le « contre » : un dernier conseil
« Plus on en fait, mieux on est rôdé », concluent à la fois Antoine et Frédéric. Faire des concours, un bon entrainement, donc, pour mieux réussir les prochains. Petit bémol toutefois : postuler à un concours peut être très chronophage. S’atteler à la tâche à plusieurs est donc une option à considérer très sérieusement : seul, vos chances de mener à bien votre candidature s’amenuisent fortement.
Pour échanger plus en détails sur l’intérêt de postuler à des concours, en tant que start-up, n’hésitez pas à me contacter via christophe.breuillet@vitagora.com : nous en parlerons directement.
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