16 août 2016
Etiquetage alimentaire : ce qu’il faut retenir pour s’adresser efficacement aux seniors
La silver food : domaine d’innovation agroalimentaire qui répond aux problématiques spécifiques liées au vieillissement de la population à travers le monde. Produits aux apports nutritionnels spécifiques, développements organoleptiques adaptés aux capacités, aux préférences mais également au déclin sensoriel des personnes âgées, services permettant une prise en charge globale… sans oublier le packaging ! Troubles visuels, difficultés de préhension, et réévaluation des priorités dans l’acte d’achat, sont à l’origine d’un tout autre rapport aux emballages selon qu’un consommateur ait 60, 70, ou 80 ans. Une étude menée dans le cadre du projet Nu-Age (en savoir plus sur Nu-Age ici) auprès de 200 personnes âgées dans 5 pays européens, présentée en juin dernier, permet d’y voir plus clair sur le comportement spécifique des seniors quant aux étiquetages alimentaires et sur leur perception des informations « santé » et « nutrition ». Que retenir pour s’adresser plus efficacement aux seniors ?
Étiquette alimentaire : ce que les seniors y recherchent vraiment
Première (mauvaise) nouvelle pour vos étiquettes : seulement 50% des plus de 65 ans les lisent… Pour les 50% qui ne les lisent pas, ils leur reprochent une quantité d’information trop importante (à 47%), des difficultés de lecture (à 22%) et de compréhension (à 19%). Revoir l’étiquetage agroalimentaire, lorsque l’on s’adresse à une cible senior, est donc impératif. Que faut-il y mentionner ? Dans l’ordre d’importance, voici les informations que les consommateurs de plus de 65 ans recherchent sur un emballage alimentaire :
- Date de péremption / Date Limite d’Utilisation Optimale (à près de 60% des consommateurs interrogés)… Tout à fait logique, puisque c’est le principal critère d’achat des seniors (80% des participants à l’enquête l’ont cité comme 1er critère d’achat)
- Taux de sucres
- Taux de sel
- Teneur en calories
- Taux de matière grasse saturée
Prisées par les professionnels, les allégations nutritionnelles et de santé ne sont en revanche pas importantes pour ces consommateurs (16e position) : sont-elles encore trop récentes pour faire partie de leur culture alimentaire ? Probablement. D’ailleurs, il est à parier que pour la décennie à venir, la sensibilité des seniors aux allégations se développe : une étude complémentaire sur les consommateurs de 18 à 64 ans démontre en effet que ces derniers accordent une plus grande importance aux allégations nutritionnelles que leurs aînés.
Allégations nutritionnelles : compréhension et confiance mitigées
Interrogés sur le sens de 6 allégations nutritionnelles (« sans sucre ajouté », « allégé », « sans sel », « pauvre en matières grasses », « source de fibres », « riche en vitamine D »), une grande majorité des participants à l’étude se sont trompés dans la compréhension de 3 d’entre elles (de 60% à plus de 80%) : « pauvre en matières grasses », « source de fibres », et « riche en vitamine D ». Bien que l’on regrette que l’étude ne nous explique pas l’origine de cette mauvaise interprétation, ces chiffres révèlent une confusion entre allégations nutritionnelles et bénéfices santé dans l’esprit des consommateurs seniors. D’ailleurs, plus d’1/3 des consommateurs de plus de 65 ans ont noté de « assez à très difficile » la compréhension des informations nutritionnelles…
Au-delà d’une problématique de compréhension, les allégations nutritionnelles sont également soumises au verrou de la « confiance » : bien qu’elles soient jugées « utiles » pour la plupart des consommateurs âgés, qu’ils soient originaires de France, Italie, Pologne, Grande-Bretagne ou Pays-Bas, elles ne recueillent pas la confiance de l’ensemble d’entre eux. Ainsi, les Italiens sont les plus confiants (42%), alors que les Britanniques sont les plus méfiants (à 55%).
Allégations santé : intention d’achat en jeu
A l’inverse, les allégations santé sont bien comprises et ne génèrent pas de mauvaises interprétations (« facilite le transit intestinal » ou « aide à renforcer les défenses naturelles », par exemple). Et même si le niveau de confiance envers les allégations santé est très faible dans certaines régions étudiées (14% en Grande-Bretagne notamment), celles-ci jouent un rôle déterminant : 50% du total des sujets interrogés prennent en compte les allégations santé au moment de leur intention d’achat.
Deux opportunités à explorer
On retient donc de cette étude que la marge de progrès des étiquettes des produits alimentaires destinés aux seniors est encore grande… Voyons-y une bonne nouvelle : c’est là un créneau fertile, plein d’opportunités, pour innover et vous distinguer dans le marché de la silver food !
La première opportunité est directement liée à l’accessibilité des emballages alimentaires. Lisibilité, interprétation des informations : l’industrie agroalimentaire peut améliorer la situation, en adaptant les polices d’écriture, les couleurs (lire également notre article ici), en réduisant le volume des informations présentes, en utilisant des termes simplifiés et adaptés aux cibles de consommateurs.
Une autre opportunité est liée au besoin de renforcer l’éducation de la population et notamment des médecins qui représentent, en effet, la première source pour obtenir des conseils liés au régime alimentaire pour les plus de 65 ans. La formation des étudiants, jeunes docteurs et jeunes professionnels en termes de nutrition santé est donc cruciale pour la prévention et nutrition santé, de même que la remise à niveau des plus anciens. Une meilleure sensibilisation des consommateurs, via le relais du médecin, permettrait d’optimiser leur attitude face aux allégations santé présentes sur les étiquettes, en les distinguant des stratégies marketing.
Pour aller plus loin
Ces deux axes pourraient faire l’objet d’un projet sur le développement d’étiquettes dédiées aux seniors. D’ores et déjà, nous ne comptons pas moins de 9 projets d’innovation destinés à améliorer l’alimentation ou la nutrition des personnes âgées, et montés par les membres de Vitagora. Pour en savoir plus, contactez-moi directement : marine.boursier@vitagora.com.
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