19 juil. 2016
L’Asie : nouveau marché au bec sucré – quelles opportunités pour l’agroalimentaire français ?
Alors que la consommation de sucre se stabilise dans les pays occidentaux (en France, consommation de 22kg/an/personne depuis 50 ans), elle connait une forte augmentation à l’échelle mondiale. Poussée par les pays déjà consommateurs, mais également par les pays émergents de plus en plus friands de sucreries, celle-ci devrait continuer de croître au rythme de 1,8% à 2% par an, pour atteindre 220 millions de tonnes d’ici 2030 (source : CEDUS). Accroissement de la population, hausse du revenu par habitant, urbanisation, disponibilité des produits : autant de facteurs qui contribuent à développer le « bec sucré » des pays émergents. Dans ce contexte, la Chine représente un marché particulièrement prometteur. L’Empire du Milieu, l’empire du sucré ? Zoom sur les opportunités de ce marché.
Des consommateurs désormais amateurs de douceurs
Traditionnellement, les Chinois sont peu « becs sucrés ». Contrairement aux traditions culinaires européennes, le sucre en Chine est partie intégrante de l’équilibre global des plats (mélange des 5 saveurs) : on le consomme en sauce, en condiments, mais rarement comme ingrédient principal. Friandises (gâteau de Nouvel An, gâteau de Lune) et desserts traditionnels (flan de coco, gâteau de sésame…) sont ainsi souvent réservés à des occasions particulières (mariages, anniversaires, fêtes traditionnelles). Et sont surtout beaucoup moins sucrés que nos desserts européens !
Mais les modes de vie, et les modes de consommation, évoluent. Avec l’augmentation des revenus, l’occidentalisation des villes, et la politique de l’enfant unique (que les parents ont plaisir à choyer), les plaisirs sucrés trouvent une place de plus en plus forte dans le quotidien des Chinois.
François Thaury, responsable du département Sucre chez Agritel, expliquait récemment au magazine Grain de Sucre : « En Chine, la consommation individuelle de sucre est passée, en moyenne, d’environ 7g/jour il y a 10 ans à 16g/jour actuellement. » Ainsi, si les 1,4 milliard d’habitants atteignent prochainement 30g/jour, le potentiel marché devient considérable.
Quels produits développer pour le marché chinois ?
Mais pas question d’exporter directement bonbons, brioches, biscuits ou autres sur le marché chinois. Car les goûts locaux, bien qu’influencés par les pays occidentaux, restent très spécifiques… Quels leviers pour réussir à exporter vos produits sucrés en Chine ?
- S’adapter aux goûts locaux – privilégier les textures tendres voire même gluantes (à base de pâte de riz par exemple), très appréciées des consommateurs chinois, ainsi que les arômes traditionnels. La prune amère, la patate douce, l’oignon doux, les algues, le sésame, le thé vert sont des parfums beaucoup plus courants en Chine que nos vanille, guimauve, réglisse, chocolat blanc ou caramel !
- Jouer la carte « santé ». Encore souvent méfiants des confiseries, jugées trop sucrées, les Chinois sélectionnent leurs douceurs sur des critères santé. Ainsi, le chocolat noir était élu « chocolat préféré » en 2011 (Source : Agriculture et Agroalimentaire Canada) en raison de ses vertus nutritionnelles (teneur en magnésium, concentration en antioxydants). Valoriser des recettes « sans additif ou agent de conservation », « à teneur faible, réduite ou nulle en sucre » ou « avec ajout de calcium » pourra séduire la gourmandise, encore toute mesurée, des Chinois… tout comme développer des portions plus petites que celles à destination des marchés européen ou américain.
- Valoriser la « French Touch ». Très friands de l’ « Art de Vivre » à la française, les Chinois voient dans les produits de l’Hexagone, soumis à des contrôles stricts, un gage de qualité. Un atout à explorer par les industriels français, lorsque l’on considère l’histoire récente de la confiserie en Chine (scandale de la contamination à la mélamine dans des produits laitiers et certaines sucreries). Ainsi, pendant l'Exposition Universelle de 2010 à Shanghai, plus d'un million de Chinois sont venus goûter les spécialités françaises (source : HuffingtonPost).
Pour aller plus loin
Opportunités de marché, tendances, évolution des habitudes de consommation… l’environnement agroalimentaire évolue vite, et notre lettre « L’Observatoire des Tendances » vous permet d’anticiper vos développements. Habituellement réservée aux adhérents (pour nos adhérents, RDV ici pour retrouver l’ensemble des publications), nous vous proposons de télécharger sur ce lien le numéro 9, en accès libre.
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