10 juil. 2017
Projets d’innovation étudiants : quelle place pour les industriels ?
De l’idée au développement du process, du business plan à la commercialisation : les projets étudiants sont d’excellents exercices de pratique de l’innovation. Le concours EcoTrophelia 2017 vient de s’achever… et Vitagora est fier des étudiants de son territoire ! Félicitations à l’équipe d’AgroSup Dijon, que notre directeur Christophe Breuillet a solidement accompagnée, et qui a remporté le premier prix pour son snack de lentilles « Croc&Vie ». L’équipe est donc sélectionnée pour représenter la France à EcoTrophelia Europe à Londres au mois de novembre. Mais pour l’heure, une question demeure : quels débouchés pour leur innovation ? Et quelle place pour les industriels ?
« Croc&Vie » : l’innovation santé côté snacking
« Nous sommes partis d’une problématique du quotidien », explique Alexis Joran, étudiant d’AgroSup Dijon et membre de l’équipe d’EcoTrophelia : « si l’on a un petit creux entre nos cours, que trouve-t-on dans les distributeurs de snacks ? Soit des encas sucrés, soit des encas salés mais gras comme des chips. Il n’y a rien d’à la fois non-sucré et peu calorique. »
C’est en réponse à cela que l’équipe a développé Croc&Vie, un produit de snacking type bâtonnet à base de lentilles. « Nous n’avons pas de produits concurrents directs sur le marché », précise Fanny Bouchire, également membre de l’équipe. « Il existe bien des produits types chips de légumineuses, mais le plus souvent à base de pois ou de soja. Nous n’avons trouvé aucun produit de snacking extrudé à base de lentilles sur le marché français. »
Il faut dire qu’avec un taux de matière grasse à 3% seulement, la promesse « nutrition » de ce produit est clairement remplie. Le choix des lentilles permet, en plus, de valoriser une filière locale… tout en garantissant une bonne acceptation organoleptique par les consommateurs, la lentille étant la légumineuse la plus connue et la plus consommée (face aux pois ou au soja, par exemple).
Quel avenir pour le produit ?
Lorsque je leur demande comment ils envisagent le futur pour leur produit, les étudiants d’AgroSup sont un peu embarrassés : « nous n’en avons pas encore discuté en équipe ». Malgré ça, peu de doute sur leur ambition : « pour le moment, nous poussons notre produit le plus loin possible. Bien sûr, on aimerait une mise en marché ! »
En 18 ans, 200 produits ont été présentés au concours EcoTrophelia. Gaëlle Roudaut, enseignant chercheur à AgroSup Dijon et encadrante des projets EcoTrophelia, précise : « sur ces 200 produits, 25 sont actuellement sur le marché. Sans compter les copies ! » Ce ratio de 12,5% de mise en marché pour des projets étudiants mérite l’intérêt des professionnels de l’agroalimentaire… surtout lorsque l’on sait qu’au total, seulement 30% des nouveaux produits alimentaires restent sur le marché plus de trois ans (source).
Mise en marché : 3 options de collaboration industrielle
Quelles options se présentent donc désormais aux étudiants ? Elles sont au nombre de trois, et présentent chacune des opportunités pour les professionnels de l’agroalimentaire :
- Vendre le concept. « C’est ce qui s’est passé l’année dernière pour les étudiants d’AgroParis Tech, récompensés du 2e prix d’EcoTrophelia », explique Gaëlle Roudaut. « Minigloo, un concept de glaces à base de lait de croissance pour jeunes enfants de 1 à 3 ans, a été racheté par la start-up Yooji. Présenté au SIAL 2016 (voir ici), la commercialisation du produit est prévue cet été. Pour les étudiants, c’est la récompense de voir son produit en rayons, sans la responsabilité de devoir s’impliquer sur la durée dans le développement industriel et marketing. »
« Nous ne sommes pas naïfs », ajoute Fanny Bouchire : « nous nous doutons bien que plusieurs industriels travaillent en R&D sur des produits comme le nôtre. Santé, légumineuses, snacking : ce sont des tendances marqués dans l’alimentation. Notre concept pourrait en intéresser plus d’un. »
- Négocier une embauche. Gaëlle Roudaut explique : « Il arrive que des étudiants d’EcoTrophelia, puisqu’ils sont en dernière année d’école d’ingénieurs, négocient leur embauche pour finaliser le développement de leur produit au sein d’une entreprise. » Pour l’étudiant, cela signifie donc le plaisir de continuer à porter le projet, à le voir grandir. Pour l’entreprise, c’est la garantie d’un salarié impliqué, motivé, et de la concrétisation d’une innovation produit.
- Monter son entreprise. « Bien sûr, nous aimerions bien garder la main sur notre projet », me glisse Fanny Bouchire. « Mais cela dépendra des opportunités qui se présenteront à nous. » L’équipe d’AgroSup Dijon pourrait-elle envisager de monter une start-up ? « Pourquoi pas », répond Alexis Joran. « Mais nous aurons besoin d’être adossé à un industriel pour l’extrusion, car les investissements matériels sont trop élevés à notre niveau. »
Accéder au marché par le montage d’une start-up, c’est ce qu’a réalisé l’équipe de l’ISARA suite à leur participation à EcoTrophelia en 2014 : leur start-up, Ici & Là, a lancé sa marque « Le Boucher vert » en 2016, et commercialise désormais des plats prêts à consommer à base de légumineuses (steacks, boulettes, falafels…) (en savoir plus ici).
Intéressés ? Parlons-en !
Industriels de l’agroalimentaire, vous l’avez compris : les opportunités de jouer un rôle dans l’aboutissement de ce produit innovant, et soutenu par Vitagora, sont multiples. Si le « Croc&Vie » vous séduit et que vous souhaitez accompagner les étudiants dans l’aboutissement de leur projet, contactez-moi : stephane.ollagnier@vitagora.com.
A l’image de « Croc&Vie », le potentiel d’innovation est très fort chez les étudiants… et les occasions de collaborer sont nombreuses. Projets tuteurés, alternances, stages : parlons-en également !
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