16 juil. 2018

Inciter les enfants à manger plus de fruits et légumes : quels leviers d’action pour l’agroalimentaire ?

Crédits photo : www.unsplash.com

 

L’obésité infantile a été multipliée par 10 depuis 1975 et à travers le monde. Ce constat inquiétant est issu des dernières études réalisées l’OMS en 2016. Face à cela, le rôle des industriels n’est plus à prouver : leur place est légitime, et souhaitable, pour participer à la lutte contre l’obésité infantile (lire notre article ici), les produits alimentaires transformés étant souvent montrés du doigt. Quels leviers d’action possèdent les industriels agroalimentaires pour agir sur la lutte contre l’obésité ? Et plus particulièrement pour inciter les enfants à consommer plus de fruits et légumes ? Formes différentes et goût identifiable d’un côté. Jeux vidéo, d’un autre. Les méthodes sont multiples et variées. A vous, industriels, de choisir celle qui vous parle : je vous livre des premières pistes dans cet article.

 

Fruits et légumes : 5 par jour, vraiment ?!

Dans notre article intitulé « Eduquer au bien-manger : quelle place pour les industriels ? », ma collègue Marthe expliquait que, si les enfants ont bien retenu la plupart des messages du PNNS, ceux-ci sont rarement compris. Ainsi, si le message « 5 fruits et légumes par jour » est enregistré à coups de matraquage, les enfants ne savent pas ce qu’il veut dire : parle-t-on de 5 fruits ET de 5 légumes ? Une cerise correspond-elle à un « fruit » ? Une soupe composée de plusieurs légumes compte-t-elle pour 1, 2, 3, ou plus ? (Réponse pour en finir avec le suspens : « 5 fruits et légumes » correspond en fait à « 5 portions de {fruits-ou-légumes} »)

Résultat de cette mécompréhension ? En France, seulement 6% des enfants consomment 5 fruits et légumes par jour, d’après une étude du CREDOC. Alors qu’un enfant sur six (soit presque 17%) est concerné par le surpoids.

Riches en vitamines, minéraux et fibres, et faibles en calories, comment inciter les enfants à manger plus de fruits et légumes ?

 

Jouer sur le produit : forme, goût, et récurrence

Le programme européen HabEat (2010-2014) avait pour ambition de mieux comprendre les périodes et les mécanismes clés dans la formation des préférences alimentaires chez l’enfant, depuis la naissance jusqu’à l’âge de six ans. Le travail des équipes de recherche impliquées dans ce programme a permis de dessiner des pistes et recommandations concrètes à destination à la fois des professionnels de l’agroalimentaire et aussi des parents.

Trois pistes sont à explorer par l’industrie agroalimentaire (accédez à l’ensemble des résultats du programme HabEat dans notre article « Expert » : Inciter les enfants à manger plus de fruits & légumes : des pistes prometteuses pour les industriels de l’agroalimentaire - réservé aux adhérents Vitagora) :

  • Le goût : première chose, on ne touche pas au goût ! Si l’on peut adoucir une saveur forte (comme celle des poireaux ou des épinards) avec une pointe de beurre par exemple, il n’est pas question de masquer les saveurs des aliments. Du fenouil noyé sous de la sauce tomate, du chou-fleur caché sous du fromage fondu, qu’en reste-t-il ?
  • La forme : en revanche, faire varier la forme, l’apparence, ou même la texture peut permettre aux parents de proposer à plusieurs reprises, et de façon différente, un même fruit ou un même légume. Ici, il s’agit d’être créatif et de voir plus loin que les sempiternelles purées/compotes comme uniques alternatives. Billes de melon, cubes de courgettes, berlingots de jus de carottes, bâtonnets de purée de poireaux, fleurs de chou-fleur cru… Changez la forme, pour changer l’expérience et permettre aux enfants de la renouveler.  
  • La répétition : car renouveler l’expérience, c’est la clé. Les premières fois d’une découverte alimentaire peuvent s’apparenter à du dégoût – il s’agit plutôt de surprise. Et adopter de nouvelles saveurs prend du temps : en moyenne, jusqu’à 8 voire 10 tentatives. Industriels, il s’agit ici d’informer les parents pour les déculpabiliser et leur donner le courage de répéter les expositions ! Non, la première fois n’est pas un succès garanti. Mais votre panel de produits offre certainement de quoi retenter différemment, n’est-ce pas ?

Pour lire plus de résultats issus du programme HabEat, lire notre article « Expert » : Inciter les enfants à manger plus de fruits & légumes : des pistes prometteuses pour les industriels de l’agroalimentaire (réservé aux adhérents Vitagora).

 

Les jeux vidéo : les serious games à la rescousse

Autre méthode pour inciter les enfants à manger plus de fruits et légumes : les serious games. Vincent Péquignot, co-fondateur de Gamabilis (auparavant C’Tropfood), est parti d’un simple constat : « 50% des Français jouent régulièrement aux jeux vidéo. C’est désormais un média qui touche tout le monde. D’ailleurs, l’âge moyen des joueurs est de 35 ans. Avec le mobile (téléphone, tablette), toutes les catégories de la population sont touchées : notamment les femmes, auparavant moins majoritaires, et les jeunes enfants. »

En début d’année 2016, il lance Feed Twip : un jeu vidéo où les jeunes enfants ont pour mission de nourrir correctement l’adorable créature Twip.

 

« Notre conviction, c’est qu’une bonne alimentation n’est plus un problème de connaissances, mais de mise en pratique. Avec le jeu, nous mettons les joueurs en position de sensibilisation pour faire évoluer les comportements : nutrition saine, mais également anti-gaspi, alimentation durable, etc. Bien entendu, nos jeux ne sont pas des baguettes magiques qui déclencheraient un comportement idéal du jour au lendemain. Mais ce sont des outils qui s’inscrivent dans une sensibilisation globale et complète. »

Deux jeux sur l’alimentation, destinés aux enfants d’âge primaire, ont été développé par Gamabilis, et un troisième est actuellement en cours de développement. D’ores et déjà, ceux-ci comptabilisent plus de 8 000 téléchargements, et comptent sur l’aval d’acteurs à la notoriété reconnue (conseil d’Ile de France, fondation Bel…) pour augmenter leur visibilité.

Et du côté des résultats ? « Nous réfléchissons à des projets de recherche pour identifier les bons indicateurs du changement de comportements, notamment en travaillant avec Dominique Desjeux (un nom qui l’y prédisposait !), professeur d’anthropologie à la Sorbonne », explique Vincent Péquignot. « Identifier les indicateurs témoins pour évaluer l’impact de nos jeux, c’est notre prochain objectif. »

 

Pour aller plus loin

Accédez sur ce lien à notre article « Expert » : Inciter les enfants à manger plus de fruits & légumes : des pistes prometteuses pour les industriels de l’agroalimentaire (réservé aux adhérents Vitagora).

2 commentaires

Partagez votre opinion

christol

18 juillet 2018 à 08h14

bonjour, chez InVivo Food&Tech nous avons le plaisir de soutenir la start-up Dietemix et son projet GreenDoz pour inclure plus de légumes dans l'alimentation des enfants (et des grands !) grâce au goût. Une nouvelle façon de manger des légumes sous forme de farine qui ne permet pas de répondre totalement, mais qui participe à l'acceptation des légumes en plus grande variété et quantité. Un petit pas de plus vers l'alimentation goût et santé !

chabert michèle

17 juillet 2018 à 08h30

Très interessant, on a envie d'en savoir plus, surtout quand on est chercheur et qu'on souhaite travailler dans ce domaine.

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