04 sept. 2018

Innover en mode agile : les grandes entreprises s’y mettent (aussi)

Crédits photos : www.unsplash.com

 

 

Si l’innovation de rupture a longtemps été perçue comme le privilège des entreprises possédant à la fois du temps et de l’argent, la multiplication de start-ups dans le domaine de la FoodTech bouleverse depuis quelques années cette vision. Une entreprise n’aurait donc pas besoin d’un processus d’innovation éprouvé et hiérarchisé pour sortir sur le marché des produits novateurs ? Il n’existerait donc pas une seule méthode (efficace) pour innover ?

La méthode agile, qui façonne l’innovation au sein des start-ups (lire également notre article Innover de façon agile : s’inspirer des start-ups : ici), commence à pénétrer le monde de l’industrie agroalimentaire et notamment des grandes entreprises. Aline Jegou, responsable du Lab de Fleury Michon, innove depuis un an et demi en « mode agile ». Elle nous livre trois conseils pour implanter, dans une entreprise agroalimentaire, cette méthode d’innovation de plus en plus populaire.

 

Conseil #1 : dédier une équipe à l’agilité

Après 7 ans d’expériences marketing chez Fleury Michon (chef de produit, chef de marché), Aline Jegou bénéficie en 2017 d’un contexte favorable pour devenir responsable du Lab : « mon poste a été créé il y a un an et demi. A cette période, on traversait une réorganisation marketing du groupe, dont l’objectif était de se détacher du fonctionnement traditionnel des ‘business units’ afin d’être au plus près des besoins du consommateur. Le Lab est né de la volonté de reprendre de la hauteur sur l’innovation », explique-t-elle.

Si la cellule innovation du groupe reste focalisée sur le déploiement des nouveaux produits et services, le « Lab » est tourné vers l’exploration de nouveaux concepts pour des lancements d’ici 3 à 4 ans.

« Pitchs, facilitation de groupes, créativité, design thinking… Nous nous sommes formés au fur et à mesure », se rappelle Aline.

Aujourd’hui, l’équipe est composée de trois personnes à plein temps et de deux alternants. Aline est convaincue qu’il est nécessaire, pour une entreprise traditionnelle de l’agroalimentaire intéressée par l’innovation agile, d’avoir une équipe dédiée : « cela permet deux choses. D’une part, cette équipe est indispensable pour insuffler un esprit d’ouverture, de créativité, et d’expérimentation pour faire évoluer les pratiques d’innovation en interne. D’autre part, il faut des ressources à temps plein pour la mise en place opérationnelle de nos actions. »

Ainsi, parmi les missions du Lab, on retrouve la captation de signaux faibles, leur transformation en concept, mais également l’animation et la facilitation des méthodes agiles pour l’ensemble du groupe.

 

Conseil #2 : impliquer (concrètement) l’ensemble des services

« Tout ce que nous obtenons dans le lab va basculer dans le quotidien des collaborateurs ! », résume Aline.

Pour impliquer l’ensemble du groupe dans une nouvelle vision de l’innovation, Aline et son équipe ont mis en œuvre plusieurs idées :  

  • Des outils très concrets, à l’instar du « chariot de l’agilité » : actuellement au stade de prototype ce chariot (au sens premier du terme) mettra à disposition de tous les collaborateurs du groupe des objets invitant à la créativité, tel que des jeux de cartes, des blocs de post-it ludiques, etc. J’adore cette idée, simple à mettre en œuvre, mais permettant à chacun de véritablement « toucher » la créativité pour se l’approprier.
  • Des événements : hackathons, journée de rencontres avec des start-ups…
  • Un concept de parrainage entre cadre du groupe et start-up : « d’un côté, les start-ups foodtech bénéficient des compétences de nos parrains et marraines. D’un autre, les cadres du groupe trouvent dans ces échanges une ouverture très ludique, comme une bouffée d’air. »
  • Des (précieux) temps de rencontres et d’échanges en interne… D’où le concept des « amis du Lab ».

« Les amis du Lab sont des collaborateurs qui donnent de leur temps de travail à l’évolution de nos pratiques de l’innovation (et donc des managers qui acceptent aussi, car ils y voient l’intérêt pour leur service). C’est un groupe d’une dizaine de salariés, aux profils métiers et aux profils humains très variés : contrôleur de gestion, responsable qualité, extravertis, introvertis, etc. A fréquence régulière, de façon hebdomadaire et mensuelle, nous nous rencontrons pour leur faire prendre conscience de l’importance de l’innovation pour le groupe. Brainstormings, formations aux méthodes de créativité, projets sur le long-terme : grâce à ce concept, nous avons embarqué d’autres services dans le changement ! »

Volontairement, il n’y a aucun profil marketing dans le groupe. La raison ? « Ce serait contraire à notre idée de bousculer l’innovation. On ne veut pas que les concepts viennent exclusivement des marketeurs, tout salarié Fleury Michon peut avoir des idées ! », précise Aline, à l’aube de la sélection d’une seconde « promo » des amis du Lab.

 

Conseil #3 : s’octroyer le luxe d’y passer du temps

Aline Jegou remercie le soutien de sa direction dans la mise en œuvre de cette nouvelle vision de l’innovation : « La direction nous donne la place pour nous exprimer et pour embarquer les équipes dans l’aventure – et également, le luxe d’y consacrer du temps. Au bout d’un an et demi, nous nous rendons compte que Fleury Michon, grâce à cette organisation, est très bien positionnée en termes d’innovation agroalimentaire ».

Si elle est convaincue que cette démarche doit être porteuse de business pour l’entreprise, elle reconnait que les résultats ne se verront pas dans l’immédiat. « Parce que le Lab est détaché d’une mise en rayon rapide – et donc, des attentes de nos distributeurs – nous pouvons prendre du temps à imaginer de nouveaux concepts. Car du temps, nous en avons besoin pour observer, s’immerger, mettre en idée, tester… et recommencer ! »

Le « test and learn », technique au cœur de l’innovation agile (lire notre article ici pour en savoir plus), nécessite en effet d’expérimenter. « Lorsque l’on est tourné vers les attentes des distributeurs, il faut aller vite et taper juste du premier coup. Ici, nous avons moins de contraintes. On part en premier lieu des attentes des utilisateurs pour façonner une solution. Il nous faudra certainement revoir cette solution pour correspondre au marché, la « rogner » comme une image, par rapport à des contraintes. Mais contrairement à un département d’innovation traditionnel, nous avons beaucoup plus de liberté. Et beaucoup plus de temps. Un luxe. »

 

Pour conclure et aller plus loin

Les premiers résultats du Lab devraient bientôt se faire connaitre : certains projets sont d’ores et déjà au stade de la preuve de concept, et un premier lancement est attendu pour l’automne.

Pour aller plus loin sur le sujet, je vous conseille également de lire ces deux articles :

Si développer dans votre entreprise des méthodes nouvelles de créativité ou d’innovation vous intéresse, contactez-moi directement : claire.vanoverstraeten@vitagora.com.

1 commentaires

Partagez votre opinion

satin

04 septembre 2018 à 03h25

bravo pour ce bel exemple. du concret et de la réalité de terrain. Bravo aussi à la direction de FM qui a su laisser le champ libre pour essayer et faire murir le concept et les organisations adhoc . J'espère que d'autres entreprises du secteur auront à coeur de faire de même. Il suffit parfois de faire juste 2 pas de côté.

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