17 nov. 2020
« La gestion de l’eau n’est pas une mode » Industriels, comment passer à l’action ?
Cuisson, formulations, lavages, refroidissement… L’eau est essentielle à l’activité de l’industrie agroalimentaire, à l’origine de 20 % des eaux résiduaires de l’industrie française. Mais l’eau est également une matière première à préserver : selon le World Resources Institute, 17 pays, représentant ¼ de la population mondiale, seraient en situation de stress hydrique grave (c’est-à-dire qu’ils consommeraient presque la totalité de l’eau dont ils disposent).
Si la consommation d’eau industrielle a connu une hausse maitrisée ces 50 dernières années, notamment en rapport à la hausse de la consommation d’eau domestique (qui a bondi de 600% selon le World Resources Institute), l’industrie agroalimentaire n’est pas moins consciente de la nécessité d’améliorer en permanence son « efficacité hydrique ».
Pourquoi s’intéresser à la gestion de l’eau en tant qu’industriel de l’agroalimentaire ? Les solutions d’amélioration de l’efficacité hydrique existent-elles réellement ?... Ou ne s’agit-il que de « greenwashing » ?
J’ai échangé sur ces questions avec Raphaël Gallais, Directeur des Opérations chez BWT France. Entretien à lire ci-dessous.
Un conscience grandissante
Selon l’UNESCO, pour produire un œuf, il faut 135L d’eau, pour 1L de lait, il faut 1 000L d’eau, et il faut jusqu’à 5 000 litres pour produire 1 kg de riz. Face à cela, l’efficacité hydrique vise un usage plus intelligent des eaux de process en visant trois objectifs :
- Rationaliser les consommations
- Diminuer les rejets de polluants
- Revaloriser les eaux perdues.
Pour Raphaël Gallais, Directeur des Opérations chez BWT France, cela ne fait aucun doute : « la sensibilité des industriels sur la gestion de l’eau et ses enjeux environnementaux est croissante ». Sur la seule question de revalorisation des eaux, par exemple, près de 60 % des entreprises du secteur alimentaire affirment vouloir augmenter leur part de recyclage de l’eau. D’ailleurs, 90 % d’entre elles se sont déjà engagées dans cette démarche.
Il faut dire que les bénéfices sont nombreux : « valoriser les eaux perdues permet de répondre aux exigences d’un cadre réglementaire de plus en plus contraignant », détaille-t-il.
« Toutes les entreprises n’ont pas la même sensibilité sur la question de la gestion environnementale. Mais les événements naturels nous rappellent à cela. Les épisodes de stress hydriques récents, et réguliers, poussent les pouvoirs publics à demander aux industriels de prélever moins d’eau dans les réserves et de revaloriser les eaux usées », explique Raphaël Gallais. Mais Raphaël Gallais alerte toutefois les industriels sur les limites des motivations derrière une démarche d’efficacité hydrique : « il est nécessaire de voir au-delà des considérations purement RSE ».
L’efficacité hydrique : un levier de compétitivité
Pour Raphaël Gallais, la gestion hydrique constitue également un fort levier de compétitivité en améliorant la performance industrielle des entreprises… à condition de mettre en place une stratégie globale de gestion de l’eau, qui tient compte des différentes étapes du cycle industriel selon la règle des « 3 R » - « réduire, réutiliser, recycler ».
De nombreuses solutions innovantes existent, et peuvent s’adapter à chaque problématique industrielle :
- Pour alerter les industriels en amont d’une dérive (hausse de consommation inhabituelle, température, dureté de l’eau…), il est possible de mettre en place un suivi numérique global à distance, ajustable à chaque entreprise et à ses indicateurs ;
- Pour réduire l’utilisation industrielle des ressources naturelles en eau, tout en conservant la même capacité de production, BWT a développé une technologie de traitement des eaux perdues, le « Plug and Reuse ». « Il s’agit d’une unité mobile qui permet aux industriels de tester, pendant un ou deux mois, une solution de recyclage des eaux perdues (eau sortie de station d’épuration, eaux de process...) par des technologies d’ultrafiltration et d’osmose inverse. »
De quoi permettre aux industriels de faire face à des problématiques de stress hydrique, tout en réalisant des économies d’eau pour développer leur activité et leur croissance.
Une responsabilité environnementale à endosser
Mais la préservation de l’environnement par les industriels ne peut pas se limiter à l’optimisation de la gestion de l’eau. Raphaël Gallais invite ainsi les IAA à envisager des solutions plus respectueuses de l’environnement dans une démarche globale, intégrant également la notion de déchets plastiques ou de rejets de contaminants :
- Pour réduire la production de déchets plastiques liée à la gestion de l’eau, s’informer sur les emballages innovants destinés au conditionnement de formulations pour le traitement des eaux industrielles. Le « bag in box » de BWT permet par exemple une réduction de 75% de plastique par rapport à un jerrican classique.
- Limiter le recours aux biocides habituels (comme l’utilisation de la javel dans le cadre de la décontamination des eaux de tours aéroréfrigérantes), dont les emballages et le transport génèrent des conséquences désastreuses pour l’environnement, en favorisant par exemple des systèmes de fabrication in situ de solution désinfectante générée à la demande sur site en combinant sel, eau et électricité.
Sortir du « greenwashing » : passer à l’action
Andreas Weissenbacher, fondateur et PDG du groupe BWT, est connu pour ses prises de parole publiques sur les sujets liés à la préservation des ressources énergétiques : un « véritable ambassadeur, en tant qu’individu, de l’innovation au service de l’environnement », confirme Raphaël Gallais. Lors de son discours d’ouverture à l’occasion de l’Austrian World Summit en septembre 2020, il exprimait clairement sa position : « we don’t have a knowledge problem. We have an execution problem » (nous n’avons pas de problème de savoirs. Nous avons un problème d’exécution ») (réécouter son discours ici).
Raphaël Gallais précise : « tout le monde parle des enjeux énergétiques. Mais quelle est la réalité concrète des solutions ? La gestion de l’eau n’est pas une mode. Plutôt que de communiquer sur leurs ambitions, les industriels doivent passer à l’action – pour pouvoir apporter la preuve et communiquer ainsi sur ce qu’ils font. »
Pour aller plus loin
Pour en savoir plus sur les options disponibles au service des industriels sur le sujet de la gestion de l’eau, téléchargez gratuitement notre fiche performance « Réutiliser l’eau : un levier de valeur pour l’industrie agroalimentaire ».
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