02 juin 2020
Vitawatch de juin : votre veille agroalimentaire scientifique
Alimentation et santé, comportements des consommateurs, packaging, formulation des ingrédients, agriculture durable... Que retenir des derniers travaux de la recherche, à travers le monde, dans les domaines de l'alimentaire ?
Rôle de l'immunonutrition face au Covid-19, alimentation et démence, emballages à partir de durian, rupture de la chaîne du froid, fertilisant à partir d'urine... la recherche est parfois surprenante, mais véritablement sur tous les fronts, au service de l'innovation agroalimentaire.
Faites votre veille scientifique au service de votre innovation avec notre sélection « Vitawatch » de ce mois de juin.
Alimentation et santé
Coronavirus : Les médecins insistent sur le rôle de l’immunonutrition
S’il est suggéré depuis longtemps, le rôle de la nutrition dans la fonction immunitaire semble désormais se préciser, avec notamment l’identification d’un éventail de micronutriments nécessaires pour répondre aux besoins complexes du système immunitaire.
Dans un article paru dans BMJ Nutrition, les Dr Emma Derbyshire et Joanne Delange, de la société britannique de conseil en nutrition Nutritional Insight, s’appuient sur plusieurs études pour confirmer le rôle prépondérant dans l’immunité de trois de ces micronutriments : la vitamine C, antioxydant naturel, la vitamine D, immunorégulateur puissant et le zinc, « gardien » de la fonction immunitaire.
« Ce qui reste à confirmer, ce sont les doses et les durées de supplémentation nécessaires pour un effet avéré et efficient pour lutter contre une infection », concluent les médecins.
Une meilleure utilisation de l'immunonutrition, via la complémentation en vitamines et la consommation plus régulière d’aliments riches en micronutriments, associée à des politiques de santé publique adaptées pourrait ainsi bénéficier aux groupes vulnérables lors d'une pandémie comme le COVID-19.
La manière de combiner les aliments peut augmenter le risque de démence
Si l’effet bénéfique d’une alimentation saine sur le cerveau n’est plus à démontrer, il semblerait que la manière d’associer différents aliments pourrait avoir un lien avec les risques de démence, selon une étude publiée dans la revue Neurology. L’étude a porté sur 209 personnes atteintes de démence et âgées en moyenne de 78 ans, et sur 418 personnes adultes de tout âge qui ne souffraient pas de démence.
Celle-ci a démontré que les personnes dont le régime alimentaire est principalement composé de viande transformée, de féculent et de collations, sont plus susceptibles de souffrir de démence que les personnes consommant une plus grande variété d’aliments sains. Cecilia Samieri, doctorante à l’Université de Bordeaux et auteur de l’étude, explique que l’expérience a permis d’observer des traces de démences dans le cerveau, qui n’aurait pas pu être diagnostiquées avant des années.
Source : https://www.eurekalert.org/pub_releases/2020-04/aaon-wfd042020.php
L’extrait de Fenugrec pourrait permettre d’augmenter la masse musculaire
Le testofen, extrait de fenugrec (plante herbacée de la famille des protéagineux, peut s'avérer efficace pour les sportifs souhaitant améliorer leurs performances physiques. Dans le cadre d’une étude menée sur 138 hommes de 25 à 47 ans, parue dans Translational Sport Medicine, les chercheurs ont ainsi noté une diminution de la graisse corporelle de 1,4% et une augmentation de la masse maigre de 1,8% après huit semaines de prise. Ces résultats pourraient s’expliquer par l’augmentation du taux de testostérones libérées des globulines de liaison aux hormones sexuelles (SHBG).
Parmi les autres bienfaits du testofen : réduction des symptômes de la ménopause, diminution de la glycémie à jeun ou encore atténuation du déclin des androgènes (hormones stéroïdes sécrétées par les glandes surrénales qui stimulent le développement des caractères physiques masculins).
A noter : cette étude a été financée par Gencor Pacific, producteur de Testofen.
Source : https://www.nutraingredients.com/Article/2020/04/16/Fenugreek-extract-may-increase-strength-and-muscle-mass
Formulation des aliments / process
Les FODMAP peuvent être éliminés grâce à des enzymes, facilitant ainsi la digestion dans le cadre d’un régime végétal
De nombreux aliments végétaux, en particulier les légumineuses, contiennent des composés FODMAP (Fermentable Oligo, Di, Monosaccharides And Polyols) qui peuvent être mal digérés et provoquer des symptômes intestinaux désagréables.
Le centre de recherche technique de Finlande (VTT) a étudié deux composés FODMAP clés, le galactane et le fructane, dans le but de les éliminer des aliments en les décomposant grâce à des enzymes. « Nous avons utilisé à la fois des enzymes commerciales et celles produites par VTT dans le cadre du projet. Nous les avons utilisées pour tester l'élimination des FODMAP dans les concentrés de protéines de féverole, de pois, ou encore de seigle, ainsi que dans la farine de blé », explique Antti Nyyssölä, chercheur scientifique principal chez VTT.
Face aux résultats positifs, le centre de recherche a ensuite testé avec succès la résistance des enzymes lors de process de transformation de produits alimentaires.
« Les résultats seront très probablement utilisés ensuite dans le développement de nouveaux aliments, mais aussi dans la recherche universitaire afin de confirmer les effets positifs sur les symptômes intestinaux », conclut Antti Nyyssölä.
Source : https://www.eurekalert.org/pub_releases/2020-04/vtrc-amp041520.php
Sécurité alimentaire / emballage
Le durian, fruit d’Asie, permettrait de créer un emballage antimicrobien et respectueux de l’environnement
Dans le cadre d’une étude visant à développer un matériau biocomposite comme alternative aux emballages alimentaires actuels, une équipe de chercheurs de l'Université islamique internationale de Malaisie (IIUM) a identifié une solution à base d'acide polylactique (PLA), d'huile de palme époxydée et de fibres de peau de durian (fruit du sud-est de l'Asie, des îles du Pacifique et d’Amérique du Sud). La peau du durian, associée à de l’huile essentielle de cannelle, permettrait d’apporter des propriétés antimicrobiennes.
A noter que le durian est composé seulement à environ 60% de chair, les 40% restant étant des déchets (peau, graines...). La possibilité de réutiliser la peau permettrait donc de créer un matériau d’emballage respectueux de l’environnement à plusieurs titres : biodégradable (en quelques mois), réduction du plastique et réduction des déchets.
Autre atout de ce nouveau matériau : son potentiel en tant que consommable pour l’impression 3D.
Source : https://www.aipia.info/news-Learning-to-love-Durian-as-it-shows-antimicrobial-properties-1185.php
Rupture de la chaîne du froid : une étiquette donne l’alerte
Une équipe de recherche de l'Institut coréen de recherche en technologie chimique (KRICT) a développé un autocollant permettant de déceler si des produits alimentaires ont subi une rupture de la chaîne du froid, assurant leur conservation. Si c’est le cas, les bactéries qui se développent provoquent le changement d’aspect de l’étiquette, voire l’affiche d’un message d’alerte, grâce à la décomposition du film de nanofibres contenu dans l’autocollant.
Le Dr Dongyeop Oh du KRICT déclare : « Cet autocollant, une fois exposé à la température ambiante, ne peut pas être restauré à son état d'origine même si l'on tente de le réfrigérer ou de le congeler à nouveau. De plus, le temps d'exposition à la température ambiante ne peut pas être réglé manuellement, ce qui permet d’éviter toute manipulation frauduleuse ».
L’étiquette a d’autres atouts : fine et flexible, elle peut facilement être fixée sur tous types de produits, elle ne présente aucun danger chimique pour les aliments et son coût de fabrication estimé est très faible.
Source : https://www.eurekalert.org/pub_releases/2020-04/nrco-doa040620.php
Agriculture durable
L'urine humaine, fertilisant de l'agriculture de demain ?
Parmi les eaux usées, l’urine représente environ 80 % de l’azote et 50 % du phosphore, le tout concentré dans un faible volume comparé au volume global des eaux usées. Après traitement, l’azote peut permettre de produire des fertilisants (ou urinofertilisants) aux caractéristiques variées (teneur en nutriments, en contaminants, forme des éléments nutritifs...).
Afin d’étudier plus en détail les différents urinofertilisants envisageables, des essais agronomiques ont été mis en place sur le plateau de Saclay dans le cadre du projet de recherche AGROCAPI (INRAE, AgroParisTech, École des Ponts). L’efficacité fertilisante de ces traitements a été testée sur différentes cultures depuis deux ans (blé, colza et maïs grain). D’après les résultats, elle est proche des engrais minéraux et supérieure à des engrais organiques classiques comme un lisier bovin. Un kilogramme d’azote contenu dans un urinofertilisant a le même effet qu’un kilogramme d’azote d’engrais minéral. En complément de l’étude de la valeur fertilisante, les émissions de gaz à effet de serre, la volatilisation ammoniacale et les résidus médicamenteux sont en cours d’analyse.
Appliquée à l’agriculture, la recherche sur le microbiome pourrait permettre d’augmenter le rendement des cultures
Une équipe de chercheurs américains du CAMS (Center for Applied Microbiome Science) du PMI (Pathogen and Microbiome Institute de la Northern Arizona University) a publié un article intitulé « Phylogenetic farming: Can evolutionary history predict crop rotation via the soil microbiome? ». L’article fait état de leurs recherches sur l’impact du microbiome du sol sur les productions agricoles.
Après une expérience menée sur deux ans, les chercheurs établissent que la connaissance du microbiome du sol est primordial pour optimiser les cultures, et réduire les coûts liés à l’utilisation d'engrais et l’irrigation.
La prochaine étape de l'étude de la rotation des cultures sera d'identifier les facteurs importants pour le rendement des plantes. « Voulons-nous mettre en place des rotations de cultures qui prospèrent avec des microbiomes du sol similaires, afin que les bactéries et les champignons bénéfiques soient déjà en place pour soutenir la prochaine culture ? Ce serait une information précieuse, autant pour les petites exploitations agricoles que les grandes exploitations industrielles », souligne Greg Caporaso, directeur du CAMS.
Dans le cadre d’un projet connexe, les recherches vont également permettre de développer la compréhension du rôle de microbiome dans le processus de compostage.
Source : https://www.sciencedaily.com/releases/2020/04/200430170930.htm
Partagez votre opinion