31 octobre 2022
Les projets de Vitagora - bulletin d'octobre 2022
Résultats de projet et nouveau projet labellisés par Vitagora
MO3Santé – De nouveaux index de santé chez les vaches Montbéliardes pour garantir un élevage durable
Lancé en 2019, le programme MO3Santé s’est clôturé le 21 juin 2022 dernier, après plus de trois années d’étude ayant conduit au développement d’indicateurs et de méthodes sur la santé des vaches laitières de race Montbéliarde, à destination des éleveurs. Le projet de recherche portait sur l’identification des leviers de maîtrise de maladies bovines afin d’avoir une vache en bonne santé, robuste et résistante. Pour les éleveurs laitiers, prévenir l’apparition des maladies et les soigner est primordial pour améliorer le bien-être animal et la durabilité de l’élevage.
Les résultats de recherche ont porté en particulier sur l’analyse des carnets sanitaires, la résistance aux cétoses et l’amélioration de la santé du pied des bovins :
- L’analyse collective des données issues des carnets sanitaires ont permis de construire des références zootechniques, qui seront prochainement valorisées par un article scientifique.
Le carnet sanitaire informatisé est un outil dans lequel les éleveurs peuvent renseigner chaque événement de santé de la vie d’un animal, même s’il n’y a pas de traitement associé (par exemple : mammites, fièvres de lait, boiteries, etc.). Croisées avec des informations par élevage (taille, proportion d’animaux atteint par la maladie, niveau de production…), ces informations ont permis de produire de nouvelles références techniques et économiques sur les principales maladies d’élevage. Le conseil au service des éleveurs afin d’améliorer les pratiques d’élevage et la génétique s’appuient sur ces références. - La résistance aux cétoses et sub-cétoses : ce sont des maladies métaboliques qui se traduisent par des symptômes cliniques et par une acétonémie élevée, c’est-à-dire une accumulation importante de corps cétoniques dans le sang chez l’animal. 30% des vaches Montbéliardes sont détectées en risque de cétose dans les 100 premiers jours de lactation. Ce risque augmente même suivant le rang de lactation ! c’est ce que conclut le projet MO3Santé.
La cétose a de nombreux impacts négatifs sur la performance des vaches : baisse de la production laitière, baisse du taux protéique, problèmes sur la reproduction, risques augmentés d’autres maladies, conséquences économiques… La détection des cétoses et leur traitement permet de limiter fortement ces impacts. Le projet MO3 a confirmé que la résistance à la cétose chez la vache Montbéliarde est un caractère héritable qui peut être maîtrisé. Lors des contrôles laitiers, l’analyse des concentrations en corps cétoniques directement dans le lait permet de prédire le dosage d’acétonémie dans le sang et donc d’identifier les vaches les plus à risque. Grâce à ce nouveau caractère, les éleveurs peuvent sélectionner lors de l’accouplement, des vaches et des taureaux naturellement résistants aux risques de cétose pour garantir un élevage durable. - L’étude de la santé podale et des boiteries : les résultats du programme pourront être utilisés pour aller plus loin dans l’évaluation génétique de la santé des bovins et produire des index de santé podale pour les vaches Montbéliardes.
« Un des aboutissements du programme serait une synthèse santé globale », conclut Marie Bérodier Gomès, co-coordinatrice du projet. « Les éleveurs ont particulièrement été impliqués dans la démarche de réflexion : quels seraient les poids à affecter aux différents index en santé selon eux ? Comment sera la vache Montbéliarde en bonne santé de demain ? » dans cet objectif de synthèse santé globale dont le but est d’allonger la vie productive des vaches laitières.
Coordonné par MO3, et labellisé par Vitagora, le projet MO3Santé est financé par la région Bourgogne-Franche-Comté via la BPI. Le consortium, interdisciplinaire, rassemble l’Institut de l’Elevage, l’INRAE, Alliance, les GDS du Doubs, de la Haute-Saône et du Territoire de Belfort, les Conseils en Elevage des mêmes départements, le GEC, la FIDOCL et UMOTEST.
Lancement du projet PIVERT : Exploiter la génétique du pois pour éliminer le goût vert des graines
Le projet de recherche PIVERT qui débutera scientifiquement à partir du 1er janvier 2023 pour une durée de 4 ans est financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR) et labellisé par Vitagora, regroupe l’expertise de 4 unités de recherche : l’UMR Agroécologie de Dijon (qui coordonne le projet), le Centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation (CSGA) de Dijon, l’UMR Santé de la Vigne et Qualité du Vin (SVQV) de Colmar et l’Institut des Sciences des Plantes - Paris-Saclay (IPS2).
« Tout a commencé avec le projet FUI LEG’UP, labellisé Vitagora et coordonné par Dijon Céréales en 2015. A l’époque à l’UMR Agroécologie, ce sont les deux chercheurs de l'INRAE Gérard Duc et Richard Thompson qui ont initié ce travail génétique sur le goût, c’était très stimulant ! Poursuivre les recherches sur les propriétés organoleptiques des graines de protéagineux est d’actualité et nouveau, il y a encore beaucoup de connaissances à acquérir », explique Vanessa Vernoud, chercheuse dans l’UMR Agroécologie à l’INRAE Dijon.
- Le rôle majeur du pois dans les transitions agroécologiques et nutritionnelles
Les légumineuses (pois, fèves, lentilles,…) produisent des graines riches en protéines à haute valeur nutritionnelle (environ 23 % chez le pois) qui présentent de nombreux avantages pour l’alimentation humaine. De plus en plus de produits de seconde transformation à base de protéines de pois ou féveroles sont fabriqués comme le steak végétal, les falafels… qui pourraient contribuer à répondre à la demande croissante des consommateurs pour des produits à base de protéines végétales ou compenser l’apport nécessaire en protéines dans les régimes végétariens.
Le projet PIVERT, centré sur le pois protéagineux, s’inscrit dans les transitions alimentaire et agroécologique : alimentaire d’une part, car il y a un besoin de rééquilibrer notre ratio de consommation de protéines d’origine animale et végétale. En effet, en France le ratio de consommation de protéines d’origine animale et végétale est de 65/35 alors que les recommandations de l’OMS sont de 50/50. Agroécologique d’autre part, puisqu’en tant que légumineuse, le pois est capable de fixer l'azote atmosphérique, évitant le besoin d'engrais azotés pour sa croissance. Ainsi, les systèmes de culture qui utilisent des légumineuses permettent de diminuer les intrants.
Malgré ces avantages, les ingrédients dérivés du pois (farines, isolats ou concentrés de protéines) restent encore sous-exploités par l’industrie agroalimentaire. L'un des principaux freins à leur utilisation est leur perception sensorielle défavorable entraînant une faible acceptation par les consommateurs : le pois a mauvais goût ! Pour exploiter pleinement le potentiel de la protéine de pois et renforcer sa valeur marchande, le problème de goût indésirable doit être éliminé. « Dans ce projet, nous faisons l'hypothèse que la génétique végétale pourrait représenter un levier important pour relever le défi de la saveur des protéines de légumineuses, précise Vanessa Vernoud, et en exploitant à la fois la diversité génétique induite et naturelle du pois, nous espérons supprimer ou réduire l’accumulation dans la graine des molécules responsables du mauvais goût ».
- D'où provient le goût vert des graines de pois et comment améliorer leurs propriétés organoleptiques ?
Ces molécules responsables du mauvais goût sont des volatils produits lors du développement de la graine et c’est leur accumulation qui va conférer le goût « vert/herbacé », peu savoureux de l’aliment. Certaines de ces molécules peuvent aussi apparaître lors de la trituration des graines ou de l’extraction des protéines. Le projet PIVERT ciblera les composés organiques volatils issus de l’oxydation des acides gras par des lipoxygénases (comme l’hexanal par exemple), ainsi que les méthoxypyrazines. Le but du projet est d’identifier des lignées ou des écotypes de pois avec des teneurs réduites ou des profils modifiés en composés volatils et avec des propriétés organoleptiques améliorées.
Une première approche consistera à utiliser la diversité génétique induite par TILLING (Targeting Induced Local Lesions in Genomes) afin d’identifier des mutations dans les gènes clés impliqués dans la biosynthèse des composés volatils source de mauvais goût (méthoxypyrazines et volatils issus de l’activité de lipoxygénase). En parallèle, des analyses métabolomiques non ciblées des graines de deux cents écotypes de pois, représentatifs de la diversité génétique naturelle pour cette espèce, seront réalisées afin d’identifier des profils d’émissions de volatils contrastés. Enfin, le matériel génétique issu de ces deux approches sera testé en analyses sensorielles (test consommateur par exemple) afin de déterminer si les génotypes identifiés ont un goût amélioré ou non, et pourquoi. Les analyses physico-chimiques et l’évaluation sensorielle permettront de savoir quelle(s) molécule(s) est(sont) responsable(s) des problèmes gustatifs et de mieux comprendre l’élaboration du goût.
L’aboutissement du projet PIVERT devrait permettre d’acquérir des connaissances sur le contrôle génétique de l’accumulation des composés volatils, source de mauvais goût, ainsi que du matériel végétal directement exploitable par les sélectionneurs pour le développement de nouvelles variétés de pois plus adaptées à l’alimentation humaine. « Notre rôle sera aussi de s’assurer que cette amélioration des propriétés organoleptiques dédiée à l’alimentation humaine, ne se fasse pas au détriment d’un autre caractère important pour le développement du pois », conclut Vanessa Vernoud.
Pour en savoir plus
Cindy Tran, chargée de communication, cindy.tran@vitagora.com