26 juin 2018

Innover plus vite et mieux : pourquoi et comment mettre en œuvre une démarche d’open innovation

 

Crédits photos : www.freepik.com

 

L’open innovation, ou innovation ouverte, est l’une de ces expressions que l’on entend à tout-va, sans savoir précisément que mettre derrière ni pourquoi l’on s’y intéresse. Dans l’agroalimentaire, les démarches d’open innovation restent encore rares et souvent le fait de grands groupes. Pour autant, celles-ci sont très prometteuses et ouvrent la porte à des circuits d’innovation plus rapides et plus performants.

 

Qu’est-ce que l’open innovation ? Pourquoi s’y intéresser ? Comment convaincre votre direction d’ouvrir un service d’open innovation dans votre entreprise ? Retour d’expérience de Muriel Charlet, Open Innovation Manager, et Jean Favre, Directeur Open Innovation et Prospective, au sein du Groupe BEL.

Qu’est-ce que l’open innovation ?

Ingénieurs ou responsables de R&D dans l’agroalimentaire, vous êtes très certainement confrontés à la lenteur des processus d’innovation : circuit linéaire d’émergence d’idées, depuis les services marketing ou développement d’affaires, développements techniques confrontés aux attentes, allers-retours incessants, contraintes des prises de décisions, etc. Selon le site internet Clydes.fr, 90% des entreprises estiment qu’elles innovent trop lentement.

Pour lever ce verrou, l’open innovation voit le jour dans les années 2000. Inspirée de l’innovation des start-ups, son fondateur, Henry Chesbrough (enseignant chercheur à Berkeley) la définit ainsi : « l’innovation ouverte est l’utilisation de flux de connaissances sortants et entrants pour accélérer à la fois l’innovation interne et le marché des usages externes de l’innovation ».

En d’autres termes, l’innovation ouverte repose sur la collaboration entre les différents services d’une entreprise (marketing, commercial, R&D, etc.) : partager les connaissances, les idées, faire confiance aux différents métiers pour s’affranchir d’un schéma linéaire d’innovation.

Pourquoi la pratiquer dans votre entreprise ?

Pour Muriel Charlet, Open Innovation Manager chez BEL, la pertinence de l’open innovation ne faisait aucun doute : « plutôt que de n’avoir qu’un seul flux à l’origine de nos innovations, issu du business ou du marketing, l’open innovation nous amène un second flux : technique et scientifique. C’était un moyen essentiel pour nous ouvrir à de nouvelles idées. ».

 

Investi dans l’innovation depuis toujours, il était donc naturel que le groupe chemine vers une vision « technopush » de l’innovation dans les années 2012-2013 pour aboutir en 2017 à la création d’une équipe de 3 personnes dédiée au développement de l’open innovation.

 

 « La création de cette équipe est articulée autour de trois missions prioritaires visant à initier et développer l’open innovation au sein du Groupe, précise Jean Favre, Directeur Open Innovation et Prospective chez BEL :

  • « Contribuer à concevoir des projets d’innovation et alimenter le portefeuille d’innovations des différentes marques du groupe ;
  • Transformer les pratiques d’innovation pour gagner en rapidité, pertinence et renforcer la focalisation sur l’expérience consommateurs. Une démarche qui implique l’utilisation de méthodes agiles et créatives de type lean management ou design thinking, sprints etc… et faisant appel à l’intelligence collective (interne et externe). En apprendre plus sur le lean management ici et sur le design thinking ici 
  • Porter ou contribuer à des projets d’innovation de rupture, qu’il s’agisse de rupture technologique, de rupture de l’offre autour de l’expérience consommateur ou d’évolution de notre de business model ».

Pour quel retour sur investissement ? Rapidité, résultats : « Des effets visibles en 1 an ! »

Mise en place en 2017 dans l’entreprise, qu’a apporté l’open innovation chez BEL ? « En un an, on a pu montrer que ces approches fonctionnent et sont efficaces», confirme Jean Favre.

En seulement un an, les résultats sont effectivement à la hauteur des attentes et de l’énergie investies. « Et ce sont des résultats tangibles », précise Jean Favre. Ainsi, l’open innovation est à l’origine de :

  • 20 à 25% des projets d’innovation produits « prioritaires » pour le groupe
  • Une procédure d’innovation plus rapide : « dans le passé, nous avions besoin de 6 à 11 mois entre la naissance de l’idée et l’ajout du projet au portefeuille de nos marques », explique Jean Favre. « Désormais, en seulement 5 jours, répartis sur 2 à 3 semaines seulement, nous passons d’une simple thématique à un projet concret, d’ores et déjà validé par au moins une interaction avec les consommateurs ou utilisateurs. » Ce processus a pu être aussi testé pour de l’innovation au-delà du produit et du packaging (sujets RH, circuit de distribution par exemple…)
  • La constitution d’un réseau externe renforçant la capacité à innover du groupe et accélérer ses processus d’innovation
  • Enfin (et surtout) une reconnaissance interne par les autres départements du groupe, qui sollicitent l’équipe Open Innovation de plus en plus pour nourrir leurs processus d’innovation, et ce sur différents types de métiers.

Concrètement, comment vous y prendre ?

Muriel Charlet et Jean Favre nous livre une partie de leur recette pour une mise en œuvre efficace de l’open innovation dans une entreprise agroalimentaire traditionnelle :

  • Être tourné vers la recherche de résultats: « cela évite l’écueil de l’open innovation des années 2000 », précise Jean Favre. « Il faut penser business, retour sur investissement : créer des écosystèmes d’affaires, livrer des résultats opérationnels et actionnables, suivre vos retombées pour gagner en crédibilité. Il ne s’agit pas uniquement de faire de la créativité, mais de permettre d’avoir un impact sur le marché et accompagner la transformation de notre groupe. »
  • Décloisonner les services: « il faut mettre en œuvre l’intelligence collective. Pas évident dans une entreprise organisée en silo comme la nôtre… mais indispensable, » explique Muriel Charlet. « Concrètement, il faut réunir autour de la même table différents services, internes mais aussi externes par l’intervention de partenaires. Ici, on ne se connait pas tous ! Réunir les bonnes personnes au même moment est essentiel. »
  • Mobiliser les expertises nécessaires autours et créer les synergies au bénéfice de la réussite des projets. En somme donner un sens plus grand à une équipe que ce que chacun peut délivrer seul, et permettre à cette équipe de décider rapidement en autonomie…
  • Ouvrir vos portes à de nouveaux profils d’innovateurs et célébrer la diversité : « Lorsque nous avons ouvert notre service d’open innovation, nous recherchions une complémentarité de plusieurs profils », explique Jean Favre. « Nous souhaitions une alchimie entre des profils expérimentés, déjà présents, et des profils juniors « millennials », pour apporter un regard neuf. Faire de l’open innovation, c’est assembler des compétences diversifiées autour d’un état d’esprit pionnier : il faut être force de proposition, tourné vers l’échange et l’accompagnement du changement, ne pas avoir peur de la création à partir d’une page blanche. En somme être « architecte maçon » ! », précise Jean Favre.

Et tout porte à croire que cette recette est la bonne : Muriel Charlet et Jean Favre sont intervenus plusieurs fois en entreprise, dans des grands groupes ou des PME, pour partager leur expérience. « Lorsque que nous avions élaboré notre processus de génération de projet (Innovation House) nous avions rencontré de nombreuses entreprises de différents secteurs qui nous avaient ouvert leurs portes pour échanger avec nous en toute simplicité. Alors, aujourd’hui c’est une façon de restituer à l’écosystème ce qu’il nous a donné… Quand on croit en l’intelligence collective, il faut aller jusqu’au bout de la démarche et cette ouverture est un peu le sens de l’open innovation ! », concluent-ils.

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