14 déc. 2020
Vitawatch de décembre : votre veille agroalimentaire scientifique
Des plantes naturellement moins allergènes pour limiter les risques d'allergies chez les consommateurs... Le rythme de modification du microbiote comme signe avant-coureur de diabète de type 2... Des astuces pédagogiques pour réduire le gaspillage alimentaire à la maison, ou pour inciter à la consommation de plats sains... La mise au point d'un nouveau procédé de mesure de la capacité antioxydante des aliments... Le colza comme une protéine d'avenir ?
A travers le monde, des Etats-Unis au Japon, les chercheurs en nutrition-santé, comportements alimentaires, et agronomie, nous alimentent de leurs dernières découvertes.
Avant les fêtes de fin d'année, ne manquez pas notre dernière « Vitawatch », votre veille scientifique de 2020, au service de votre innovation dans l'agroalimentaire !
Alimentation et santé
Lutter contre les allergies alimentaires à la source
Afin de contrer les allergies alimentaires et les conséquences qu’elles impliquent (risques pour la santé, dépenses en soins médicaux, etc.), une des solutions explorées est de travailler à la source du problème, c’est-à-dire sur les plantes allergènes elles-mêmes. Eliot Herman, membre de la Crop Science Society of America, concentre ses recherches sur le soja, un ingrédient difficile à éviter car très présente dans l’alimentation sous de nombreuses formes (huile, lécithine, protéine...), et qui entraine des allergies, particulièrement chez les enfants et les nourrissons.
Après plusieurs années de recherche, Eliot Herman est parvenu à développer une gamme de soja qui, naturellement, ne produit aucune protéine allergène. La grande avancée réside dans le fait que ce soja n’est pas génétiquement modifié (OGM) et répond ainsi à la demande des consommateurs. « Ce nouveau soja est destiné à être un prototype à faible taux d'allergène à tester en tant que gamme conventionnelle sans OGM pour atténuer la réponse allergique des consommateurs », déclare Herman.
Source : American Society of Agronomy
Le diabète de type 2 pourrait être détecté en amont grâce au microbiote
Une équipe de recherche du ZIEL (Institut pour l’alimentation et la santé de l’Université technique de Munich) a mené une étude d’importance sur le lien entre microbiome intestinal et diabète. Réalisée sur plus de 4 000 personnes, cette étude a notamment permis d’identifier que les bactéries de l’intestin évoluent à un rythme différent chez les sujets qui développeront à terme le diabète de type 2, en comparaison avec des sujets sains, qui ne contracteront pas la maladie à terme.
« Lorsque certaines bactéries intestinales ne suivent pas un rythme jour-nuit, c’est-à-dire si leur nombre et leur fonction ne changent pas au cours de la journée, cela peut être un indicateur potentiel d'une maladie telle que le diabète de type 2. Savoir cela peut améliorer le diagnostic et les perspectives du diabète de type 2 », a déclaré la chronobiologiste Dr. Silke Kiessling, qui a contribué à l'étude.
Cette découverte confirme l'hypothèse selon laquelle les modifications du microbiome ont un effet sur les maladies liées à la nutrition et que l’analyse du microbiome peut servir dans la détection de maladie. La manière dont les bactéries intestinales évoluent ou non au cours de la journée affecte également d'autres maladies associées au microbiome telles que la maladie de Crohn ou le cancer.
Source : https://www.tum.de/nc/en/about-tum/news/press-releases/details/36118/
Formulation des aliments / process
Le colza : protéine d’avenir ?
La protéine de soja, qui représente aujourd’hui 95% de toutes les protéines d’origine végétale cultivées mondialement et qui présente de nombreux atouts (contient les neuf acides aminés essentiels, pas de cholestérol et peu de matières grasses), pourrait bientôt être détrônée. Les chercheurs de l’Institut des sciences agricoles et nutritionnelles de l’Université de Martin Luther King de Halle-Wittenberg (Allemagne) ont identifié une nouvelle source de protéines végétales prometteuse : le colza.
« Des études antérieures ont montré un profil d’acides aminés intéressant dans le colza, comparable à celui de la protéine de soja », explique Christian Volk, nutritionniste en charge de la nouvelle étude. Celle-ci avait pour objectif de déterminer les effets du colza sur le métabolisme et a permis d’établir que la protéine de colza a des effets comparables à la protéine de soja sur les paramètres métaboliques et sur les facteurs de risque cardiovasculaire. « Le colza produit même une réponse à l’insuline légèrement meilleure ».
Cependant, la protéine de colza présente un goût marqué de moutarde, et ne peut donc a priori être utilisée que pour des produits salés. La molécule de kaempférol 3-0, responsable du goût amer, pourrait cependant en limiter l’effet. « C’est un défi pour l’industrie alimentaire, mais je suis convaincu qu’avec des travaux de recherche complémentaires, il y aura de nombreux produits optimisés intégrant la protéine de colza. »
Source : https://www.sciencedaily.com/releases/2020/09/200930110124.htm
Comportements des consommateurs
Pour quelles raisons les consommateurs pensent qu’un plat agréable à regarder est meilleur pour la santé ?
Une équipe de l’Université de Caroline du Sud (Etats-Unis) a étudié dans quelle mesure l’esthétisme d’un plat influençait le consommateur dans sa perception des bienfaits de ce même plat.
Dans une série d'expériences, les chercheurs ont ainsi testé si le même aliment était perçu comme plus sain quand il était beau, en suivant les principes esthétiques classiques (la symétrie, l'ordre et les modèles systématiques). Une des expériences a consisté à présenter des toasts à l’avocat à deux groupes de consommateurs : le premier groupe avait de jolis toasts, bien présentés, alors que le second avait des toasts mal présentés. Malgré des informations identiques sur le produit, les répondants ont évalué le pain grillé à l'avocat comme globalement plus sain (plus nutritif, moins de calories) et plus naturel (moins transformé) s'ils voyaient la jolie version par rapport à la version moins engageante. L’esthétisme a donc affecté les jugements de naturalité, ces jugements entrainant également des différences sur la perception de l’aspect « sain » du produit. Et les consommateurs vont plus loin puisqu’ils ont affirmé, lors d’une autre expérience, être prêts à payer beaucoup plus cher un beau poivron qu’un poivron « moche », notamment parce qu’ils pensent que le beau poivron est plus sain.
Les résultats de cette étude sont intéressants pour l’utilisation qui peut en être faite par les spécialistes du marketing et les défenseurs de la santé publique. Hagen explique en effet que « l'esthétique classique peut être une nouvelle façon subtile et gratuite de transmettre le naturel et la salubrité - des attributs que les consommateurs exigent de plus en plus dans les produits alimentaires. En même temps, une jolie présentation des aliments peut fausser de manière optimiste les estimations nutritionnelles et avoir un impact négatif sur les décisions alimentaires des consommateurs. Les décideurs politiques peuvent ainsi envisager de renforcer les réglementations et d’associer les images alimentaires à des informations nutritionnelles objectives ».
Source : https://www.sciencedaily.com/releases/2020/11/201107133908.htm
Méthode pour réduire le gaspillage alimentaire à domicile
Face à une population américaine qui jette l’équivalent de 165 milliards de dollars de nourriture chaque année, les chercheurs du College of Health Solutions de l’Arizona State University ont cherché à identifier les leviers qui permettraient de réduire ce gaspillage alimentaire, en s’appuyant notamment sur le concept de « valeur ». « Si vous pouvez montrer aux gens combien ils gaspillent et ce que cela signifie en termes de dollars ou d'occasions perdues pour leurs enfants de manger des fruits et des légumes bons pour leur nutrition, alors vous avez redonné de la valeur à la nourriture, et cela pourrait potentiellement réduire le gaspillage alimentaire », explique Chris Wharton, chercheur en initiatives stratégiques et innovantes.
Pendant 5 semaines, les 53 familles de la région de Phoenix (Arizona) qui participaient à cette expérience ont reçu des instructions à afficher chez eux : par exemple, sur le stockage adéquat des aliments, ou la manière de déchiffrer les dates d’expiration. Elles avaient également à disposition du matériel pédagogique mettant en évidence trois valeurs généralement associées à l’alimentation : le coût, la santé, et l’impact sur l’environnement. À la fin de chaque semaine, les participants ont pesé et enregistré la quantité de déchets alimentaires qu'ils avaient accumulée en utilisant un bac en plastique transparent pour stocker les déchets et une balance de qualité alimentaire pour les peser.
Les résultats de l’étude montrent que le gaspillage alimentaire a été réduit de 28% en moyenne pendant l’expérience, notamment en raison de la « visibilité » des déchets jetés, grâce au bac transparent et au chiffre affiché sur la balance.
Bien que ces résultats soient statistiquement significatifs, l'étude n'a fait qu'effleurer la compréhension des valeurs que nous associons aux aliments et leur influence sur le comportement du gaspillage alimentaire. À l'avenir, Wharton et ses collègues veulent en savoir plus à ce sujet afin de développer un modèle prédictif pour améliorer les interventions futures.
Source : https://www.sciencedaily.com/releases/2020/10/201006114258.htm
Sécurité alimentaire / emballage
Mise au point d’un nouveau procédé de mesure de la capacité antioxydante des aliments
Les antioxydants présents dans l’alimentation ont un rôle important dans la préservation de la santé et la prévention de certaines maladies, telles que l’artériosclérose, le cancer, ou encore la diminution de la fonction immunitaire. La détection de la teneur en antioxydants des aliments est donc primordiale, mais les méthodes conventionnelles sont lourdes (séparation, extraction et analyse colorimétrique complexes).
Des chercheurs de l’Université de Kumamoto, au Japon, viennent de mettre au point un système novateur permettant de mesurer rapidement et facilement la capacité antioxydante des aliments. Le nouveau système électrochimique utilise une microémulsion bicontinue (BME) sous forme de gel, un mélange d'eau et d'huile qui ne se mélangent normalement pas, intégrée à une électrode.
« Notre système peut être utilisé pour le contrôle de la qualité de la viande, du poisson, des légumes, des fruits, du chocolat, des cosmétiques et d'autres produits dans les ateliers de production, de fabrication et de vente au détail », explique le professeur Kunitake, en charge de l’étude. « Si l'analyse des produits alimentaires devient plus accessible, elle pourrait donner une valeur ajoutée aux produits alimentaires, aider à trouver les meilleures conditions de production, et éventuellement devenir un critère pour juger si les produits alimentaires sont à la fois savoureux et sains ».
Source : https://www.sciencedaily.com/releases/2020/11/201112100905.htm
Agriculture durable
Les cultures de riz, de kiwis et d’agrumes devraient désormais pouvoir être protégées des infections bactériennes grâce à des alcaloïdes d'origine végétale
Certaines infections bactériennes qui affectent les plantes sont très résistantes et n’ont pas encore de traitements préventifs ou curatifs efficaces. C’est notamment le cas de la brûlure des feuilles de riz, du chancre du kiwi et du chancre des agrumes.
Dans un article paru dans Journal of Agricultural and Food Chemistry, de l’ACS (Americain Chemical Society), une équipe de chercheurs indique avoir probablement trouvé enfin le remède miracle, à base de dérivés d’alcaloïdes naturels de plantes tétrahydro-β-carboline (THC). Ces composés végétaux sont en effet reconnus pour avoir des activités antitumorales, anti-inflammatoires, antifongiques, antioxydantes et antivirales. En utilisant un alcaloïde THC appelé eleagnine (notamment produit par les oliviers russes) et en l’associant à différents groupes chimiques, les chercheurs ont obtenu deux nouveaux composés capables de prévenir et de traiter les infections bactériennes sur les feuilles de riz, de kiwis et d’agrumes.
Journal of Agricultural and Food Chemistry
Partagez votre opinion