29 févr. 2016

2015, l’an 1 de la disruption FoodTech

FoodTech

Un vrai foisonnement ! L’année passée aura clairement été marquée par une phase d’innovation majeure autour de la FoodTech (c’est-à-dire, les applications ou produits mettant les nouvelles technologies au service du domaine alimentaire) et ceci tout au long de la chaine de valeur. 2015 lance une révolution. OK, mais pourquoi maintenant ? Quels sont les domaines les plus touchés et de quelle(s) manières(s). Enfin, à quoi devons-nous nous attendre pour la suite ? Pour obtenir les réponses à ces questions passionnantes, j’ai interrogé Kevin Camphuis, cofondateur de ShakeUpFactory, plateforme d'accélération et d'investissement dédiée aux startups internationales de Food et de Travel. Ce spécialiste reconnu travaille quotidiennement sur le sujet et m’a éclairée. Je vous fais part de ses observations. Attention, elles devraient vous agiter les méninges !

Pourquoi 2015 ? Un concours de circonstances hyper-favorables

Imaginez qu’à une période donnée se forme une conjonction particulière. Celle de la maturité des technologies couplée à un fort intérêt des investisseurs. Le tout dans un secteur générateur d’opportunités de business en train d’acquérir une infrastructure et un soutien institutionnel. Eh bien, c’est ce que nous avons connu l’an dernier.

Je vous détaille tout ça :

  • Des entrepreneurs agiles, issus des meilleures universités, voire de grands groupes, qui savent constituer des équipes de valeur pour développer leur projet.
  • Ajoutez des programmes universitaires spécialisés dans le Food, des pépinières et des d’événements favorisant les relations avec les investisseurs.
  • Compléter avec de multiples « technos » désormais matures et auxquelles les startups ont facilement accès.


Secouez et vous obtenez la recette de la disruption actuelle.

« L’alimentaire traditionnel ne brille pas par ses capacités d’innovation, souligne Kevin Camphuis. Alors les nouveaux entrants en profitent et se lancent, avec succès ». En 2014, les experts ont senti les prémisses d’un bouleversement. Quelques projets chocs ont commencé à faire parler d’eux (Hampton Creek, Beyond Meat, par exemple). « Cette première génération a su séduire les investisseurs et a posé les jalons », précise notre spécialiste.

Maintenant, c’est l’explosion en Europe, aux USA et en Chine, principalement. La preuve : pour la première fois, des startups de FoodTech sont apparues dans le top des licornes (startups valorisées à plus d’un milliard de dollars). Selon le dernier panel du WSJ, 5 sont entrées en 2015 : 2 européennes, 2 américaines et 1 chinoise.

Crédit : Wall Street Journal


En Europe précisément, c’est Rocket Internet qui mène le mouvement avec 2 projets dans le top 5 des licornes européennes : DeliveryHero et HelloFresh, deux startups spécialisées en solution de livraisons de repas à domicile. En France, DeliveryHero s’est lancé en 2015 sous la marque Foodora.

Selon Kevin Camphuis (base CBInsight), pas moins de 10 milliards de dollars ont été investis (dont 100 à 150 millions pour la France) en 2015, soit 10% des levées de fonds tous secteurs confondus. Un pourcentage modeste vu que le Food pèse 15% du PNB mondial, mais surtout une somme équivalente à ce que dépense en R&D l’industrie traditionnelle

En octobre, s’est tenue BonAppétech à San Francisco. Cet événement phare FoodTech a rassemblé plus de 80 startups « early stage » du monde entier durant 2 jours. Encore besoin d’être convaincu du dynamisme du secteur ?

Food disruption : toute la chaine de valeur est concernée

Agriculture de précision, BigData, DataScience, Biotech, IOT, Robotics, IA, GPS, social… La Food disruption est partout. J’ai demandé à Kevin Camphuis d’établir une petite sélection. Partons du champ pour arriver à l’assiette, en passant par la cuisine :

  • Farmlogs s’appuie sur une collecte de données ouvertes (météo, photos satellite, transactions de marchés de matières premières) pour produire des tableaux de bords destinés à aider les agriculteurs à mieux piloter leur activité. Ils annoncent déjà fournir des infos à près d’un « farmer » sur 3 aux Etats-Unis après seulement 18 mois d’existence.
  • Autre exemple : Seb. Le groupe multiplie les lancements d’appareils connectés et a lancé un programme de recherche de grande ampleur, OpenFoodSystem, qui inclut tout un ensemble de services dérivés.
  • Après avoir bénéficié d’un fonds d’amorçage de Google en 2013 pour sa balance connectée, OrangeChef planche en ce moment sur Countertop, une plateforme dédiée à la connexion des appareils de cuisine.
  • Foodini, quant à lui, a lancé fin 2015 une imprimante 3D Food censée réaliser une centaine de plats automatiquement !
  • De son côté, ChefWatson IBM peaufine des recettes par lui-même à partir de combinaisons d’ingrédients auxquelles l’humain n’aurait pas pensé.
  • Enfin, BeyondMeat, startup créée en 2009 et financée par Bill Gates, est parvenue après 3 ans de recherches toute une gamme de viandes dépourvues de protéines animales.

Les recettes à venir : des services à inventer pour faciliter la vie

Alors what’s next ? Selon Kevin Camphuis, l’avenir est complètement ouvert et la dynamique en cours va s’amplifier. « Je constate une capacité à inventer des réponses nouvelles et rupturistes aux besoins de se nourrir tous les jours de manière saine, abordable et variée, conclut-il avant d’enfoncer le clou : ces solutions combinent des technologies non maîtrisées par l’industrie traditionnelle de l’agroalimentaire et inventent des services qui facilitent la vie des utilisateurs comme jamais auparavant … »

Quelques concepts méritent notre attention, à l’instar du "last mile delivery" : la livraison de repas à domicile aiguise l’appétit de nombre d’acteurs mondiaux qui espèrent bien substituer au moins un repas par semaine, en le livrant depuis un restaurant ou une cuisine centrale. Rocket Internet estime à 90 milliards de dollars, d’ici 2018, ce nouveau segment de marché.

« La France a sa carte à jouer, avec des pépites qui ont prouvé leur raison d’être et se lancent déjà, pour certaines, à l’assaut du monde », pointe Kevin Camphuis. Et de citer : Alkemics, service de gestion et d'échange de données entre marques et distributeurs, Wynd, spécialiste de la gestion de commandes pour les restaurateurs, Shopmium, plateforme mobile de gestion de coupons et de promotions en grande distribution, la Ruche qui dit oui, commande et livraison de paniers depuis la ferme, Vizeat, plateforme sociale de repas chez l'habitant, ou bien encore La Belle Assiette, FoodMeUp, Innovorder.

Reste que le prochain leader de l’agro-alimentaire mondial pourrait bien être… Amazon. « Après avoir su maîtriser comme aucun la logistique et la vente en ligne, le géant pousse ses innovations vers des solutions de plus en plus adaptées aux besoins des utilisateurs à domicile pour leurs courses du quotidien, à l'image de leur "zapette" Dash qui révolutionne la manière de s’approvisionner (et a inspiré Izy ou Pikit). Amazon a enfin initié des gammes de produits alimentaires à sa marque aux USA. Or, qui mieux qu’Amazon sait qui achète quoi, quand, où et avec quelle fréquence », commente l’expert.

Pour aller plus loin

2015, an 1 de la FoodTech disruption. Et 2016 alors ? Un premier pas, participez aux rendez-vous suivants pour en savoir plus de ce qui se passe dans notre écosystème :

  • Le 17 mars, Vitagora organise en partenariat avec Orange un Speed Business et Vitagora Café informationnel sur le thème « L’usine et le Champ Connectés »
  • Vitagora et l’incubateur bourguignon Premice organisent cette année la 3e édition du concours E-Food. Cet événement récompense les meilleures initiatives du FoodTech de France, que ce soit des créations d’entreprises ou des start-ups déjà existantes. Les lauréats seront annoncés lors de l’assemblée générale de Vitagora le 7 avril prochain.
  • Le 16 mars prochain, le forum de lancement de l’écosystème FoodTech Dijon Bourgogne-Franche-Comté. Au programme : pitch d'entrepreneurs, ateliers, présentation d'actions phares, networking et dégustation FoodTech : de 17h30 à 20H30. Inscrivez-vous ici : http://foodtechdijonbfc.com/home-page/forum-de-lancement/

 

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