01 déc. 2020

Nanomatériaux : armez-vous contre le risque d’étiquetage non-conforme de vos produits

 

Amélioration des propriétés organoleptiques, optimisation des process de fabrication, emballages intelligents… Les nanomatériaux et les additifs contenant des nanoparticules sont fréquemment retrouvés dans les ingrédients des produits agroalimentaires.

Devant les craintes ambiantes des consommateurs concernant le risque de ces nanomatériaux sur la santé, la réglementation a évolué : depuis décembre 2014, il est désormais obligatoire d’étiqueter les nanomatériaux manufacturés utilisés comme ingrédients (règlement INCO – en savoir plus ici). Or, pour mettre en place ces étiquetages conformes, les industriels de l’agroalimentaire se reposent souvent sur les données de caractérisation de leurs fournisseurs d’ingrédients.  

Comment s’assurer que les tests réalisés soient adaptés à vos produits, et ainsi vous assurer des étiquetages conformes ? Quelles sont les techniques de caractérisation adaptées ? Le point avec Georges Favre, Directeur de l’Institut LNE Nanotech.

 

Nanomatériaux : késako ?

Impossible de caractériser une substance sans savoir de quoi l’on parle ! Et c’est bien là que commence la complexité de la question des nanomatériaux, car « plusieurs définitions cohabitent aux niveaux français et européen – avec des critères différents », comme le souligne Georges Favre.

Cependant la définition qui prévaut dans le domaine agroalimentaire est celle portée par le règlement n°2283/2015 (également appelé le règlement « Novel Food) » : « tout matériau produit intentionnellement présentant une ou plusieurs dimensions de l'ordre de 100 nm ou moins, ou composé de parties fonctionnelles distinctes, soit internes, soit à la surface, dont beaucoup ont une ou plusieurs dimensions de l'ordre de 100 nm ou moins, y compris des structures, des agglomérats ou des agrégats qui peuvent avoir une taille supérieure à 100 nm mais qui conservent des propriétés typiques de la nanoéchelle (i.e. propriétés totalement inédites liées à la très petite taille des particules ou propriété liée à la grande surface spécifique des nanoparticules).»

Pour mettre en perspective cette définition avec d’autres, notamment celle recommandée par la Commission Européenne (2011/696/EU), lire notre article « Compétences et Expertise » ici (exclu adhérents – se connecter).

 

L’enjeu : le risque d’un étiquetage non-conforme 

« De nombreux industriels viennent nous consulter, en pensant que leurs produits transformés ne contiennent pas d’ingrédient devant être considéré comme des nanomatériaux », explique Georges Favre. Il ajoute : « or, très souvent, les techniques utilisées ne sont en fait pas adaptées aux substances testées ! »

En conséquence, les étiquetages obtenus, même s’ils sont réalisés de bonne foi, peuvent être erronés – tout comme l’information transmise aux consommateurs.

Georges Favre évoque un cas récent : « Nous avons eu le cas pour du dioxyde de titane (E171). L’industriel, de bonne foi, pensait que l’additif qu’il utilisait dans son produit ne contenait pas de nanoparticules. Pour cela, il se basait sur les données d’analyse que lui avait communiquées son fournisseur. Or, il s’est avéré que l’analyse par microscopie électronique à balayage (MEB) que nous avons réalisée au LNE a montré que presque 50% en nombre des particules de ce dioxyde de titane étaient en réalité des nanoparticules (< 100nm) ! La raison à cela était tout simplement que la technique utilisée par le laboratoire qui avait réalisé les analyses pour le fournisseur n’était pas adaptée pour mettre en évidence les nanoparticules présentes ! »

 

Quels tests sont les plus fiables ?

Critère de taille, de composition chimique, de forme, d’état d’agglomération/agrégation, etc. Pour Georges Favre, « le choix de la technique à utiliser dépend directement des caractéristiques physico-chimiques de la substance à analyser » et notamment des critères suivants :

  1. la caractérisation de la distribution de tailles en nombre des particules constitutives présentes, que celles-ci soient isolées ou regroupées en agglomérats/agrégats ;
  2. la forme des particules considérées: « celle-ci est essentielle, et devrait être connue avant toute analyse ».

Il n’y a pas de « test miracle », donc… Et les techniques actuelles présentent de nombreuses limites, même si la microscopie électronique apparait comme la plus pertinente (lire ici notre revue des techniques d’analyses actuelles – réservé à nos adhérents, se connecter).

En revanche, il existe des outils pour vous aider à identifier les meilleurs tests (et ceux à éviter) selon les substances à tester : par exemple, le NanoDefiner e-tool, une interface en accès libre disponible en ligne.

Pour Georges Favre, un autre point essentiel pour obtenir des résultats fiables sur vos produits consiste en la mise en œuvre de protocoles validés et harmonisésnotamment en ce qui concerne la préparation d’échantillons et le traitement des données. Ceci constitue un passage obligé pour obtenir des résultats comparables et une action va être prochainement lancée sur le sujet au niveau de la normalisation européenne (CEN/TC 352). « Des initiatives ont par ailleurs déjà été menées aux niveaux français (projet NANOMET) et européen (nPSize) pour avancer sur ces questions et diffuser les bonnes pratiques. »

La caractérisation de la distribution de tailles de (nano)particules est donc une science complexe. Georges Favre invite les industriels à avoir recours à des laboratoires experts, « le meilleur garant de données de qualité ».  Il ajoute : « l’initiative du Hub NanoFabNet (International Hub for Sustainable Industrial-Scale Nano Fabrication) dans laquelle nous sommes responsable des réflexions sur les questions de validation, d’harmonisation et de normalisation, vise d’ailleurs à cartographier et évaluer les expertises au niveau européen pour aider les industriels dans leurs recherches d’accompagnement. »

 

Pour aller plus loin

Pour en savoir plus sur la caractérisation des nanomatériaux, leurs propriétés, et leurs risques potentiels, ou pour être mis en relation avec le LNE, contactez-moi, Elodie Da Silva, référente du Pôle Innovation à Vitagora : elodie.dasilva@vitagora.com.

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