Emballages : comment les adapter aux Seniors ? 3 idées de développement pour saisir ce marché agroalimentaire en pleine expansion

La silver économie : une filière qui regroupe les acteurs de l’économie au service des personnes âgées comme les technologies connectées, l’aménagement urbain, les transports,… mais aussi l’alimentaire ! En tout cas, depuis mon arrivée au pôle Vitagora en juillet, je l’ai déjà bien constaté : l’innovation alimentaire à destination des Seniors est un enjeu crucial, de santé publique et de bien-vieillir, au cœur de nombreux projets collaboratifs. Améliorations nutritionnelles, adaptations organoleptiques, modifications des textures, etc. Mais les opportunités d’innover dans l’agroalimentaire pour capter le marché des plus âgés se trouvent également dans l’adaptation... des emballages ! La lettre d’information VigiPack n°10, réalisée par l’association Package In Bourgogne, dresse justement le bilan sur les problématiques rencontrées par les Seniors en termes d’emballage, et propose quelques idées de développement. Voici donc 3 bonnes idées pour adapter ses emballages agroalimentaires aux Seniors. A vos opportunités… prêts ? Partez !

Où est le problème ?

Nielsen, leader mondial en études et informations marketing, a mené un enquête internationale en 2013 sur le vieillissement des consommateurs et la perception des services pour (et par) les Seniors. Du côté des emballages, les conclusions de cette étude sont sans appel : 62% des Français de plus de 65 ans peinent à trouver les produits « faciles à lire », et 54% trouvent difficilement des produits « clairement étiquetés avec l’information nutritionnelle ». En parallèle, une autre étude a démontré que pour 40% des patients d’un hôpital australien âgés en moyenne de 72 ans, les emballages seraient difficiles à ouvrir. Et pour 70% de ces patients, c’est la perte de puissance dans la force des mains, mixée avec des emballages souvent trop compliqués, qui serait principalement en cause. Le problème des Seniors par rapport aux emballages n’est donc pas unique : lisibilité, étiquetage, ouvertures… Ce qui est plutôt une bonne nouvelle ! Eh oui, car à chaque problème, sa solution, et encore plus d’opportunités d’innover !

Bonne idée n°1 – optimiser les couvercles (ou bouchons)

Pour faciliter la force de la prise en main, Package In Bourgogne suggère d’agir sur le coefficient de friction et sur le nombre de segments en contact avec l’objet. L’association s’appuie d’ailleurs sur une étude menée par une équipe de recherche américaine, publiée dans le Journal of Hand Therapy, qui démontre que les couvercles à diamètre large (41 à 64 mm), à hauteur élevée (15 mm), et bords texturés remportent un franc succès auprès des Seniors souffrant de douleurs dans les mains. Au contraire, l’erreur à ne pas faire : les bords circulaires, surtout lorsqu’il s’agit de petits couvercles. Une opportunité de développement que le groupe belge Spadel, propriétaire de Wattwiller, a récemment saisie : peut-être, comme moi, avez-vous remarqué que la bouteille d’eau Wattwiller s’est dotée, cet été, d’un bouchon en forme de fleur qui lui permet d’être dévissé sans effort ? Franck Lecomte, son directeur général, expliquait au magazine LSA : « Il est difficile d’innover sur le marché de l’eau […]. Rien n’avait été entrepris pour apporter une valeur ajoutée au système de bouchage. Alors, nous avons voulu apporter une solution pour la maniabilité […], avec ce bouchon très design » (source : LSA). En plus de répondre aux problématiques des Seniors, cette innovation leur a donc permis de se différencier de leur concurrence : une initiative payante.

Bonne idée n°2 – Adapter le format des languettes

Autre problématique d’ouverture : les languettes. Un outil développé par le Centre Fraunhofer permet de simuler les emballages et d’évaluer la force nécessaire pour les ouvrir. Un outil innovant qui a permis de démontrer que, contrairement aux languettes en plastique, les languettes en aluminium peuvent admettre une force supérieure de la part des personnes âgées, grâce à une meilleure friction entre la peau et le matériau… Le plastique, trop lisse pour les Seniors, ne serait donc pas si fantastique ! Autre conclusion de cette étude : mieux vaut favoriser la longueur, en proposant des languettes de 14 mm minimum. Autre option pour jouer sur les languettes : les rendre plus visibles, en jouant sur la couleur par exemple.

Bonne idée n°3 – Des étiquettes plus lisibles

On vous en parlait déjà en 2012 : pour les Seniors, il faut écrire PLUS GROS. En 2011, les étudiants d’AgroSup Dijon ont réalisé une petite enquête à la demande de Package In Bourgogne (qui s’appelait alors le CEPIEC), auprès de personnes âgées de 60 à 89 ans dans les grandes surfaces de la région dijonnaise. Résultat : nette préférence pour les caractères gras, les lettres nettement détachées, et une taille de police à 12. Pas toujours simple, quand on est contraint à intégrer de nombreuses mentions obligatoires sur l’étiquette. Mais puisque 54% des Français de plus de 65 ans trouvent difficilement, en 2013, des produits « clairement étiquetés avec l’information nutritionnelle », peut-être serait-il intéressant de valoriser plus spécifiquement les informations auxquels les Seniors sont sensibles (date de péremption, composition du produit, liste des ingrédients, etc.), en dépit des informations marketing.

Pour mener plus loin vos réflexions « gérontofood »

Vous pourrez trouver les détails des études mentionnées dans la lettre n°10 du VigiPack. Et pour accéder à plus de résultats de l’enquête de Nielsen, je vous invite à vous rendre sur ce lien. De notre côté, on continue également la réflexion autour de la Gérontofood : opportunités de marché, solutions techniques – nous aurons le plaisir d’écouter Frédéric Serrière, de Senior Strategic et Jean-Michel CHARDIGNY, du Département Alimentation Humaine de l’INRA, deux spécialistes du sujet, le 25 septembre prochain.