08 juin 2021

Packaging durable : faisons le tri !


Au total,  cinq millions de tonnes d’emballages ménagers sont issus chaque année de la consommation française (source : ADEME). Si 70% des emballages ménagers sont actuellement recyclables, ce recyclage dépend avant tout des matériaux utilisés : alors que 100% des emballages en acier, 85% des emballages en verre, et 70% des emballages en papier-carton sont recyclables, ce n’est le cas que pour 29% des emballages en plastique (source : CITEO). 

Pour aller dans le sens du développement durable, pour répondre aux attentes des consommateurs de plus en plus soucieux de l’environnement, et pour être en phase avec les évolutions réglementaires, les professionnels du secteur agroalimentaire et du packaging ont développé différentes solutions d’emballage plus durable. Biodégradable, biosourcé, bioplastique… Les alternatives sont nombreuses. Mais de quoi parle-t-on ? Comment « faire le tri » entre toutes ces notions ? Panorama des solutions de packaging durable, suite à notre webinaire organisé sur le sujet au mois de mai dernier (revoir le replay sur ce lien), à lire ci-dessous.

 

Pétrosourcé, biosourcé, biodégradable… ne pas les mettre dans le même panier !

« Il existe de nombreux concepts concernant le packaging durable… Et il est facile de s’y perdre », commente Thomas Karbowiak, maître de conférences en physico-chimie à AgroSup Dijon. Pour le chercheur, il existe une façon simple pour visualiser les différences entre chacun de ces concepts : « je représente les matériaux existants selon un schéma à 2 axes : l’un allant de « pétrochimique » à « biosourcé », l’autre allant de « non-dégradable » à « biodégradable ». Cela permet de sortir d’une vision parfois trop simpliste, ou menant à des raccourcis. »


* PBS : les monomères peuvent être obtenus à partir de ressources pétrochimiques ou renouvelables

** Recyclés MCA

Fond foncé : bioplastiques (VS fond clair : non bioplastiques).

 

Ainsi, en bas à gauche de ce schéma, on retrouve les plastiques conventionnels… dont certains peuvent être recyclés et réutilisés pour le même usage. Ce schéma permet également de rappeler qu’il existe des matériaux issus du pétrole qui sont biodégradables (PCL, PBAT, PBSA), alors que certains matériaux biosourcés ne le sont pas (bio-PET, bio-PTT, bio-PA). « Biosourcé et biodégradable sont bien deux notions distinctes », précise Thomas.

En effet, si le terme de « biosourcé » renvoie à l’utilisation des matières premières utilisées, qui doivent être issues de la biomasse (comme le riz, la pomme de terre, le soja, la canne à sucre, le maïs, les champignons, etc.), le terme de « biodégradable » renvoie à la capacité de décomposition d’un matériau sous l’action de micro-organismes (bactéries, champignons, vers…).

 

« Bioplastiques » : de l’importance du pluriel

Selon European Bioplastics 2019, les bioplastiques représentent 1% de la production annuelle mondiale de plastique. Mais à quoi font-ils référence ? Tout d’abord, il est important de revenir sur le pluriel : « les » bioplastiques, car ils sont effectivement plusieurs, et de différentes natures, le préfixe « bio » pouvant se rapporter à « biosourcé » ou à « biodégradable ».

Le bioplastique renvoie donc à des matériaux issus, soit de matières plastiques biosourcées (par exemple, le maïs ou la canne à sucre), soit, s’ils sont biodégradables, de ressources fossiles (réactions pétrochimiques) … « soit les deux ! », ajoute Thomas Karbowiak. Quelques plastiques, comme le PHA (polyhydroxy-alcanoates), des polyesters produits par fermentation bactérienne de sucres ou de lipides (souvent, une valorisation de déchets), ou le PLA (acide polylactique), qui peut être obtenu à partir d’amidon de maïs, de betterave sucrière ou de canne à sucre, sont à la fois biosourcés et biodégradables.

« Avec des matériaux renouvelables, comme le maïs, on peut également obtenir des matériaux proches de ceux issus du pétrole : on peut produire par exemple un polyéthylène. Il sera alors appelé bio-PET (pour bio-téréphtalate d’éthylène), puisque la ressource utilisée est renouvelable – contrairement au pétrole. En revanche, il ne sera pas biodégradable. »

Si le PHA et le PLA sont fréquemment utilisés dans des emballages alimentaires (boîtes à œufs, emballages de fruits et légumes, barquettes alimentaires, etc.), il existe de plus en plus d’innovations en emballages biosourcés. Par exemple :

  • En Australie, la société Alplaa développé des capsules de café conçues à partir de matériaux organiques biosourcés, notamment à partir de balles de tournesol. Biodégradable à domicile sous 6 mois, ces capsules sont également proposées avec un composteur domestique pour inciter les consommateurs à ces pratiques vertueuses.
  • Nestlé a mis au point un emballage en papier biosourcé pour ses barres de céréales et fruits, adapté aux lignes d’ensacheuses à grande vitesse (prévues pour manipuler du plastique) et permettant de garantir la qualité et la fraîcheur du produit.
  • La société Rapuk a développé un emballage 100% biosourcé pour sandwichs. Le carton est réalisé à partir de tiges et de feuilles de riz, de blé, de maïs et de canne à sucre. Une façon intelligente d’exploiter ces co-produits de récoltes, la plupart du temps brûlés (seuls 20% de ces co-produits seraient actuellement utilisés). Recyclable jusqu’à 7 fois, cet emballage est entièrement compostable à domicile.

 

Biodégradable VS compostable : des certifications différentes


Le biodégradable et le composable se positionnent comme des alternatives durables… et si les notions semblent acquises de tous, des cadres réglementaires existent pour obtenir les certifications correspondantes.
« Il y a des cadres réglementaires précis pour la biodégradabilité et la compostabilité », précise Thomas Karbowiak, « en tenant compte à la fois du degré de décomposition d’une substance et du temps nécessaire pour obtenir cette décomposition ». 

« Concernant la biodégradabilité tout d’abord, deux conditions sont possibles », explique-t-il : « soit en condition aérobie (c’est-à-dire, dans l’air ambiant) soit en condition anaérobie (c’est-à-dire, en l'absence de dioxygène) ». Ainsi, en condition aérobie, le matériau d’emballage doit être dégradé d’au moins 90% en 6 mois pour être qualifié de biodégradable. En condition anaérobie, sa capacité de biodégradabilité sera évaluée selon une production de biogaz de 50% en 2 mois. Si un emballage remplit ces conditions, il est possible d’obtenir une certification et d’apposer le logo associé : le logo « OK biodegradable », géré par TÜV AUSTRIA Belgium, où il s’agit de spécifier également de l’environnement de la biodégradabilité (sols, eau douce, ou environnement marin).

Thomas Karbowiak continue : « Si l’on va encore plus loin, un matériau peut être également compostable selon des conditions à nouveau définies par la réglementation. Ce qui est fondamental dans cette réglementation, c’est le rythme de dégradation, qui doit être compatible avec d’autres matériaux compostables connus et sans laisser de résidus visibles, distincts ou toxiques. » Ainsi, en conditions aérobies, au bout de 84 jours, il ne doit pas rester plus de 10% de la masse sèche initiale de la matière après passage dans un tamis de 2mm. « Plusieurs logos existent pour valoriser une certification de compostabilité », précise Thomas Karbowiak, « qui permettent notamment de distinguer le compostage industriel du compostage maison ». Par exemple, le logo « OK Compost Industrial » atteste d’un compostage réalisé à 58°C en moins de 6 mois, en conditions aérobies ou anaérobies : c’est le cas pour le PLA par exemple. En parallèle, le logo « OK Compost Home » atteste d’un compostage réalisable à température ambiante – 28°C – en moins de 2 ans.

 

Pour aller plus loin

La raison d’être d’un emballage alimentaire est, en premier lieu, de préserver les aliments, en tenant compte de sa durée de vie et de la stabilité de l’emballage. Mais limiter le gaspillage alimentaire et la production de déchets est devenu également essentiel et fait du packaging, à ce jour, un sujet complexe et complet, en perpétuelle recherche d’innovations… d’où la multiplicité de notions, parfois difficiles à aborder ! Pour en savoir plus sur l’innovation en packaging durable, vous pouvez lire notre numéro exceptionnel de l’observatoire des tendances ici ou accéder ici au replay de notre webinaire sur le sujet

 

Au sein de Vitagora, nous sommes impliqués dans plusieurs projets d’innovation en lien avec l’emballage durable : par exemple, le projet européen Glopack, où Vitagora est stakeholder, vise à développer et à mettre sur le marché, des solutions d'emballage alimentaire durables, biosourcés, biodégradables, et actifs (en savoir plus ici). Pour continuer à en savoir plus, abonnez-vous à notre blog et ne manquez aucune de nos publications (environ 2 à 3 e-mails par mois) !

7 commentaires

Partagez votre opinion

Donaldnub

20 février 2023 à 12h22

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Donaldnub

18 février 2023 à 01h12

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Robertfuh

09 janvier 2023 à 03h16

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Elodie Da Silva

18 juin 2021 à 02h03

Merci Emmanuel pour cette remarque. Les certifications permettent d’avoir l’assurance du respect de critères précis et vérifiés, et effectivement cela reste un gage d’assurance. ISCC est une des nombreuses possibilités actuellement existantes, et ce serait avec plaisir que j’échangerai avec vous sur ce sujet.

Elodie Da Silva

18 juin 2021 à 02h03

Merci Roger pour votre commentaire. En effet, le prix est et restera un élément décisif dans le secteur agroalimentaire. Néanmoins, une partie des consommateurs privilégient de plus en plus de nouveaux critères : l’impact environnemental, l’origine locale, etc. Le packaging peut donc être un élément différenciant ! N’hésitez pas à nous contacter pour discuter plus amplement de ce passionnant sujet.

Villatte

18 juin 2021 à 12h58

Elodie Da Silva ,bravo pour votre analyse sur le bio-sourcé dans les emballages ,mais il y a pas mal d'industriel qui ont intégrés le PB et leur production correspond aux besoins, mais l'utilisateur ne regarde que le PRIX ? Allez voir sur le site ;www.sorepack.com //Mr Robert Maget. info@sorepack.com .

Emmanuel Audoin

08 juin 2021 à 02h30

Merci pour cette synthèse. Les fabricants d'emballages et leurs clients interrogent également de plus en plus la "durabilité" des emballages biosourcés (ou "circulaires"= issus de recyclage). La Certification ISCC Plus permet d'y répondre et de certifier la chain of custody. A dispo pour détailler.

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