20 sept. 2021

Agriculture urbaine : de nombreuses réalités… et opportunités


 

Prise de conscience de l’impact environnemental de la production alimentaire, pandémie et confinements incitant les consommateurs à s’orienter vers des productions plus locales, mais aussi crises sanitaires en industrie bouleversant leur confiance… : les consommateurs souhaitent à se réapproprier leur alimentation par une proximité plus forte et la préférence pour des produits moins transformés.

Source d’aménagement du territoire, l’agriculture urbaine offre une réponse à cette recherche de proximité et de réappropriation de la chaine alimentaire par les consommateurs. Quelles réalités recouvre-t-elle ? Et pour quelles opportunités ?

Les différentes réalités de l’agriculture urbaine

Si la notion de l’agriculture urbaine semble évidente (cultiver en ville), elle peut pourtant prendre une pluralité de formes selon différents critères : la localisation, le type de culture, les moyens utilisés pour la production, etc. Ainsi, un groupe de chercheurs d’AgroParisTech ont identifié 7 familles d’agriculture urbaine (lire leur article complet sur TheConversation.com) :  

  • La famille « Pieds dans le sol » : ancêtre de l’agriculture urbaine (maraîchers royaux, par exemple), cette famille se décline aujourd’hui en petites fermes péri-urbaines qui visent essentiellement à fournir aux citadins des ingrédients de proximité selon des modes de cultures traditionnels et en pleine terre. Exemples : les AMAPsPermaG’Rennes...

  • La famille « Tête en l’air » : ces cultures ou élevages (ruches, poulaillers) sont situés sur les toits des immeubles. Leur objectif peut être d’ordre productif, pédagogique, ou même de loisir. Exemples : AgriPolis, les toits d’AgroParisTech, ou encore ceux du siège de la RATP...

  • La famille « Verticale » : ce sont des murs de production maraîchère ou destinée aux micro-brasseries urbaines (murs de houblons). En Asie ou aux Etats-Unis, leur ampleur est déjà importante, à l’instar de SkyGreens à Singapour ou de FarmOne à New York.  En France, quelques initiatives émergent également : comme SousLesFraisesFermeFul, ou encore nos adhérents TowerFarm et Farm3.
  • La famille « Sous cloche » : culture sous serres au sein des villes, « directement au sol (Skygreen) ou sur des immeubles (Les Fermes LufaThe New Farm) » comme le précisent les auteurs.

  • La famille « À l’ombre » : culture en sous-sols, parkings désaffectés, ou containers, à l’instar de ce que propose Agricool et Farmbox, particulièrement prisée des métropoles où la densité est élevée.

  • La famille « Vivement dimanche » : jardins privés pouvant aller de la fonctionnalité de loisirs, à celle de la solidarité (ex : les Jardins Solidaires), ou de la production (jardins familiaux comme PeasAndLove), et qui se déclinent depuis quelques années en solutions d’agrément intérieur (Ciel Mon RadisUrbanLeafPrêtAPousser…)

  • La famille « Libre-service » : cette famille assume pleinement une vision revendicative et conquérante, visant à reconquérir « le béton par la végétation », à l’instar des Incroyables comestibles, de ParisCulteurs, mais aussi de certaines initiatives des villes elles-mêmes permis de végétaliser.

 

Une réponse aux attentes de consommateurs

L’agriculture urbaine n’a pas pour vocation de se substituer à l’agriculture rurale. En effet, les niveaux de production de l’agriculture urbaine, tout comme les hectares qui y sont consacrés, sont très variables : on estime par exemple que les jardins collectifs en France représentent une surface comprise entre 2500 et 5000 hectares – soit du simple au double ! Le potentiel de l’agriculture urbaine est donc difficilement chiffrable… Pour autant, l’agriculture urbaine représente une opportunité supplémentaire pour répondre aux attentes des consommateurs :

 

  • Alimentation locale et traçabilité accrue: selon une étude OpinionWay de 2020, 45% des Français ont privilégié l’achat de produits locaux pendant le confinement du printemps 2020 - et un Français sur deux souhaite « basculer dans un monde où l’alimentation deviendrait 100 % locale ». Un intérêt qui se traduit déjà par une hausse des ventes des marques locales, avec un bond de +47% pour le CA des PME par exemple.

 

  • Fraîcheur des produits, qualité : 79% des consommateurs disent être attentifs à l’origine géographique des produits ou au fait qu’ils soient fabriqués dans la région – notamment pour des questions de qualité et de traçabilité. Les catégories de produits alimentaires frais sont d’ailleurs les plus concernées par l’importance accordée au local : les légumes (84%), les fruits (83%) ou encore les œufs (73%) et les produits laitiers (67%) (source : Observatoire E.Leclerc des Nouvelles Consommations).

 

  • Protection de l’environnement: 80% des consommateurs souhaitent « adopter une consommation plus responsable » (OpinionWay, mai 2020), et c’est avant tout envers  l’environnement que cette responsabilité s’exprime (hausse de la consommation de produits bio, réduction des déchets, limitation de l’impact environnemental individuel). En réduisant le transport des marchandises, en limitant la pollution de l’air grâce à l’implantation de végétaux, en offrant des conditions permettant de réduire l’usage d’intrants (pour les familles « sous cloche », « verticale », ou « à l’ombre », par exemple), et en soutenant la biodiversité, l’agriculture urbaine mise sur cette promesse – un argument parfois contesté en raison de la consommation énergétique accrue liée aux approches « high-tech » de certains types de production.


  • Engagement sociétal: 60% des consommateurs estiment qu’acheter local contribue à l’emploi et à l’économie, et 95% estiment qu’il est important que leur grande surface soutienne l’économie locale (OpinionWay). Au-delà du pur impact économique, permettant la création d’emplois et de valeur, l’agriculture urbaine offre de nombreux atouts : elle crée du lien social entre les habitants (jardins partagés), elle offre des structures de réinsertion sociale, et joue un rôle éducatif auprès des enfants et des adultes (connaissance sur les plantes, la culture, la saisonnalité des produits…). Sur des aspects d’ordre territorial, l’agriculture urbaine permet également d’exploiter des terrains désaffectés voire abandonnés, et revalorise ainsi la ville dans son ensemble.

 

Mais si l’agriculture urbaine revêt plusieurs réalités, il en est de même pour ses multiples opportunités. Ainsi, à chaque famille ses avantages… et ses limites. Par exemple, si les fermes péri-urbaines permettent une fraîcheur des produits et une proximité idéales, elles sont soumises aux aléas environnementaux (climat, ravageurs) et ne peuvent donc garantir une qualité uniforme de leurs produits tout au long de l’année, à l’inverse des productions « sous cloche » ou « à l’ombre » … qui sont en revanche bien plus énergivores.

Financeurs, distributeurs : un intérêt croissant 

En apportant des solutions complémentaires à l’agriculture traditionnelle pour répondre aux attentes des consommateurs, l’agriculture urbaine représente une promesse recueillant l’intérêt des financeurs et des distributeurs.

 

Ainsi, en 2017, il y a eu 66 levées de fond pour 124 M€ (contre 50 levées de fonds pour 48 M€ en 2016) d’après une étude de DigitalFoodLab en partenariat avec Vitagora, la CCI Paris, Île-de-France, Eutopia et Sopexa (source : digitalfoodlab.com). Les start-ups françaises tirent d’ailleurs leur épingle du jeu : Agricool a par exemple réalisé une levée de fonds de 25 M€ fin 2018.

 

Du côté de la distribution, les acteurs sont nombreux à s’intéresser à l’agriculture urbaine comme une ressource de produits frais et locaux. Chez Casino, certains de ses points de vente proposent désormais des herbes aromatiques qui poussent directement dans des serres installées en magasin, mises au point par la start-up allemande Infarm. Metro, principal fournisseur des acteurs de la restauration, commercialise également des herbes aromatiques cultivées en magasin. La start-up Urban Leaf, accompagnée par notre programme d’accélération ToasterLAB, a développé une solution d’aquaponie, c’est-à-dire en associant l’élevage de poissons avec la culture de plantes dans un circuit quasi-autonome, destinée notamment à équiper la grande distribution pour la pousse de fruits et légumes directement en magasin (en savoir plus ici).

 

Pour aller plus loin

A l’occasion de l’Exposition Universelle de Milan en 2015, Christian Steinberg, directeur de recherche à l’UMR Agroécologie de Dijon, évoquait les nombreux enjeux de l’agriculture urbaine (témoignage à lire sur le blog de Vitagora) :  « L’agriculture urbaine rentre dans la diversification de l’agriculture, au même titre que l’agriculture biologique par exemple. Même si elle ne permet pas actuellement une production à grande échelle, elle présente deux atouts majeurs, sur le plan social et sur le plan environnemental. D’une part, elle contribue à ramener du social au cœur des villes. D’autre part, elle permet de transformer des zones urbaines désaffectées ou inexploitées en espaces verdoyants : des sources de production alimentaire qui régulent également la température des cités, un bénéfice considérable à l’heure du réchauffement climatique. »

 

Pour en savoir plus sur les enjeux et innovations en agriculture urbaine, consultez ici notre article de l’observatoire des tendances « L’Agriculture Urbaine : pourquoi, et pour qui ? », ou téléchargez le compte-rendu de notre Club Vitagora organisé chez Tower Farm (pour accéder à ces publications, connectez-vous à votre espace adhérent). Pensez également à vous abonner notre blog pour ne manquer aucune de nos publications (environ 2 à 3 e-mails par mois) !

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