04 nov. 2021

Innovation et agriculture durable : « L’universalité doit être (re)placée au cœur des solutions »

 

Depuis quelques années, la « théorie de l’effondrement » alimente les débats philosophiques en rapprochant plusieurs réalités : désordres climatiques, épuisement des ressources terrestres, bouleversements financiers, etc.

Si cette peur de l'effondrement est aussi vieille que l'apparition des civilisations, et à ce titre certainement justifiée, je trouve cependant qu’elle sous-estime le rôle essentiel que joue l'être humain dans la recherche de solutions, grâce à son intelligence, sa créativité, sa capacité d'adaptation... et grâce à la technologie, qui ne cesse de se développer en ouvrant ainsi tout un champ de nouveaux potentiels. « On ne quitte pas une maison qu'on trouve sale. On la nettoie », écrivait René Barjavel. Et rien n'est plus vrai en ce qui concerne les domaines agroalimentaire et agricole : je le constate au quotidien, au contact des entreprises impliquées dans Vitagora et ToasterLAB.

Pour une production agricole suffisante pour nourrir la planète tout en préservant, sur le long terme, les ressources terrestres pour une consommation plus responsable et éthique, les entrepreneurs innovent en permanence et inventent les modèles durables de demain. La condition de leur réussite ? Leur universalité… à placer, ou replacer, au cœur de l’innovation. Les enseignements de Philippe Dessertine, issus de sa conférence à l’occasion de notre concours EcoAgriFood Challenge, à lire dans notre article.

 

L’agriculture durable : le terrain détient la solution

Questions d’irrigation et de sécheresse, appauvrissement des sols, malnutrition et dénutrition, délocalisation et relocalisation de cultures, résistance variétale... Les problématiques rencontrées par l’agriculture sont multiples, à l’instar des enjeux auxquelles elle doit répondre : défi de nourrir une population mondiale en croissance, défi de santé des producteurs et des consommateurs, défi social et sociétal, défi territorial et environnemental, etc.

Au-delà des difficultés que cela représente, si nous nous concentrions sur les opportunités ? Outils numériques et logiciels, sélection génétique, matériels intelligents, expertise en pratiques expérimentales, modèles d'organisation, solutions de valorisation auprès des consommateurs... : à travers le monde, les innovations dans le domaine progressent.

Le concours EcoAgriFood Challenge, que nous avons organisé avec AgrOnov, le Village by CA, et l’INRAE et nos partenaires (Nestlé Purina, Terres Univia/Terres Inovia, Dijon Céréales/Alliance BFC, AgDataHub, Atol Conseils & Développements) l’illustre clairement : il n’a recueilli pas moins de 200 dossiers de candidatures issus de 28 pays différents (en savoir plus ici). Cinq lauréats ont été récompensés, aux solutions tout aussi différentes que complémentaires :

  • Osiris Agriculture, qui développe un robot autonome capable d'automatiser les tâches d'irrigation, de fertilisation, de désherbage et de protection des cultures ;
  • Rize, une plateforme pour permettre aux agriculteurs d’identifier des solutions d'évaluation de leur empreinte carbone et de financer des actions ;
  • Sabi Agri, qui propose des agroéquipements électriques répondant aux besoins du terrain pour la mise en place de pratiques vertueuses ;
  • Yeasty, qui valorise les levures de brasserie afin de proposer un ingrédient sain et riche en protéines complètes à intégrer à d’autres produits (biscuits, etc.) ;
  • Amiroy, une solution de biostimulation de précision, grâce à des biostimulants à base de chitosan, pour amplifier les fonctionnalités intérieures des plantes.


Du côté de notre programme d’accélération ToasterLAB, d’autres initiatives sont à remarquer : au service de la dépollution du sol ou d’une irrigation intelligente par exemple. Enfin, je tiens à souligner le rôle essentiel joué par la recherche : par exemple, près de Dijon, la plateforme expérimentale CA-SYS de l’INRAE, teste sur plus de 130 hectares les systèmes de production agroécologique de demain, sans aucun pesticide en semis directs ou avec travail du sol (découvrir ici).

On ne peut donc pas être pessimistes sur l’avenir de la planète et de l’humanité lorsque l’on regarde les avancées de la science et de la technologie. Car les solutions sont là, et les perspectives de changement de modèle sont inouïes. Comme l’évoquait Philippe Dessertine, économiste français, conférencier reconnu et auteur du livre « Le Grand Basculement » à l’occasion de la remise des prix du concours EcoAgriFood Challenge : « l’humanité a la capacité de faire disparaitre l’écosystème dans lequel elle vit… mais simultanément, nous vivons une avancée scientifique absolument prodigieuse qui, associée à une évolution fondamentale des mathématiques autour des Big Data, permet de modifier l’ensemble de nos approches scientifiques : que ce soit en médecine, en chimie… ou au service des sciences agricoles ».

Le terrain de jeu de l’innovation ? Le monde

Une question doit pourtant être placée (ou replacée) au cœur de vos innovations au service de la transition agroécologique : c’est celle de l’universalité. Car le premier impératif de la production agricole, c’est celui de nourrir et d’améliorer l’espérance de vie des hommes et des femmes à travers le monde. Or, si notre espérance de vie en France est d’environ 80 ans, elle tombe parfois à 30 ans de moins dans d’autres régions du monde !

Philippe Dessertine nous l’a rappelé : notre modèle agricole actuel a été construit à la sortie de la 2nde guerre mondiale, afin de répondre au besoin alimentaire de 400 millions d’habitants en Europe. Le monde d’aujourd’hui est différent : les marchés se sont mondialisés, l’impact environnemental des pratiques se mesure à l’échelle de la planète, et la population à nourrir n’est pas de 400 millions… mais de 6 milliards (et sera probablement de 10 milliards d’ici 30 ans). Comment nourrir, et améliorer l’espérance de vie, d’une telle population qui continue de croitre ?  

C’est pourquoi la technologie doit proposer ses solutions à l’humanité tout entière. « Votre terrain de jeu », nous a clairement expliqué Philippe Dessertine, « c’est le monde. » Vos solutions doivent être applicables partout dans le monde. Et si elles se construisent au regard de cultures agricoles ou de problématiques locales, il est nécessaire de réfléchir à leur applicabilité à l’échelle mondiale. « Si l’on reste centrés sur nous-mêmes, et que l’on ne prend pas en compte les problématiques multiples de l’alimentation et de l’agriculture à travers le monde, ces solutions ne marcheront pas. Les approches doivent être universelles. »

Du côté de Vitagora, cette approche d’universalité prend tout son sens alors que nous venons de lancer avec notre partenaire le NAEB et le financement de l’Ambassade de France au Rwanda, notre programme d’accélération GlobalGro Ignition au Rwanda, autour d’une première promotion de 15 PME agroalimentaires rwandaises.

Pour aller plus loin

La question du financement de l’innovation, indispensable pour permettre aux exploitants de s’approprier et d’utiliser les solutions, a également été abordée par Philippe Dessertine. Là aussi, il voit en l’universalité la clé : « plus qu’un rendement direct et ponctuel, cette universalité s’accompagne d’un potentiel d’impact énorme, avec des retombées fantastiques ».

A lire également autour de cette question :

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