19 janv. 2021

Les applis de scoring : « il faut regarder les opportunités au-delà de la défiance »

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Nutri-score (relire ici notre article qui détaille ce score), Siga, Nova, Eco-score : depuis quelques années, le « scoring » alimentaire se développe en réponse à une double demande des consommateurs – une demande de transparence (pour en savoir plus sur les produits qu’ils achètent), et une demande de simplification (pour mieux comprendre l’information transmise sur les étiquettes). Si ces scores sont affichés sur les packagings des produits sur la base du volontariat, de nombreux consommateurs sont devenus adeptes d’applications permettant de les « lire » : selon Nielsen en 2019, 55 % des foyers français utilisent au moins une application mobile pour faire leurs courses, dont 15% d’utilisateurs d’applis de scoring comme Yuka ou ScanUp.

 

Et devant cet engouement, les langues se délient, aux opinions très tranchées : appels à la prudence des professionnels, voire polémiques autour de la culpabilité induite.

 

Mais l’engouement des consommateurs est bien réel. Et le marché, les innovations, les produits n’existent bel et bien que parce qu’ils trouvent des consommateurs en bout de chaîne. J’aimerais donc revenir dans cet article sur la popularité de ces scores et de ces applications. Car il est peut-être temps de revenir à leurs raisons d’être, et de voir les opportunités au-delà de la défiance.

 

Y voir des outils d’amélioration

Les industriels, réfractaires à ces applications il y a tout juste quelques années, se les approprient de plus en plus. Et pour cause : tous ont perçu l’outil d’amélioration qu’ils représentent. Ainsi, en explorant les critères de calcul du NutriScore, on est poussé à se poser des questions sur le dosage en sel, en sucre, ou encore en fibres dans sa recette. Chercher à progresser dans ces applications est un moyen concret de se fixer des objectifs, tout en mesurant de façon continue les évolutions de son propre produit.

 

 

L’un de nos adhérents, MS-Nutrition (https://ms-nutrition.com/) est une jeune entreprise spécialisée dans la modélisation et les statistiques au service de la nutrition. En plus de publier chaque année des résultats d’études scientifiques, cette entreprise a développé une web-app destinée aux professionnels qui leur permet d’évaluer et d’améliorer le NutriScore de leurs produits (https://ms-nutrition.com/en/web-app/ms-food/). Pour Florent Vieux, co-fondateur de MS-Nutrition, la simplification qu’apporte le score « est utile pour le consommateur qui peut comparer rapidement les produits d’une même catégorie entre eux. En plus, l’implémentation du score incite les industriels à mener des politiques d’amélioration de leur offre globale ».

 

Caroline Péchery, co-fondatrice de ScanUp, confirme cette opportunité d’amélioration globale : « nous réalisons régulièrement des audits de produits pour les industriels de l’agroalimentaire (Nutri-Score, degré de transformation, etc.), ainsi que des mappings nutritionnels pour les comparer à leurs concurrents principaux, étudier leur positionnement et définir des axes d’amélioration des produits – que ceux-ci soient sur les valeurs nutritionnelles des produits finis et/ou sur les ingrédients utilisés. Notre objectif est avant tout de mener un travail d’amélioration cohérent selon le produit. »

Ce sont aussi des outils de différenciation 

Pouvoir comparer son produit avec le même dans une version améliorée, allégée en sucre ou en sel, c’est déjà intéressant. Pouvoir positionner son produit amélioré par rapport à d’autres produits concurrents, c’est un atout complémentaire à ne pas négliger. 

 

« Il y a forcément une stratégie marketing derrière l’exploitation de ces scores », confirme Caroline Péchery. « Quand une entreprise réalise des efforts de R&D pour améliorer ses recettes, c’est tout naturel que de vouloir les valoriser auprès des consommateurs. »

 

Charcuterie sans nitrite, confiseries aux colorants naturels tels que la betterave ou la spiruline, suppression d’additifs controversés… « Nous constatons que les industriels de l’agroalimentaire sont tous en train de faire des travaux de reformulation pour répondre à une démarche de clean label », confirme Caroline Péchery. « Il y a de vrais enjeux de différenciation et ceux qui ne se penchent pas sur cette démarche vont bientôt se faire dépasser. »

 

Mais avant tout : y voir des points de contact avec les consommateurs

Ce que l’engouement autour de ces applications nous apprend sur les consommateurs, c’est que ceux-ci s’intéressent plus que jamais à leur alimentation – et qu’ils recherchent des points de contact par le numérique, avec les professionnels de l’agroalimentaire. « Le numérique a créé de nouveaux points de contacts entre les consommateurs, les marques et les distributeurs », expliquait Caroline Péchery dans cet articleAider les consommateurs à prendre leurs décisions, en leur permettant une compréhension plus précise de chaque produit : c’est votre rôle, en tant que professionnel de l’agroalimentaire. Car mieux que personne, vous connaissez vos produits et êtes en mesure d’expliquer leurs différents « scores », nutritionnel, environnemental, ou autre.

 

Bien sûr, il existe des limites au système de scoring. Par exemple, donner une note globale sur un produit, agrégée sur la base de plusieurs systèmes, serait délicat : cela ne permettrait pas de cibler avec précision des sujets très différents (nutrition, niveau de transformation, environnement), et cela communiquerait une information parcellaire aux consommateurs. 

 

« Le NutriScore est le score le plus utilisé sur les emballages. Il est très intéressant pour mesurer l’axe nutritionnel, mais il ne permet pas de jauger le produit dans sa globalité. Beaucoup de produits en NutriScore A sont ultra-transformés », précise d’ailleurs Caroline Péchery. « C’est pour cela que, sur l’application ScanUp, nous affichons en complément du Nutri-Score le degré de transformation du produit. Désormais, nous affichons également l’Eco-Score, lancé en ce début d’année 2021, qui évalue l’impact environnemental d’un produit (accéder ici au détail de la méthodologie de calcul de l’EcoScore). L’idée est d’apporter une vision globale de la qualité d’un produit qui ne peut pas se réduire à un score unique. »


C’est également l’avis de Siga Care, entreprise à l’origine du score Siga
qui évalue le degré de transformation des aliments : « le potentiel santé d'un aliment ne peut pas être réduit à sa seule qualité nutritionnelle. Il faut prendre compte la qualité globale de l’aliment, sa structure, et celle de ses ingrédients », lit-on sur leur site internet.

 

Florent Vieux, co-auteur d’une publication sur les limites des scores nutritionnels (à télécharger ici https://www.mdpi.com/2072-6643/12/8/2256), partage également cet avis : « le NutriScore, tout aussi utile qu’il soit, a des lacunes. Il ne tient pas compte de la teneur en certains nutriments essentiels comme par exemple la vitamine D. Rendre simple, c’est une bonne chose… mais attention à ne pas être simplistes. Heureusement, d’autres leviers de politique de santé publique, comme les recommandations du PNNS, existent pour favoriser l’équilibre alimentaire globale ».

 

Si ces applications permettent de donner, en un coup d’œil, une tendance sur le produit, ils ne doivent pas remplacer la réflexion que chaque consommateur réalise dans ses choix de consommation – et qui d’une multitude de sources, incluant le PNNS par exemple. Ici se jouent à la fois, un enjeu majeur – celui de l’éducation aux consommateurs, friands d’en savoir plus – et une opportunité – celle d’un travail de transmission de l’information, à mener main dans la main entre industriels et développeurs des applications.

 

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