25 sept. 2018
Vitawatch de septembre : votre veille agroalimentaire scientifique
Alimentation et santé, comportements des consommateurs, sécurité alimentaire - emballage : que retenir des derniers travaux de la recherche, à travers le monde, des domaines de l'alimentaire ?
Quels sont les bienfaits des fruits et légumes, du poisson et du thé noir pour la santé ? Baby food, school lunch et prévention de l’obésité... une bonne alimentation : un défi qui se joue dès l'enfance.
Faites votre veille scientifique au service de votre innovation alimentaire avec notre sélection "Vitawatch" de septembre.
Alimentation & Santé
Les fruits et légumes crus améliorent la santé mentale
C’est le message simple diffusé par les chercheurs de l’Université d’Otago. Ils ont établi que les fruits et légumes sont meilleurs pour la santé mentale crus que cuits, mis en conserve ou transformés. Le docteur Tamlin Conner, maître de conférences en psychologie et auteur principal de la publication, indique que les campagnes de santé publique insistent traditionnellement sur la quantité de fruits et de légumes à consommer (« Cinq fruits et légumes par jour »). Publiée dans Frontiers in Psychology, l’étude a cependant établi que pour la santé mentale, il serait aussi important de prendre en compte la manière dont le produit a été préparé et consommé.
« Notre recherche a montré que la consommation de fruits et légumes dans leur état brut est plus fortement associée à une meilleure santé mentale, par rapport à la consommation de fruits et légumes cuits, mis en conserve et / ou transformés ». Le Dr Conner pense que la cuisson et la transformation des fruits et légumes réduisent le niveau de nutriments. « Cela limite probablement l’apport de nutriments essentiels au fonctionnement émotionnel optimal ».
Pour cette étude, plus de 400 jeunes adultes de Nouvelle-Zélande et des Etats-Unis, âgés de 18 à 25 ans, ont été interrogés. Cette tranche d’âge est connue pour avoir la plus faible consommation de fruits et légumes, par rapport aux autres tranches d’âge. C’est aussi une population à risques quant aux troubles de santé mentale.
Leur consommation de fruits et légumes crus, par rapport à ceux cuits et transformés, a été étudiée par rapport à leur santé mentale, leur mode de vie et les variables démographiques pouvant affecter le lien entre consommation de fruits et légumes et santé mentale (comme l’activité, le sommeil, les mauvaises habitudes alimentaires, l’état de santé, le niveau de vie, le genre...)
« En prenant en compte les covariables, la consommation de fruits et légumes crus a engendré des niveaux plus faibles de symptômes liés à la maladie mentale, telle que la dépression, et de meilleurs niveaux de bien-être psychologique notamment la bonne humeur, la joie de vivre et l'épanouissement. Ces bénéfices sur la santé mentale sont significativement réduits pour les fruits et légumes cuits, mis en conserve et / ou transformés ». « Ces résultats sont essentiels car ils prouvent que des aspects d’hygiène de vie telles que changer son régime alimentaire constituent une façon accessible et sûre d’agir de façon préventive sur la santé mentale », explique le Dr. Conner.
Dans le top 10 des aliments crus bons pour la santé mentale, on trouve : les carottes, les bananes, les pommes, les légumes à feuilles vert foncé comme les épinards, la laitue, les agrumes, les baies fraîches, les concombres et les kiwis.
Pourquoi les édulcorants peuvent tout de même entraîner du diabète, de l’obésité...
La prise de conscience croissante des effets d’une trop grande consommation de sucre sur la santé a entraîné une hausse importante de l’utilisation d’édulcorants artificiels au cours des dernières décennies. Cependant, une nouvelle étude démontre que les substituts du sucre peuvent également entraîner des problèmes de santé tels que le diabète et l’obésité, suggérant ainsi que passer d’un soda classique à un soda sans sucre n’apporte au contraire aucun bénéfice pour la santé.
Les édulcorants artificiels font partie des additifs les plus courants à travers le monde. Ils sont fréquemment utilisés dans les sodas ou autres produits sans sucre et / ou zéro calorie. Des études précédentes avaient établi des liens entre les édulcorants artificiels et des effets négatifs sur la santé.
A ce jour, cette nouvelle étude est la plus large enquête qui suit les changements biochimiques dans le corps après consommation de sucre et de substituts de sucre, en utilisant une approche connue sous le nom « unbiased high-throughput metabolomics ». Les chercheurs ont également vérifié les impacts sur la santé vasculaire, en étudiant comment les substances peuvent affecter les parois des vaisseaux sanguins. L’étude a été menée sur des rats et des cellules de culture.
« Malgré l’ajout de ces édulcorants artificiels non-caloriques à nos régimes quotidiens, il y a toujours une hausse importante de l’obésité et du diabète », déclare le chercheur principal Brian Hoffman, PhD, et professeur assistant au département d’ingénierie biomédicale au Medical College of Wisconsin and Marquette University. « Dans notre étude, le sucre et les édulcorants artificiels semblent tous avoir des effets négatifs liés à l’obésité et au diabète, bien que les mécanismes soient très différents les uns des autres. »
Hoffman a présenté ces résultats au congrès annuel American Physiological Society qui s’est tenu pendant le 2018 Experimental Biology meeting du 21au 25 avril à San Diego.
L’équipe a nourri différents groupes de rats avec un régime élevé en glucose ou en fructose (types de sucre) ou avec de l’aspartame ou de l’acésulfame de potassium (édulcorants artificiels ordinaires).
Après trois semaines, les chercheurs ont noté des différences significatives dans la concentration de substances biochimiques, de graisses et d’acides aminés dans les échantillons de sang. Les résultats semblent démontrer que les édulcorants artificiels modifient la façon dont le corps transforme les graisses et obtient son énergie. De plus, les chercheurs ont noté que l’acésulfame de potassium semble s’accumuler dans le sang en une concentration plus élevée, ayant ainsi un effet plus nocif sur les cellules qui tapissent les vaisseaux sanguins.
« Nous avons observé que, dans la mesure du possible, notre corps possède la mécanique nécessaire à la gestion du sucre. C’est seulement lorsque la machinerie est surchargée pendant longtemps qu’elle tombe en panne », déclare Hoffman. « Nous avons également constaté que remplacer ces sucres par des édulcorants artificiels non-caloriques entraînait des changements négatifs dans le métabolisme des graisses et de l’énergie. » Alors, quel est le pire ? Le sucre ou les édulcorants artificiels ? Les chercheurs admettent que les résultats ne donnent pas une réponse claire et que la question doit encore être étudiée. Il est prouvé que les régimes riches en sucre ont des effets néfastes sur la santé et l’étude suggère que c’est également le cas avec des édulcorants artificiels.
« On ne peut pas simplement dire qu’arrêter de consommer des édulcorants artificiels est la solution pour résoudre tous les problèmes de santé liés à l’obésité et au diabète ». Hoffman ajoute : « Si vous mangez régulièrement ce type de produit, le risque d’effets néfastes sur la santé augmente. Comme pour d’autres régimes, j’ai pour habitude de dire que la modération est la clé si vous trouvez trop difficile de supprimer complètement un élément de vos habitudes alimentaires ».
Le thé noir peut aussi aider à la perte de poids
Les chercheurs d’UCLA (Université de Californie à Los Angeles) ont démontré pour la première fois que le thé noir peut aider à la perte de poids et entraîner d’autres bénéfices pour la santé en modifiant les bactéries dans l’intestin. A travers une étude sur les souris, les scientifiques ont montré que le thé noir altère le métabolisme énergétique du foie en modifiant les métabolites de l’intestin. L’étude, publiée dans le European Journal of Nutrition, a révélé que le thé noir et le thé vert changent tous les deux le ratio de bactéries intestinales chez les animaux. Le pourcentage de bactéries associées à l’obésité diminue, tandis que les bactéries associées à une faible masse corporelle augmentent.
De précédentes études ont montré que des éléments chimiques contenus dans le thé vert, les polyphénols, sont absorbés et altèrent le métabolisme dans le foie. Les nouvelles découvertes montrent que les polyphénols du thé noir, qui sont tros gros pour être absorbés par l’intestin grêle, stimulent la croissance des bactéries intestinales et la formation des acides gras à chaîne courte, une sorte de métabolites bactériens connus pour altérer le métabolisme énergétique du foie.
« Nous savions que les polyphénols du thé vert avaient plus d’effets et offraient plus de bénéfices santé que les polyphénols du thé noir car les éléments chimiques du thé vert sont absorbés dans le sang et les tissus », déclare Susanne Henning, l’auteur principale de l’étude et attachée temporaire d’enseignement et de recherche au UCLA Center for Human Nutrition, de la David Geffen School of Medicine d’UCLA. « Nos nouvelles découvertes suggèrent que le thé noir, à travers un mécanisme spécifique du microbiome intestinal, peut également contribuer à la bonne santé et favoriser la perte de poids. »
« Les résultats sous-tendent que les thés vert et noir sont tous deux des prébiotiques, substances qui induisent la croissance de bons micro-organismes qui contribuent au bien-être. » Dans l’étude, quatre groupes de souris ont été nourris différemment. Deux d’entre eux étaient supplémentés en extraits de thé vert ou de thé noir :
- Faible en gras, riche en sucre
- Riche en gras, riche en sucre
- Riche en gras, riche en sucre, avec des extraits de thé vert
- Riche en gras, riche en sucre, avec des extraits de thé noir
Après quatre semaines, le poids des souris qui ont reçu des extraits de thé vert ou noir a atteint le même niveau que celui des souris qui ont suivi le régime faible en gras pendant l’étude. Les chercheurs ont également recueilli des échantillons du gros intestins (pour mesurer la composition des bactéries) et des tissus du foie (pour mesurer les dépôts de graisse). Chez les souris qui ont consommé des extraits de thé, il y a moins de bactéries associées à l’obésité et plus de bactéries associées à la perte de poids.
Cependant, seules les souris qui ont consommé des extraits de thé noir ont eu la population des bactéries Clostridia pseudo- butyrivibrio qui a augmenté, ce qui pourrait permettre d’expliquer comment le thé noir et le thé vert modifient différemment le métabolisme énergétique.
Dr. Zhaoping Li, directeur de la UCLA Center for Human Nutrition, directeur de la UCLA Division of Clinical Nutrition et auteur principal de l’étude, déclare que ces résultats impliquent que les bénéfices santé des thés vert et noir vont au-delà de leurs propriétés antioxydantes et que les deux thés ont un impact important sur le microbiome intestinal. « Pour les amateurs de thé noir, il y a une nouvelle bonne raison de continuer à en boire. » Les résultats d’une étude d’UCLA de 2015 montrent que les thés vert et noir ont aidé à prévenir l’obésité chez des souris ayant suivi un régime riche en graisse et riche en sucre.
Manger plus de poisson pour prévenir la maladie de Parkinson
Une nouvelle étude de la Chalmers University of Technology, en Suède, a mis en lumière le lien entre la consommation de poisson et une meilleure santé neurologique à long terme. Il est démontré que la parvalbumine, une protéine présente en grande quantité chez plusieurs espèces de poisson, peut aider à prévenir la formation de certaines structures protéiques fortement associées à la maladie de Parkinson.
Le poisson a longtemps été considéré comme un aliment sain, lié à l’amélioration à long-terme de la santé cognitive, mais les raisons n’étaient pas clairement établies. Les Omega 3 et 6, les acides gras présents dans le poisson, sont souvent considérés comme responsables et sont communément commercialisés de cette façon. Cependant, les recherches scientifiques s’y étant intéressées ont apporté des conclusions mitigées. Aujourd’hui, l’étude de Chalmers montre que la protéine parvalbumine, qui est présente chez beaucoup d’espèces de poissons, peut également contribuer à cette amélioration à long-terme de la santé cognitive.
L’une des caractéristiques de la maladie de Parkinson est la formation d’amyloïde par la protéine appelée alpha-synucléine (également parfois appelée la protéine de Parkinson). Ce que les chercheurs de Chalmers viennent de découvrir, c’est que la parvalbumine peut former des structures amyloïdes qui se lient avec la protéine alpha-synucléine. La parvalbumine « récupère » efficacement les protéines alpha-synucléines en les utilisant à ses propres fins, les empêchant ainsi de former ultérieurement leurs propres amyloïdes potentiellement nocifs.
« La parvalbumine recueille la « protéine de Parkinson », et l’empêche de agréger, simplement en agrégeant en premier », explique Pernilla Wittung-Stafshede, professeur et responsable de la Chemical Biology division à Chalmers, et auteur principal de l’étude. Grâce à la parvalbumine si fortement présente chez certaines espèces de poissons, augmenter notre consommation de poisson pourrait être une manière simple de prévenir la maladie de Parkinson. Le hareng, la morue, la carpe et le sébaste, ainsi que le saumon rouge et le vivaneau rouge, sont particulièrement riches en parvalbumine, mais d’autres espèces de poissons en contiennent aussi. Le niveau de parvalbumine peut également varier selon les périodes de l’année.
« Normalement, le poisson est plus nourrissant à la fin de l’été parce qu’il augmente son activité métabolique. Les niveaux de parvalbumine sont plus hauts après que le poisson a bénéficié de beaucoup d’ensoleillement. Il peut donc être judicieux d’augmenter sa consommation de poisson pendant l’automne », déclare Nathalie Scheers, Professeur assistant au Department of Biology and Biological Engineering, et chercheur sur l’étude.
D’autre maladies neurodégénératives, comme Alzheimer, la sclérose latérale amyotrophique et la maladie de Huntington, sont également dues à la formation d’amyloïde dans le cerveau. L’équipe souhaite donc approfondir ses recherches pour voir si les découvertes faites à propos de la maladie de Parkinson peuvent également avoir des implications sur d’autres maladies neurodégénératives.
Les pâtes peuvent intégrer un régime sain sans prise de poids associée
Les glucides ont mauvaise presse et sont tenus pour responsable de l’épidémie d’obésité, mais une nouvelle étude montre que cette mauvaise image n’est pas méritée pour les pâtes. A l’inverse de la plupart des glucides « raffinés », qui sont rapidement absorbés dans le sang, les pâtes ont un index glycémique faible, et entraînent donc une augmentation plus faible de la glycémie que les aliments avec un fort indice glycémique.
Les chercheurs du St. Michael's Hospital ont entrepris une revue systématique et une méta-analyse de toutes les données disponibles provenant d’essais contrôlés randomisés, l’étalon-or de la conception de la recherche. Ils ont identifié trente essais contrôlés randomisés impliquant près de 2500 personnes ayant consommé des pâtes à la place d’autres glucides dans le cadre d’un régime alimentaire sain à faible indice glycémique. Les résultats viennent d’être publiés dans la revue BMJ Open.
« L’étude a démontré que les pâtes n’ont pas contribué à la prise de poids ou à l’augmentation de la graisse corporelle », a déclaré l’auteur principal, Dr. John Sievenpiper, un clinicien scientifique à la Clinical Nutrition and Risk Modification Centre. « En fait, l’analyse a même montré une légère perte de poids. Donc, contrairement aux recommandations, les pâtes peuvent éventuellement faire partie d’un régime sain, comme celui à faible indice glycémique. » Les personnes impliquées dans l’étude clinique ont mangé en moyenne 3,3 portions de pâtes par semaine, à la place d’autres glucides. Une portion équivaut à environ 170 g de pâtes cuites. Sur douze semaines, ils ont perdu environ un demi kilo.
Les auteurs de l’étude ont souligné que ces résultats peuvent être généralisés aux pâtes consommées avec d’autres aliments à faible indice glycémique, dans le cadre d’un régime à faible indice glycémique. Ils déclarent également que d’autres travaux de recherche doivent être menés pour déterminer si les mêmes résultats peuvent se retrouver dans le cadre d’autres régimes alimentaires.
« En considérant les preuves, nous pouvons maintenant affirmer avec une certaine confiance que les pâtes n'ont pas d'effet néfaste sur le poids lorsqu'elles sont consommées dans le cadre d'un régime alimentaire sain », déclare Dr. Sievenpiper.
Sources : 1 - 2
Comportements des consommateurs
Pour manger mieux, « fais ci » est plus bénéfique que « ne fais pas ça »
Dites à vos enfants ou à votre conjoint ce qu’ils peuvent manger et non pas ce qu’ils ne peuvent pas manger. Dire à vos enfants de manger une pomme pour être en bonne santé fonctionnera mieux que leur dire de ne pas manger de gâteaux parce que ça les fera grossir. Une récente étude de Cornell montre que le message « ne fais pas ça » ne fonctionne pas sur la plupart d’entre nous.
Ces nouveaux résultats mettent en lumière les nombreuses campagnes de santé publique qui ont utilisé une approche axée sur la peur pour nous convaincre de mieux manger, en nous disant par exemple : ne mangez pas de bonbons, ne buvez pas de lait chocolaté, ne mangez pas de viande rouge où il y aura des conséquences néfastes... Les résultats de l’étude de Cornell montrent que se concentrer sur le « fais » vaut mieux que se concentrer sur le « ne fais pas ». Souligner les bénéfices d’une alimentation saine est plus efficace qu’avertir des effets négatifs d’une alimentation mauvaise pour la santé.
Les chercheurs ont analysé 43 études publiées à l’international portant sur des messages nutritionnels positifs ou négatifs. Ils en ont conclu que les messages négatifs ont tendance à mieux fonctionner auprès des experts (comme les diététiciens), qui sont très impliqués et bien informés dans ce domaine. Alors que les personnes qui connaissent moins bien la nutrition préfèrent qu’on leur dise ce qu’elles doivent manger et pourquoi c’est bon pour elles.
En conclusion, les chercheurs recommandent de mettre en avant les conséquences positives d’une alimentation saine dans les campagnes de santé publique au lieu d’aborder les conséquences négatives. De cette manière, le message sera plus efficace auprès du grand public. « Si vous êtes parents, c’est mieux d’insister sur les bienfaits du brocoli, plutôt que sur les préjudices du hamburger », déclare l’auteur principal de l’étude Brian Wansink, PhD, directeur du Cornell Food and Brand Lab et auteur de « Slim by Design ».
La composition des paniers-repas pour l’école (school lunch) déterminée par les enfants, pas par les parents
Bien que les repas scolaires au Royaume-Uni soient soumis à des normes alimentaires, le contenu des paniers-repas ne fait pas l'objet d'un examen minutieux. Des études ont suscité des inquiétudes quant à leur qualité nutritionnelle. Une nouvelle étude, publiée dans le Journal of Nutrition Education and Behavior a établi que ce sont les enfants, et non les parents, qui sont les premiers décisionnaires quant au contenu de leur panier-repas.
« Le rôle des enfants concernant leur panier-repas souligne leur autorité croissante sur les décisions alimentaires quotidiennes. Les paniers-repas constituent un support unique car ils relient l’école, les parents et les élèves. Il existe cependant peu de recherches sur les points de vue et les perceptions des parents concernant les paniers-repas, en particulier le rôle des enfants dans le choix et la préparation des aliments », indique Hannah Ensaff, auteur principale, PhD, School of Food Science and Nutrition, University of Leeds, Leeds, UK.
L’étude a réuni vingt parents qui fournissent des paniers-repas à leurs enfants (âgés de 5 à 11 ans) fréquentant quatre écoles primaires urbaines du Royaume-Uni. Des groupes de discussion ont été constitués pour déclencher des échanges entre les parents pour mieux comprendre les points de vue divergents. Les principaux sujets abordés ont concerné les raisons de choisir un panier-repas, les aliments et les boissons choisis et leur sélection, le rôle des enfants dans la préparation et les règles relatives aux paniers-repas.
Après analyse des données, quatre thèmes clés ont émergé : l’enfant décisionnaire, les priorités au moment de l’élaboration des paniers-repas, les angoisses et les réconforts des parents et les facteurs liés à l’école. Même si les parents préfèrent bénéficier des repas fournis gracieusement par l’école, ils ne veulent pas forcer leurs enfants lorsque ceux-ci ne sont pas d’accord.
Les préférences alimentaires de l'enfant prévalent également lors de la préparation du panier-repas. Soit les enfants font eux-mêmes des demandes spécifiques pendant les courses soit les parents préparent ce qu’ils savent que leurs enfants vont aimer.
Pouvoir vérifier que le repas a été mangé est aussi cité comme un élément important. Il semble en effet plus facile de vérifier que le repas fourni par les parents est consommé (la boîte revient vide) contrairement au repas fourni par l’école. Ils peuvent également ajouter une friandise dans le panier-repas. L’ajout d’une friandise, de chips, de chocolat ou encore de soda est souvent interdit par le règlement mais les parents se demandent si le respect de cette interdiction est vraiment possible. Les parents indiquent que les enfants essaient de les persuader de passer outre le règlement, prétextant que d’autres enfants ne le respectent pas et apportent des aliments interdits à l’école.
« L’autorité croissante des enfants concernant leurs choix alimentaires a des implications pour les personnes en charge de la fourniture de repas à l’école. Cela offre des opportunités pour développer des initiatives afin d’encourager à faire de meilleurs choix alimentaires et nutritionnels dans le futur », déclare le Dr. Ensaff. « C’est particulièrement important car les écoles sont utilisées pour mettre en œuvre des campagnes de santé publique ». Des recherches plus poussées sont nécessaires pour comprendre la perception qu’ont les enfants de leur rôle de décideur quant aux choix alimentaires, à la fois pour les paniers repas et pour les repas à l’école.
L’obésité pourrait être liée à des comportements de la petite enfance
Les autorités sanitaires devraient se concentrer davantage sur les habitudes alimentaires pour lutter contre l’épidémie d’obésité. Une étude menée par l’Université de Waterloo montre que c’est généralement une combinaison de comportements néfastes dans l’enfance qui pourrait être à l’origine de problème d’obésité à l’âge adulte.
L'étude conclut que les efforts de santé publique axés sur la prévention de l’obésité doivent identifier et corriger les mauvais comportements qui se développent souvent dans la petite enfance.
« Les adolescents obèses maintiennent souvent leur poids en arrivant à l’âge adulte, augmentant ainsi leurs risques de développer des maladies cardiovasculaires, du diabète et de l’hypertension », indique Rachel Laxer, qui a fait partie de l’équipe de recherche pendant son doctorat à Waterloo. Les professionnels de santé publique devraient cibler des groupes de comportements à risque en adoptant une approche globale et à plusieurs volets. « L’étude nous dit que si l’apport calorique n’a pas radicalement changé au fil du temps, les habitudes comme l’exercice physique, le tabac, la consommation de drogues et d’alcool ont évolué. Il est de plus en plus important de cibler ces comportements à risque avant qu’ils ne deviennent des habitudes. »
L’étude a impliqué des étudiants de l’Ontario de fin de collège / début lycée, âgés de 13 à 17 ans, et participant à la COMPASS Study, une étude de neuf ans lancée en 2012 par le Canadian Institute for Health Research. Les élèves ont signalé leurs comportements à risques au début de l’étude, et leur taille et poids ont été suivis pendant deux années supplémentaires. En fonction de leurs comportements, les adolescents ont été classé en quatre catégories : « lycéens sportifs typiques », « addicts aux écrans », « utiliateurs modérés de drogues », « soucieux de leur santé ».
Les chercheurs ont constaté que, même si les quatre groupes ont connu une augmentation similaire de leur poids au cours des années où ils ont été suivis, les élèves du groupe « soucieux de leur santé » avaient le poids le plus sain au début de l’étude.
« Il est important d’essayer d’améliorer les comportements avant qu’il ne se transforment en habitudes, qui seront plus difficiles à corriger », indique Laxer. « Cela peut avoir des implications pour les campagnes de santé publique. Améliorer les comportements alimentaires le plus tôt possible peut avoir un plus grand impact que pendant l’adolescence. Les stratégies de promotion de la santé ciblant les jeunes à risques élevés lorsqu'ils entrent à l'école secondaire pourraient être le meilleur moyen de prévenir ou de retarder l'apparition de l'obésité et pourraient avoir de meilleurs résultats en matière de santé publique à long terme. »
L’alimentation infantile ne propose pas assez de petits-pots d’un seul légume vert
« Mange tes légumes » est un message répété depuis des générations par les parents à leurs enfants. Il s’avère qu’il est difficile de convaincre les enfants de manger les légumes verts en partie parce qu’ils ne sont pas habitués assez tôt à leur amertume.
Cette incapacité à encourager le goût pour ces légumes n’est pas seulement due au fait que les enfants font la grimace lorsqu’ils goûtent des légumes verts. D’après une nouvelle étude menée par des chercheurs de University of Colorado School of Medicine sur le Anschutz Medical Campus, elle serait plus souvent liée au manque de produits commercialisés à base d’un seul légume que les parents et le personnel soignant pourrait proposer aux bébés et aux tout-petits. « Le marché des produits alimentaires pour les bébés et les enfants en bas âge aux Etats-Unis n’offre pas de produits adéquats pour faciliter l’acceptation par les enfants des légumes qu’ils rencontreront et consommeront lorsqu’ils passeront à une alimentation diversifiée », écrivent Kameron J. Moding, PhD, post-doctorant au Department of Pediatrics, et ses co-auteurs.
L’article est publié dans The American Journal of Clinical Nutrition. Il s’agit de la première étude qui explore la prévalence et les types de légumes dans les aliments infantiles fabriqués et vendus aux États-Unis. Les chercheurs ont compilé une base de données de 548 aliments infantiles commercialisés par plus de vingt entreprises américaines.
Après avoir constitué la base de données, ils ont examiné les ingrédients et les nutriments en utilisant les catégories de légumes du US Department of Agriculture. Parmi les 548, seuls 52 étaient à base d’un seul légume, et aucun d’entre eux n’étaient des légumes vert foncé ou des haricots / pois. De plus, quand la nourriture pour bébé est composée de plusieurs ingrédients, les fruits sont référencés comme le premier ingrédient dans 37,8% des produits, plus souvent que tous les légumes. Les légumes rouges / orange, comme les carottes et les patates douces, apparaissent comme le premier ingrédient dans 23,7% des produits, alors que les légumes verts apparaissent en premier dans seulement 1,1% des produits.
Les chercheurs notent que les nourrissons sont prédisposés à accepter la douceur alors qu’ils doivent apprendre à travers des expériences répétées à accepter l’amertume habituellement présente dans les légumes verts. Aux Etats-Unis, les producteurs de produits alimentaires « n’offriraient pas aux parents et au personnel de la petite enfance la variété et la spécificité des produits nécessaires pour exposer les bébés à suffisamment de saveurs de légumes ». Moding et ses collègues recommandent de développer et d’élargir la commercialisation des légumes pour nourrissons et jeunes enfants afin d’améliorer le taux de consommation de légumes chez les enfants. Des études précédentes avaient établi que près de 30% des bébés ne consomment pas des légumes quotidiennement.
Le manque de produits préparés commercialisés pour aider les enfants à apprendre à aimer ces saveurs peut contribuer à leur faible consommation pendant la petite enfance et plus tard dans l'enfance.
Sécurité alimentaire – Emballage
Un patch transparent pour détecter les menaces alimentaires
Cette viande est-elle encore bonne ? Les chercheurs de McMaster ont développé un test infaillible pour répondre à la délicate et critique question : cette viande ou ce plat sont-ils encore consommables ou doivent-ils être jetés ? Les ingénieurs chimistes et mécaniques de McMaster, associés aux biochimistes, ont développé ensemble un patch transparent, imprimé avec des molécules inoffensives qui peut signaler une contamination dès qu’elle apparaît. Le patch peut être intégré directement dans l’emballage alimentaire d’où il peut surveiller le contenu des agents pathogènes nocifs tels que E. coli et Salmonella.
Présentée dans la revue ACS Nano, cette nouvelle technologie pourrait ainsi remplacer le traditionnel « à consommer de préférence avant » sur la nourriture et les boissons et donnerait ainsi une indication définitive attestant qu’il est temps de jeter ce rôti ou de vider cette bouteille de lait. « A l’avenir, si vous allez dans un magasin et que vous voulez être sûr que la viande que vous allez acheter est saine à tout point de vue, vous disposerez d’une solution plus fiable que la date d’expiration », explique l’auteur principal Hanie Yousefi. Si un pathogène est présent dans la nourriture ou la boisson, à l’intérieur de l’emballage, cela déclenchera un signal sur l’emballage qui pourra être interprété par un smartphone ou un autre dispositif. Le test lui-même n’affecte pas le contenu de l’emballage.
Selon l’OMS, les pathogènes d’origine alimentaire entraînent près de 600 millions de maladies et 420 000 décès par an à travers le monde. Les enfants de moins de 5 ans représentent près de 30 % des cas.
Les chercheurs ont baptisé cette nouvelle technologie « Sentinel Wrap » (enveloppe sentinelle), en hommage au Sentinel Bioactive Paper Network de McMaster, un réseau de recherche interdisciplinaire qui a travaillé sur des systèmes de détection sur papier. Les recherches de ce réseau ont finalement abouti à cette nouvelle technologie de test des aliments. Carlos Filipe, ingénieur chimiste, et Tohid Didar, ingénieur en mécanique biomédicale, ont collaboré de manière rapprochée sur ce projet. La technologie liée au signal pour le test sur les aliments a été développé dans le laboratoire du biochimiste de McMaster, Yingfu Li. « Il a créé la clé et nous avons conçu la serrure et la porte qui vont avec » explique Filipe, Président du département de génie chimique de McMaster.
Selon les chercheurs, la production en masse d'un tel patch serait assez simple et peu coûteuse car les molécules d'ADN qui détectent les agents pathogènes des aliments peuvent être imprimées sur le matériel de test. « Un fabricant de produits alimentaires pourrait facilement l’intégrer à son process de fabrication », indique Didar, professeur assistant en ingénierie mécanique et membre de the McMaster Institute for Infectious Disease Research. Les chercheurs indiquent que pour développer cette invention sur le marché, il faudrait un partenaire commercial et des approbations réglementaires. Ils ajoutent que cette même technologie pourrait également être utilisée pour d’autres applications, comme les pansements pour indiquer si la blessure est infectée ou les emballage d’instruments chirurgicaux pour attester de leur stérilité.
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chabert michèle
25 septembre 2018 à 11h59