23 juin 2015
Les enseignements de l’e-santé à transférer au secteur alimentaire et nutritionnel
L’industrie agroalimentaire, à l’aube d’une nouvelle ère de services 3.0, est demandeuse d’inspiration sur des solutions et des systèmes connectés qui ont fait leurs preuves. J’ai capté des enseignements très enrichissants sur cette thématique lors du Forum Vitagora, où Anne Tisseau, directrice des affaires publiques et market access chez Merck Serono, est intervenue sur les bénéfices du pilotage de la santé par les patients eux-mêmes grâce à des outils connectés. En lien direct avec les professionnels de santé, cette technologie permet aux patients de suivre la prise et l’efficacité de leur traitement. Vous pouvez d’ailleurs réécouter sa conférence sur ce lien. Qu’en est-il pour l’agroalimentaire ? Comment réussir, par des outils connectés, à rendre les consommateurs plus acteurs de leur alimentation saine ? Des enseignements à lire ci-dessous.
La nutrition P4 de demain : personnalisée, mais aussi prédictive, préventive et participative
Le constat de l'e-santé
Le saviez-vous ? Dans 38% à 75% des cas, les réponses des patients à différents types de traitements thérapeutiques (diabète, asthme, migraines, etc.) sont négatives. Un constat qu’Anne Tisseau nous a présenté comme particulièrement révélateur de l’importance de la personnalisation de la santé pour garantir une meilleure efficacité des traitements. Bien qu’elle considère cette donnée assez inquiétante, elle la trouve également assez logique : le recul n’est pas encore suffisant pour que les traitements soient efficaces à 100%, et la recherche continue de progresser dans la compréhension et la connaissance des patients (et dans ce qui les caractérise aussi bien d’un point de vue biologique que nutritionnel ou comportemental).
Cette médecine personnalisée observe, mesure, et analyse les éléments caractéristiques de chaque patient afin de mieux le comprendre et d’optimiser le taux de réponse des traitements. Au-delà des applications limitées au secteur médical et pharmaceutique, de réelles opportunités existent de la même sorte pour le secteur de la nutrition.
L'enseignement pour les IAA
Nous parlions dans cet article de l’essor des solutions d’e-nutrition. Plus qu’une simple tendance, il s’agit d’une évolution structurelle à long terme de l’activité des entreprises de services alimentaires. Personnalisation, prédiction, prévention, et participation : ce qui caractérise la « médecine P4 » de demain, constitue également des opportunités tout aussi fortes pour la nutrition et l’alimentation. Une alimentation personnalisée, mais aussi prédictive, préventive, et participative.
Les objets connectés permettent déjà le quantified self ou des services de monitoring (assiettes connectées, balance, bracelet, ou encore cet outil d’évaluation nutritionnelle développé avec la collaboration de Yumain (anciennement Global Sensing Technologies), un de nos adhérents,et répondent ainsi à la volonté des consommateurs d’être acteur de leur quotidien, de leur bien-être, et de leur alimentation.
Exploiter la rétro-information pour personnaliser l’offre
Le constat de l'e-santé
Les solutions d’e-santé présentent également l’intérêt de générer de la rétro-information, captant ainsi des informations complètes sur les réponses comportementale et biologique des patients face aux traitements suivis. En ce qui concerne l’e-nutrition, mais également l’e-commerce, cette ressource provenant directement des consommateurs est d’une grande valeur.
Anne Tisseau le confirme : la voix des patients s’est ainsi élevée jusqu’au point où ils ont eux-mêmes directement influencé le développement de nouveaux traitements. Réalité dans le monde de la santé, qu’en est-il à ce jour dans le secteur de l’offre alimentaire ?
L’enseignement pour les IAA :
Conséquence d’un rôle plus acteur des consommateurs, la rétro-information est à mettre à leur service : recueillir, en temps réel, des données sur leur comportement ou leur usage de certains produits permettrait d’adapter le plus rapidement et le plus efficacement possible les solutions pour que l’offre proposée puisse répondre à leurs demandes.
De l’importance d’impliquer un réseau complet d’acteurs professionnels
Le constat de l’e-santé :
Les solutions d’e-santé sont particulièrement prometteuses car elles incluent l’accompagnement global de l’ensemble du corps médical : médecins, infirmières, pharmaciens, etc.
L’enseignement pour les IAA :
Pour développer l’accompagnement connecté dans le secteur alimentaire et nutritionnel, il est nécessaire de s’inspirer de ce bon exemple afin d’éviter que les solutions se limitent à un effet de mode et soient vouées à une lassitude d’usage. En mettant en réseau diététiciens, nutritionnistes, industriels de l’agroalimentaire, commerçants de produits alimentaires, services de portage de repas, médecins traitants, etc., nous pourrons nous assurer des services connectés efficaces, utiles, et utilisés. En ramenant l’humain en leur cœur, ils garantiront une meilleure adhésion, et sur la durée, de la part des consommateurs.
Dans le domaine spécifique de la cuisine connectée, on trouve également une source d’inspiration dans le projet Open Food System, coordonné par le groupe SEB (en savoir plus sur ce lien) : une façon plus globale, et très prometteuse, de penser « connecté ».
Pour aller plus loin
Pour réécouter la conférence d’Anne Tisseau au Forum Vitagora, et vous inspirer des enseignements de l’e-santé pour développer des projets innovants dans le secteur alimentaire, rendez-vous sur notre chaîne youtube sur ce lien.
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Elisabeth Lustrat
Elisabeth est l’experte en veille et en prospective de Vitagora, à l’affût des thématiques d’innovation de demain, des opportunités de marché, ainsi que des nouvelles compétences technologiques et scientifiques profitables aux adhérents du Pôle. Voir tous les articles d’Elisabeth
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